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Marché de Hautepierre : 25 commerçants menacés d’expulsion

Le marché de Hautepierre, qui s’étend de la place du Maillon à la place André Maurois, accueille chaque samedi 90 commerçants. Aujourd’hui, vingt-cinq d’entre eux pourraient ne pas en être en 2016. Alors que l’association des commerçants non-sédentaires de Strasbourg (ACNSS) dénonce des mesures abusives, la Ville répond que le règlement n’est pas à la carte.

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Marché de Hautepierre : 25 commerçants menacés d’expulsion

Depuis début janvier, l'ACNSS se fait entendre tous les samedis au marché de Hautepierre (Document remis)
Depuis janvier, les commerçants non-sédentaires se font entendre tous les samedis au marché de Hautepierre (Document remis)

Rien ne va plus entre la Ville de Strasbourg, qui a décidé de « remettre en ordre » le marché de Hautepierre, et l’association des commerçants non-sédentaires de Strasbourg (ACNSS). En cause : l’éviction d’une vingtaine de commerçants, fidèles au marché depuis 2008, qui n’ont pas renouvelé par écrit leur acte de candidature. Selon Azedine Achab, secrétaire de l’ANCSS, le problème est que les commerçants ont toujours payé leur droit de place, mais n’ont jamais été titularisés :

« C’est un véritable appel à l’affrontement. En septembre 2015, nous avons appris en réunion que la direction du service des foires et marchés changeait drastiquement ses règles. Sans acte de candidature écrit, ouste ! Mais il y a des jurisprudences, et elles sont en notre faveur. Le règlement des foires et marchés de 1979 et 2008 est clair : il faut fréquenter le marché pour obtenir un emplacement fixe. Au début, on est au deuxième tirage au sort [voir ci-contre, ndlr]. Puis, si on est assidu, surtout en hiver, on passe au premier. Ensuite, si un emplacement se libère, on est titularisé. »

Driss Mdihi, président de l’ANCSS, ne comprend pas non plus la décision communiquée par Renaud De Maillard, directeur de la réglementation urbaine à la Ville :

« Du moment qu’une place a été attribuée, on ne devrait pas avoir à écrire à la Ville. Les commerçants qui risquent l’expulsion sont inscrits sur le plan de marché depuis des années. Moi par exemple, si je veux une place Boulevard de la Marne, je dois faire acte de candidature, mais il faut aussi que je montre que je suis motivé en venant au tirage au sort… Mais pour M. De Maillard, non, la demande écrite suffit. De nouveaux commerçants qui ne sont jamais venus vont pouvoir tout de suite être titularisés, tandis qu’ici ceux qui sont là depuis des années auraient dû être prioritaires, comme notre association l’a toujours réclamé. »

Le droit de place en augmentation de 27% depuis deux ans

En prime, l’ACNSS a constaté, le premier samedi de janvier, une hausse du droit de place dont elle n’avait pas été informée : 26 cents de plus au mètre carré, par marché. Driss Mdihi évoque un accord conclu avec Robert Herrmann, président de l’Eurométropole, qui a la charge du service des foires et marchés :

« Robert Herrmann nous a expliqué que les droits de place devaient augmenter pour compenser les coûts générés par les marchés, comme le nettoyage. Nous avons accepté, à condition que la hausse des prix soit progressive et qu’il y ait un gel pendant deux ou trois ans, ce qui n’a pas été le cas. En 2014, le mètre-carré était de 0,95€. Il est passé à 1,10€ en 2015, puis à 1,21€ en 2016 : une augmentation de 27% en deux ans. »

De son côté, Renaud De Maillard justifie la hausse du droit de place et l’expulsion de commerçants par un trop-plein de déchets. Dans les DNA, il évoque « six tonnes de déchets », des « accès difficiles » et en somme « un marché dangereux. » Pour Driss Mdihi, il suffirait de mettre en place plus de moyens de contrôles et d’instaurer une politique du pollueur-payeur :

« On nous dit “trop de déchets”, mais l’ensemble des professionnels ne doit pas être pénalisé pour l’incivisme de quelques uns. Ici, les bennes sont ouvertes à 5 heures, et certains en profitent. Ailleurs, elles sont cadenassées jusqu’à 11 heures, et quelqu’un contrôle ce qui est jeté. La Ville doit faire en sorte que tout se déroule dans le respect des règles sanitaires. Et puis, si on leur montre les consignes et les bons comportements à adopter, les commerçants feront ce qu’il faut. »

Des places supposément prises « par la force »

Driss Mdihi rapporte que lors d’une réunion entre le service de réglementation urbaine et l’ANCSS le 26 janvier, Renaud de Maillard a affirmé que les 25 commerçants expulsables ont pris leurs places au marché « par la force ». Une déclaration qui étonne l’association, puisque la plupart fréquentent Hautepierre depuis près de huit ans.

En revanche, Serge Oehler, adjoint de quartier, estime que les expulsions sont justifiées par un manquement au règlement, qui s’applique à tous sans exception :

« Si la Ville commence à délivrer des passe-droits, on ne s’en sort pas. Tout le monde fait n’importe quoi sur ce marché, sans parler du vacarme que font les stands de fruits et légumes en s’installant à 3 heures du matin. La plupart des commerçants ont respecté la procédure et fait acte de candidature en temps et en heure. Comment la vingtaine de concernés, qui est là depuis des années, peut-elle prétendre qu’elle n’était pas au courant ? Ce marché dynamise le quartier, je suis à fond la caisse derrière eux, mais ils doivent tous respecter les règles. »

Le dialogue est rompu

L’ACNSS n’en est pas à sa première passe d’armes avec la Ville autour du marché de Hautepierre, le seul du quartier. De 2007 à 2008,  le marché est délocalisé sur le parking du boulevard Dostoviesky pour des travaux, à l’initiative de la mairie. Alors qu’il réunissait entre 30 40 commerçants réguliers, la fréquentation monte à 150 commerçants. À l’inauguration en 2008, le service des foires et marchés doit gérer les anciens titulaires et les nouveaux arrivants : la situation est tendue. Le devenir du marché s’invite même dans la campagne électorale. En 2013, Fabienne Keller (LR), alors candidate à la mairie de Strasbourg, promettait aux commerçants de trouver une solution équitable.


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