Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Dans le nord de Strasbourg, la succession d’André Schneider est grande ouverte

Qui pour succéder à André Schneider comme député de la troisième circonscription du Bas-Rhin ? Le député de droite du nord de Strasbourg et des communes alentours passe la main après quatre mandats.

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Le nord de Strasbourg et ses communes voisines auront un nouveau député en juin. Après quatre mandats, André Schneider (Les Républicains) arrête là. La question est maintenant à qui va profiter le renouvellement ? La circonscription est disputée par 15 candidats.

La circonscription 3 du Bas-Rhin englobe les quartiers Cronenbourg, Tivoli et Robertsau de Strasbourg, ainsi que les communes de Schiltigheim, Bischheim, Hoenheim, Souffelweyersheim et Reichstett. Sur un tel territoire, vaste et hétérogène, il est quasi-impossible pour un candidat d’être implanté partout.

À droite et au PS, des implantations locales partielles

La circonscription 3 du Bas-Rhin (en bleu) englobe des quartiers cossus, défavorisés et des communes périphériques de Strasbourg

À droite, c’est Georges Schuler, maire de Reichstett, qui a été désigné pour « Les Républicains ». Il fait partie des rares élus de droite à être restés dans l’opposition au sein du conseil des 28 communes de l’Eurométropole de Strasbourg. Élu multi-casquettes, il est aussi conseiller régional et secrétaire départemental de « Les Républicains » du Bas-Rhin. Pour se mettre en conformité avec la loi, il a indiqué qu’il démissionnerait du conseil régional s’il est élu, pour rester conseiller municipal « simple » à Reichstett.

Ancien parachutiste, devenu prof, il se dit prêt à voter les lois sur la moralisation de la vie politique et de réforme du Code du travail, mais pas la hausse de la CSG. Le journal Le Parisien lui a consacré un article et une vidéo dans le cadre d’une série sur le quotidien des candidats de terrain.

S’il est connu dans sa commune tout au nord de la circonscription où il devrait faire de bons scores, il l’est moins à Strasbourg, bien que la Robertsau vote d’habitude à droite. Représentant d’une droite plutôt traditionnelle, il devra convaincre les habitants des communes de Hoenheim et de Schiltigheim où l’UDI est bien implantée. Ces électeurs de centre-droit pourraient être tentés par l’expérience « En Marche ».

Côté PS, Serge Oehler, « Monsieur Sports » à Strasbourg depuis 2008 et adjoint des quartiers de Hautepierre et Cronenbourg représente le parti à la rose. Son profil est l’exact inverse de celui de Georges Schuler, c’est-à-dire de bons réseaux à Cronenbourg, mais il arpente moins souvent la Robertsau ou les communes du nord de l’Eurométropole. Néanmoins, son père, Jean Oehler, fut député de 1981 à 1993. « En campagne, il arrive qu’on me prenne pour lui, mon père rajeunit de 20 ans », s’amuse le candidat qui suit les traces paternelles pour étendre son ancrage.

Il arbore des tracts violets, sans mention du Parti socialiste. « Ceux qui remarquent ça n’ont pas trouvé d’autres critiques », se justifie-t-il. « Mon appartenance au PS est connue, j’ai parrainé Benoît Hamon, ce qui n’a pas été le cas de tout le monde ici ». Il faut dire que ses positionnements politiques nationaux sur les frondeurs, sur Emmanuel Macron, sur François Hollande, etc. sont quasi-inconnus.

À l’instar de cette campagne, il cultive depuis toujours l’image d’un homme de terrain, « un mec des quartiers, qui n’est pas enseignant, avocat ou médecin comme la plupart des candidats », lui qui travaille dans le marketing. Dans cette logique, il fait campagne sur des domaines peu politisés qu’il décrit lui-même comme « atypiques » : le sport, la culture et la petite enfance :

« Ce sont des domaines essentiels dans lesquelles les communes agissent alors qu’elles ne sont pas obligées. Je veux les y obliger. Si on supprime la taxe d’habitation [ndlr, comme le prévoit Emmanuel Macron, ndlr], l’État ne financera plus que les villes sur leurs obligations. C’est ce qui se passe au Département, qui se limite à ses obligations depuis qu’il ne dispose plus de la taxe professionnelle. Je ne dis pas que la taxe d’habitation est un bon impôt, mais il faudrait repenser la fiscalité en globalité. Toutes les lois partent d’un bon sentiment, c’est aux applications qu’il faut être attentif. Je ne suis pas fan des discours et je m’attache plutôt aux résultats. Si les textes du gouvernement œuvrent pour le vivre-ensemble, je les voterai, si ce n’est pas le cas, j’essayerai de les modifier ou je ne les voterai pas. »

Un prof pour En Marche

Les couleurs de La République En Marche seront défendues par Bruno Studer. Professeur d’Histoire-Géographie en Zone d’Education prioritaire (ZEP) au lycée de Cronenbourg et « marcheur » de la première heure, il est vite devenu « Monsieur En Marche » dans le Bas-Rhin.  Il a plusieurs fois représenté le mouvement dans les médias. Notons qu’au scrutin présidentiel, En Marche a enregistré de meilleurs scores à la Robertsau que dans d’autres quartiers traditionnellement à droite, comme ceux de l’Orangerie et du Conseil des XV (circonscription 1).

Contrairement aux candidats PS et LR, Bruno Studer nationalise davantage la campagne en abordant le programme du président. Il insiste sur les volets de l’Éducation nationale qu’il connait bien par son métier. « Elle doit être une grande cause nationale et pas juste une réforme. » Emmanuel Macron souhaite notamment doubler le nombre d’enseignants en ZEP. Parmi ses autres chevaux de bataille, l’environnement, la culture et l’Europe :

« Il faut défendre le Parlement européen, mais aussi imaginer à plus long terme une fusion de la Cour européenne des droits de l’Homme et de la Cour de justice de l’Union européenne qui pourrait se faire à Strasbourg, grâce au Conseil de l’Europe. »

Sur un plan plus personnel, il promet d’être « un député à plein temps », une autre manière de se démarquer de ses deux rivaux et d’autres candidats strasbourgeois. S’il n’a pas pris de disponibilité pour sa campagne, il prévoit de s’en servir s’il est élu.

Ce positionnement centriste et une possible »prime au vainqueur » de l’élection présidentielle pourraient lui permettre d’obtenir un bon score, même s’il ne dispose pas de l’implantation qui devrait permettre à certains de ses rivaux de cartonner dans leurs bastions.

Le PS local a parfois parlé de candidatures de droite déguisées en évoquant des candidats « En Marche » à Strasbourg. Lui a milité à l’UDI et sa suppléante, Axelle Benamran, fut candidate UMP par le passé. « Nous ne renions pas nos engagements. J’ai été deux ans à l’UDI et je suis parti car je pensais qu’on pouvait parfois s’allier au centre-gauche et pas systématiquement avec la droite. Ma suppléante a aussi quitté son parti quand il est allé trop à droite », répond-il.

Le scrutin est ouvert dans la troisième circonscription du Bas-Rhin, ici une vue de Schiltigheim (Photo Dee Light / FlickR / cc)

La gauche éclatée mais avec un fort potentiel

Quant à la gauche, l’offre est, comme souvent, multiple. En avril, Jean-Luc Mélenchon est arrivé deuxième avec 21% des voix dans ce secteur. La France Insoumise est même arrivé en tête dans les communes de Schiltigheim et Bischheim. La jeune Floriane Dupré, 26 ans, sera l’un des nombreux nouveaux visages que présente le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, lui-même candidat à Marseille.

Comme beaucoup de candidats de la France Insoumise dans le Bas-Rhin, elle porte avant tout les alternatives écologiques du programme de l’Avenir en commun, plus que les thèses anticapitalistes. Elle travaille dans une association environnementale qui promeut la création de haie végétale et milite à Stop Fessenheim. Elle se positionne également contre le Grand Contournement ouest (GCO).

Sur son créneau, il y aura aussi Antoine Splet, déjà candidat à Strasbourg-sud en 2012. Il a lancé sa campagne au mois de mars et tente de donner un nouveau visage au Parti communiste, plus jeune et plus écologiste. L’ancrage historique et local du Parti communiste en plus, la dynamique autour du mouvement de Jean-Luc Mélenchon en moins. Le candidat avait appelé à un débat sur les questions économiques, car il estime que plusieurs candidats (de Georges Schuler à Serge Oehler) sont en phase avec les grandes orientations d’Emmanuel Macron.

Côté EELV, deux jeunes novices comme sur la plupart des circonscriptions du Bas-Rhin, sont envoyés à la bataille, Christelle Syllas et son suppléant Hugo Cordier. Les membres plus en vue de Schilick Ecologie, opposition virulente à Schiltigheim autour de Danielle Dambach, Andrée Buchmann ouPatrick Maciejewski, ne se sont pas frottés à ce scrutin où il sera difficile de se faire une place. De peur de se griller pour de futures échéances municipales en 2020 ?

La présidente pour Unser Land et le FN sur les thèmes nationaux

Le choix est inverse pour Unser Land, où la présidente du parti Andrée Munchenbach est également opposante active à la mairie de Schiltigheim depuis son départ du groupe UDI avec lequel elle a été élue en 2014. Si ses meilleurs scores potentiels sont à la campagne, Unser Land a tout intérêt à récolter le plus de voix possibles où que ce soit et continuer ses percées lors des élections locales.

Côté Front national (quatrième avec 16% des voix lors du scrutin présidentiel), la stratégie est de laisser le parti piloter et nationaliser la campagne. La candidate à Strasbourg-nord, Diana Garnier-Lang, est peu connue. Le parti fait valoir qu’un député est avant tout là pour voter des lois nationales, pas d’être un « super conseiller départemental ». Notons que sur cette circonscription, le FN aura un candidat sur sa droite. Xavier Codderens représente l’Union des Patriotes, qui rassemble des dissidents du FN davantage sur la ligne « Jean-Marie » que « Marine ». Il avait été candidat FN en 2007 à Strasbourg-sud.

Jeu ouvert, sans vraie dynamique locale

La circonscription se retrouve donc avec une demi-douzaine de candidats qui peuvent espérer dépasser les 10 à 15% des suffrage et donc s’approcher du second tour. L’enjeu sera de rassembler pour passer un cap et se situer autour des 20%, afin de virer dans les deux premiers. Et si la participation est forte, une triangulaire, voire une quadrangulaire, n’est pas à exclure.

Difficile de dégager des enjeux locaux, en dehors de ceux propres à chaque quartier ou chaque commune dans cette campagne. Mi-mai, un rassemblement pour la préservation du parc de l’Aar à Schiltigheim (voir nos articles) a par exemple vu défiler les candidats communistes, écologistes, insoumis et régionalistes.

Même s’il s’agit d’un sujet local (le maire a d’ailleurs demandé un classement en zone naturelle après les premiers soubresauts en mars et l’a fait savoir à la veille du rassemblement), ces participants en ont profité pour proposer des déclinaisons de lois qui permettraient de protéger des espaces naturels.

Dans un autre registre, les associations robertsauviennes questionnent les candidats sur le sort du foyer Saint-Louis ou celui du Port aux pétroles.


#circonscription 67-3

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