C’est quand même pas de chance. Dimanche, Philippe Richert, président de la Région Alsace et candidat « Les Républicains » à la présidence de la future grande région Alsace – Lorraine – Champagne – Ardennes (ALCA), avait tenté de prendre de la hauteur en signant un texte titré « Accueillir les réfugiés en prenant nos responsabilités » : « devoir d’humanité », « réponse globale », l’Europe, l’ONU, raccourcir les procédures, donner des moyens aux villes, etc.
Après les 200 000€ débloqués par son concurrent de gauche en Lorraine, Jean-Pierre Masseret (PS), il fallait bien ça.
Explosion en vol
Et puis paf, tout ça a explosé en vol, enterré sous les torrents d’indignations venus de tous les horizons après la sortie de Nadine Morano, tête de liste « Les Républicains » en Meurthe-et-Moselle, qui sur le plateau de « On n’est pas Couché » sur France 2 ne craint pas de qualifier la France comme un « pays de race blanche » :
Évidemment, c’est bien pour Nadine Morano, qui se soucie de sa candidature aux régionales comme d’une guigne et qui vise une partie de l’électorat de droite dans le cadre des primaires du mouvement « Les Républicains ». Mais c’est moins bien pour Philippe Richert, dont le positionnement centriste le rend de toutes façons infréquentable aux yeux de cette frange de la droite. Du coup, terminé les grandes idées sur la place de la grande région dans l’Europe et sur son rôle dans la crise migratoire.
L’héritage du Général, passage obligé à droite
Dans un communiqué publié lundi, le président de l’Alsace, recadre sévèrement sa colistière. Il commence par reprendre l’héritage du Général de Gaulle, un peu trop vite récupéré par Nadine Morano à son goût (une figure de joute classique à droite) :
« Mes valeurs sont aussi celles du Gaullisme parce que ce sont celles du rassemblement. À cet égard, les propos attribués au Général de Gaulle par Alain Peyrefitte il y a plus de 50 ans ne peuvent pas être utilisés en-dehors du contexte historique qui était celui de l’époque. La connotation et la charge des mots ont considérablement changé en un demi-siècle. En vérité, la politique constante et l’action du Général se situent à l’opposé des propos qu’on lui prête. De Gaulle, c’est le discours de Brazzaville et celui de Phnom Pen. C’est la pensée d’un homme qui ne regarde pas la couleur des hommes, mais uniquement leur mérite propre et leur aspiration légitime à la liberté.
Lorsque le Général de Gaulle décora, à titre posthume, Félix Eboué du titre de Compagnon de la Libération, il le décrivit comme « un de ces noirs ardemment français ». Lorsqu’en 1958, le Général revint aux affaires, son gouvernement comptait des hommes aussi admirables que Félix Houphouët-Boigny, Philibert Tsiranana ou encore Léopold Sedar-Senghor. Bien singulier aurait donc été le Général de Gaulle à considérer que la France était « blanche » quand il lui donnait, en réalité, autant de ministres noirs ! »
Jusqu’à la prochaine fois ?
Puis Philippe Richert, toujours en exégète es-général, précise quelle est selon lui l’identité de la France :
« Pour le Général de Gaulle, la France fut toujours une civilisation, c’est-à-dire un effort constant de l’esprit à lutter contre ce qui abaisse la dignité de chaque homme. La France est – et a toujours été – celle de tous ceux qui savent l’aimer, la porter et la défendre dans le respect des valeurs de la République. »
Bon. Voilà pour la distance prise avec Nadine Morano. Pas sûr que ça suffise à calmer les observateurs et les adversaires de Philippe Richert, qui agitent les réseaux sociaux.
.@nadine__morano s'en prend aux valeurs républicaines #RaceBlanche Inadmissible d'un resp politique.Pas d'excuse possible @Richert2015 #ACAL
— Jean-Pierre MASSERET (@jpmasseret) September 28, 2015
Une pétition, lancée par un jeune UDI, réclame le retrait de Nadine Morano des listes « Les Républicains » aux élections régionales, elle a déjà recueilli plus de 20 000 « signatures ».
Philippe Richert a encore plus de deux mois à tenir avec la tonitruante députée européenne sur sa liste avant le scrutin des 6 et 13 décembre. Quand elle a composé ses listes, l’équipe de campagne de Philippe Richert savait bien que la personnalité de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy allait lui causer quelques soucis en cours de route, elle pensait simplement qu’elle aurait plus de temps pour s’y préparer…
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