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Affaire Walter : le Dr Moog coupable d’homicide involontaire, sans interdiction d’exercer

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La présidente du tribunal Sophie Thomann (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

La présidente du tribunal Sophie Thomann (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
La présidente du tribunal Sophie Thomann (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

Le délibéré de l’affaire Walter a été rendu ce jeudi matin par le tribunal correctionnel de Strasbourg : le Dr Raphaël Moog a été reconnu coupable d’homicide involontaire sur la personne du jeune Maxime Walter, 15 ans, décédé le 23 septembre 2008 aux urgences pédiatriques du centre hospitalier universitaire de Strasbourg. Le chirurgien a été condamné à 12 mois de prison avec sursis.

En revanche, le tribunal n’a pas fait droit aux réquisitions du procureur de la République, qui a demandé en outre deux ans d’interdiction d’exercer la médecine.

Maxime Walter est décédé des suites d’une série de complications (voir nos articles précédents et nos compte-rendus d’audience) après son admission aux urgences pédiatriques à la suite d’une chute à vélo le dimanche 21 septembre 2008. Blessé à la rate, le Dr Raphaël Moog a fait le choix, à distance, d’un traitement « non opératoire » qui permet de conserver l’organe. Mais l’état de Maxime s’est dégradé et le tribunal a considéré que la décision d’opérer aurait dû intervenir « entre 16h et 18h ». Dans sa défense, le Dr Moog a rappelé qu’il avait quitté son service vers 21h en étant rassuré sur l’état de son patient.

Une suite de négligences

Le tribunal considère que l’absence de déplacement du chirurgien au chevet de son patient dès le début du dimanche après-midi, que « l’obstination » en faveur d’un traitement non-opératoire au regard des risques, et des signaux d’alertes constituent une « série de manquements et de négligences » rendant le chirurgien directement responsable du décès de Maxime Walter.

À l’issue du prononcé, Thierry Walter, père de Maxime, s’est dit « déçu par cette décision » :

« Les médecins ont droit de vie et de mort sur nous… Maxime a souffert le martyr pendant deux jours, on lui a injecté 30 litres de sang alors qu’il était évident que le traitement ne fonctionnait pas. Qu’est-ce qu’il faut pour condamner un médecin ? »

Mais les parties civiles n’ont pas la possibilité de faire appel sur le volet pénal. De son côté, le Dr Raphaël Moog s’est dit « soulagé mais pas satisfait » :

« J’ai l’impression de ne pas avoir été entendu, je ne pense pas avoir été imprudent ni négligent. Je me retrouve avec une condamnation d’homicide involontaire, sur une série de décisions médicales… J’ai du mal à comprendre. »

Après l’extinction du délai d’appel, le conseil de l’ordre des médecins pourrait à son tour se saisir de cette affaire. Le Dr Moog étant un agent public, le tribunal correctionnel s’est déclaré incompétent pour se prononcer sur les indemnités demandées par les parties-civiles et les a renvoyées devant le tribunal administratif. Elles ont néanmoins reçu 1 000€ au titre des dépens.

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#Maxime Walter

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