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Après trois jours de procès, le Dr Moog exprime ses regrets à la famille Walter

Le procès du Dr Raphaël Moog, accusé d’homicide involontaire sur un adolescent admis aux urgences pédiatriques, s’est achevé mercredi après la plaidoirie de la défense. Selon Me Bernard Alexandre, le Dr Moog, non informé par l’équipe sur place, ne pouvait pas deviner que le traitement qu’il avait prescrit n’avait pas fonctionné.

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Le Dr Raphaël Moog et Laura Walter, soeur aînée de la famille, à l'issue du procès. (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

Le Dr Raphaël Moog et Laura Walter, soeur aînée de la famille, à l'issue du procès. (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Le Dr Raphaël Moog et Laura Walter, soeur aînée de la famille, à l’issue du procès. (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

Lundi au début du procès du Dr Raphaël Moog, la sécurité du tribunal était sur les dents. « On a eu des consignes, disaient les agents de sécurité. Il y a des tensions, on doit tout vérifier. » Car après le décès de Maxime Walter en septembre 2008 au service des urgences pédiatriques après deux jours d’agonie, la famille, brisée par la disparition brutale de cet enfant plein de vie, est partie en guerre. Contre l’hôpital, contre les urgences, les médecins et toute l’équipe du service : blogs, insultes, lettres de menaces dans les boites aux lettres… Huit ans après les faits, la plaie était toujours vive et la tension dans le tribunal bien palpable.

Et mercredi à l’issue du procès, miracle. Alors qu’il a la parole comme il est d’usage pour le prévenu à la fin de son procès, le Dr Moog s’adresse à la famille Walter, des sanglots dans la voix :

« J’ai donné l’impression de ne pas avoir de regrets. Ce n’est pas le cas. Je regrette ce qu’il s’est passé, je regrette de ne pas avoir appelé le service en soirée. Je voulais vraiment vous dire à quel point j’étais désolé de ne pas avoir pu sauver Maxime. »

À vrai dire le miracle a eu lieu la veille, lors de l’audition de Laura Walter, la sœur aînée de Maxime. Dans une déclaration spontanée troublante de sincérité, elle demandait qu’il n’y ait pas de vengeance, que la vie du Dr Moog ne soit pas brisée mais qu’il se remette en question, que l’hôpital évolue pour mieux accueillir les patients et les familles et que le corps médical descende un peu de son piédestal.

L’interdiction d’exercer a ébranlé le Dr Moog

Et puis il y a eu les réquisitions du substitut du procureur de la République mercredi matin. Morgane Robitaillie a conclu à une « faute caractérisée » du Dr Moog ayant eu pour conséquence directe la mort de Maxime Walter. Elle a requis 18 mois de prison avec sursis mais surtout une interdiction d’exercer la médecine pendant deux ans.

Cette éventualité fait craquer le Dr Moog lors de la suspension d’audience qui suit. Lui qui a su rester stoïque durant tout le procès, même durant les plaidoiries des parties civiles particulièrement dures à son endroit, le voilà qui se met à parler tout seul à voix basse au début, puis de plus en plus fort, puis à s’adresser aux journalistes, en pleurs :

« J’ai croisé le Dr Mayer dans l’ascenseur [le soir avant de partir du service, ndlr], il me dit que tout va bien. J’ai fait ce qu’il fallait faire. J’ai fait tout ce qu’ils disent, putain. Comment je pouvais savoir ? Comment je pouvais faire autrement ? »

Pour la défense, la soirée est le moment crucial

Justement, dans sa plaidoirie, Me Bernard Alexandre a choisi de braquer les projecteurs sur cette soirée de dimanche. Pour lui, c’est le moment crucial :

« Le Dr Moog quitte l’hôpital à 18h30, après avoir croisé le Dr Mayer qui lui dit que Maxime Walter est stable. La fin de la transfusion est prévue pour 21h. Il quitte le service et il n’a aucune nouvelle jusqu’à minuit. Or, c’est après 20h que l’état de Maxime se dégrade et que l’échec du traitement non-opératoire doit être constaté. Le médecin de garde demande à une interne d’appeler le Dr Moog. Elle ne le fait pas. Il ne s’agit pas de se défausser mais voici la chronologie des événements, incontestable. Lorsque le Dr Mayer appelle à minuit, il est trop tard pour sauver Maxime. »

Dans leurs conclusions, les expertises médicales pointent au moins deux autres manquements. Le Dr Moog aurait dû se déplacer pour faire lui-même l’examen clinique initial, dès l’admission de Maxime aux urgences pédiatriques, et une feuille de route précisant le suivi aurait dû encadrer la prise en charge. Sur ces critiques, Me Alexandre répond :

« Lorsque Maxime arrive aux urgences, son état est correct et il est jugé « non critique ». Le diagnostic est le bon et le Dr Moog fait le choix d’un traitement non-opératoire, ce qui n’est contesté par personne. Si le Dr Moog s’était déplacé, ça n’aurait absolument rien changé : il aurait pris la même décision parce que c’était la bonne. Quant à la feuille de route, on peut la regretter après les faits. La réalité est que les informations parviennent au Dr Moog et qu’il agit correctement en fonction de ces informations. »

Le jugement est mis en délibéré au 23 avril.

Me Bernard Alexandre : « Le seul guide d’une salle d’audience correctionnelle est le code pénal »

Me Jean-Christophe Coubris : « Les regrets du Dr Moog sont bien tardifs »

 

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : les compte-rendus minute par minute de la première journée, de la deuxième journée et de la troisième journée.

Sur Rue89 Strasbourg : les synthèses à l’issue des journées d’audience : Comment juger de la médecine ? et Les absences du Dr Moog pèsent lourd

Sur Rue89 Strasbourg : Accusé d’homicide involontaire, un médecin de Strasbourg a-t-il été négligent ?


#Bernard Alexandre

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