Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

La grande galère du PS pour trouver des candidats aux départementales

Impopularité record du gouvernement, territoires ancrés à droite, scrutin modifiés, cantons agrandis… Tout se conjugue pour que ces élections soient les plus difficiles pour les socialistes depuis le Front Populaire, au moins. Alors évidemment, quand il faut aller au front…

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Détail de la nouvelle carte des cantons du Bas-Rhin (doc CG67)

Détail de la nouvelle carte des cantons du Bas-Rhin (doc CG67)
Détail de la nouvelle carte des cantons du Bas-Rhin (doc CG67)

De mémoire de socialiste, on a rarement vu un scrutin aussi difficile que celui des départementales, qui aura lieu les 22 et 29 mars 2015. Les cantonales, qui élisent les conseillers généraux des départements, étaient déjà des élections confidentielles, mais avec la réforme territoriale inachevée qui a créé des cantons deux fois plus grands et des binômes pour les occuper, la participation promet d’être encore plus famélique.

Mais surtout, les socialistes craignent de se prendre une veste monumentale : un sondage publié en décembre place le PS en troisième position, derrière l’UMP et le FN. Sur les 61 départements détenus par la gauche, plus de la moitié pourraient être perdus en mars. Dans les départements très ancrés à droite, comme les deux alsaciens (8 élus PS sur 44 dans le Bas-Rhin, 5 sur 31 dans le Haut-Rhin), le PS pourrait carrément disparaître des assemblées.

Dans ces conditions, mobiliser des troupes souvent déboussolées par la politique du gouvernement relève de l’exploit. Dans le Bas-Rhin, le processus de désignation des candidats a été repoussé deux fois, pour finalement débuter vendredi 2 janvier. Car Mathieu Cahn, premier secrétaire fédéral du PS bas-rhinois, a un double problème : trop de candidats pour les cantons de la CUS et trop peu dans le reste du département :

« Sur la CUS, il y a une priorité aux élus sortants. Ils doivent néanmoins présenter aux militants une équipe complète, c’est à dire un “quatuor” composé d’un couple de titulaires et d’un couple de suppléants. C’est souvent une difficulté puisque les sortants sont presque tous des hommes, mais je ne suis pas inquiet. On parviendra à présenter des candidats dans tous les cantons de la CUS. Sur le reste du département en revanche, nous avons encore beaucoup de travail pour constituer des équipes. »

Les nouveaux cantons à Strasbourg (doc CG67)
Les nouveaux cantons à Strasbourg (doc CG67)

Pléthore de prétendants dans la CUS

Ainsi Mathieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg, briguera lui-même l’investiture des socialistes pour le canton 17, celui du centre-ville de Strasbourg suite au retrait du sortant, Robert Herrmann qui se préserve pour la présidence de l’Eurométropole. Il trouvera sur son chemin Paul Meyer, autre adjoint au maire de Strasbourg, et également candidat à l’investiture socialiste dans ce canton. Les militants devront départager les deux quatuors lors d’une élection primaire le 22 janvier. Un scénario catastrophe porteur de divisions que le PS aimerait éviter également dans le canton 21, où deux socialistes sortants se voient : Olivier Bitz et Henri Dreyfus.

Dans le canton 18, qui va de la gare à l’Elsau, Éric Elkouby présentera une équipe et dans le canton 19, qui regroupe Hautepierre et Cronenbourg, Serge Oehler devrait faire de même. Les socialistes envoient même Alain Fontanel au feu contre Yves Le Tallec à la Robertsau. Annick Neff devrait également être la candidate du PS pour le canton 22 (Meinau, Neuhof). À Illkirch-Graffenstaden, Claude Froehly est partant pour un nouveau tour tandis qu’à Schiltigheim, Raphaël Nisand retournera à la bataille en promettant « une grande surprise » sur l’identité de sa colistière.

Une bonne idée puisqu’en cette période de « mauvais vents électoraux » selon un conseiller général socialiste, s’adosser à une candidate issue de la société civile permet de faire oublier un peu l’étiquette.

Désert socialiste dans les campagnes

Mais en dehors de la CUS, le Bas-Rhin est un désert socialiste. Sur le canton d’Haguenau et de Sélestat, le PS devrait être capable de présenter des candidats. Mais l’exercice sera très difficile à Reichshoffen, Bischwiller, Saverne, Wissembourg, etc. Dans ces territoires, les sympathisants de gauche refusent d’apparaître sur des listes électorales, de peur de compromettre leur vie quotidienne. Trouver deux candidats était compliqué, alors quatre…

Lors des précédentes élections départementales, les élections cantonales de 2011, le PS avait envoyé des Strasbourgeois défendre les couleurs socialistes. L’une d’elle se souvient de cette expérience du front, et elle n’en garde pas un très bon souvenir :

« Le parti part perdant, donc tu te retrouves sans moyen et sans militant pour t’aider, tracter, etc. C’est vraiment usant. C’est dommage car avec un peu de travail de terrain, j’étais parvenue à doubler le score du PS dans le canton. Ils m’ont demandé si j’étais partante pour y retourner, mais j’ai dit non. Il était déjà difficile de se faire connaître dans un canton de 2011 alors maintenant, ça me paraît mission impossible dans les limites des cantons de 2015. »

Pour pallier leur absence, les socialistes comptent beaucoup sur les écologistes pour constituer des quatuors roses et verts. Mais manque de chance, les écologistes alsaciens ont voté lors de leur dernier régional « l’autonomie des listes » partout où ce sera possible et ont refusé un accord politique avec le PS. Dans ces conditions, il sera compliqué de monter des équipes mixtes à moins que les militants écolos n’assouplissent leurs positions lors d’un nouveau congrès régional, comme l’explique Patricia Guégen, nouvelle secrétaire régionale d’Europe Écologie Les Verts :

« On en est encore au début des discussions, mais les socialistes nous ont présenté des propositions honnêtes qu’il faudra soumettre aux militants. À la CUS par exemple, socialistes et écologistes ont l’habitude de travailler ensemble, ça pourrait donc être le cas pour ces élections. »

C’est ballot mais la CUS, c’est justement là où le PS n’a pas besoin des Verts et n’a aucunement l’intention de leur faire de la place. Ainsi Marie-Dominique Dreyssé, élue conseillère générale sur l’ancien canton gare, réparti entre les nouveaux cantons 17 (Strasbourg 1) et 18 (Strasbourg 2), n’a pas été approchée par Mathieu Cahn ni Éric Elkouby qui prévoient de se présenter pour le PS sur les cantons 17 et 18. Quant à Éric Schultz, adjoint au maire de Strasbourg (EELV), il a annoncé solliciter l’investiture de son parti pour le canton 17 (Strasbourg 1).

5 élus socialistes dans le Haut-Rhin, 4 ne repartent pas

Dans le Haut-Rhin en revanche, socialistes et écologistes devraient mieux s’entendre. Le PS ne présentera pas de candidats à Kaysersberg et Colmar-2 pour ne pas gêner les candidatures d’Henri Stoll et de Frédéric Hilbert, les deux conseillers généraux écologistes sortants. Mais dans ce département également, la fédération peine à boucler ses listes, surtout que 4 sortants sur 5 ont annoncé, certains depuis plusieurs années, qu’ils ne repartiraient pas en mars 2015 (Jo Spiegel, Hubert Miehe, Michel Habib et Pierre Freyburger).

Du coup, Antoine Homé, secrétaire fédéral aux élections du Haut-Rhin, s’est attelé au renouvellement et pense pouvoir présenter une dizaine de quatuors sur les 17 cantons du Haut-Rhin. Pour le reste, il compte lui aussi sur les écologistes pour remplir les trous et pense faire appel à la société civile pour les co-candidatures.


#élections départementales 2015

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