Qu’est-il arrivé à la culture de dialogue et de compromis à l’alsacienne ? Les questions liées à l’environnement ont toujours été chères aux Alsaciens, qui ont su préserver leur environnement face au développement économique. C’est en Alsace qu’est née l’écologie politique, avec par exemple Antoine Waechter dans les années 70 et les hautes luttes autour du massif de Marckolsheim pour préserver la forêt rhénane.
Mais depuis quelques années, quelque chose s’est brisé. Peut-être parce que l’Alsace est sortie de sa bulle économique favorable et que son taux de chômage a rejoint celui des autres régions de France. La préservation de l’environnement, une question certes âprement discutée mais incluse dans les projets de développement autrefois, est aujourd’hui vécue comme un luxe insupportable.
Les discours se radicalisent
Du coup, les discours se radicalisent de part et d’autres. Alors que le Grand contournement ouest (GCO) et le golf public de la Sommerau renaissent de leurs cendres, le dialogue entre les porteurs de ces projets et les défenseurs de l’environnement apparaît aujourd’hui bloqué. Pour les écologistes, ces deux projets nés dans les années 70 et 80 n’ont plus leur place dans le monde contemporain.
Militants et sympathisants sont tentés de transformer la Sommerau et le Kochersberg en « zones à défendre » (ZAD) comme l’ont fait les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes et ceux opposés au barrage de Sivens dans le Tarn. Mais il y a plusieurs problèmes : sur les deux chantiers alsaciens, les écologistes sont alliés à des riverains qui n’ont pas cette culture de l’occupation et de la confrontation, et maintenir des ZAD suppose de faire appel aux mouvements alternatifs, bien moins présents en Alsace que dans l’ouest et le sud de la France.
Dany Karcher, maire sans étiquette, prêt à accueillir une ZAD dans les bois de Kolbsheim
Les accès au golf de la Sommerau bloqués, la « zone » défendue par les opposants contre les engins de chantier
Cette stratégie de la « zone à défendre » ne fait pas l’unanimité, même au sein des opposants à ces deux projets. Certains craignent d’avoir à affronter les forces de l’ordre, comme à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens où un jeune homme de 21 ans est mort à la fin du mois d’octobre. Mais pour les écologistes, le « passage en force » actuel, avant l’épuisement des recours juridiques n’est pas acceptable.
Vidéos : Gaspard Glanz
Texte : Pierre France
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