Ce mercredi matin, l’eurodéputé écologiste allemand Gerald Häffner est arrivé accompagné d’Ulrike Lunacek, députée écologiste autrichienne, auréolée d’un des 14 titres vice-président du Parlement après avoir brigué en vain la présidence. Le premier ne retourne pas au Parlement pour la mandature 2014-2019, mais la seconde reprend son travail. Après avoir rédigé, avec le britannique Ashley Fox, un rapport, qui indique que le Parlement doit pouvoir décider du lieu où il se réunit, Gerald Häffner est devenu l’un des chefs de file des opposants au siège strasbourgeois.
Ce rapport a été voté en novembre 2013 par 73% des députés en reprenant des chiffres contestés d’un premier rapport de 2011 du député Edward Millian Scott sur les coûts économiques et écologiques des deux sièges du Parlement (techniquement, le Parlement européen est réparti sur trois villes avec Luxembourg, ndlr). Et ce mercredi, les députés écologistes sont revenus à la charge avec une étude d’opinion censée participer à la mise sous pression des chefs d’États sur le sujet.
« Pas un combat contre Strasbourg »
Cette enquête est la conséquence du rapport plébiscité par les eurodéputés en novembre 2013. L’administration du Parlement ayant refusé de mener une telle enquête, elle a été financée sur les fonds parlementaires des députés concernés. L’étude demande aux sondés s’ils sont « en faveur d’un siège unique » pour le Parlement européen. Sans surprise, une écrasante majorité y est favorable (entre 83 et 58% selon les pays) mais l’intitulé de la question ne précise pas où devrait être ce siège unique (Strasbourg, Bruxelles ou ailleurs). Les protagonistes se gardent d’ailleurs de citer une ville particulière.
« Ce n’est pas un combat contre la France ou la ville de Strasbourg », indique Ulrike Lunacek, oubliant de préciser que les députés ont dans leur vaste majorité Bruxelles en tête lorsqu’il s’agit d’un siège unique pour le Parlement européen. Gerald Häffner à beau répéter lui aussi que ce n’est pas Strasbourg la cible, mais il n’arrive pas à contenir une volée contre Catherine Trautmann, qui était dans la mandature précédente la chef de file des défenseurs du siège strasbourgeois. Pour lui, « ce sont bien les bâtiments de Strasbourg qui ne sont qu’utilisés 11% du temps ».
Il précise : « ce n’est pas seulement une question de coûts, mais de démocratie. Le Parlement doit être capable de décider d’où il se réunit », ajoute-t-il, s’appuyant sur le choix de Berlin plutôt que Bonn lors de la réunification allemande. L’argument écologique est aussi avancé : les navettes Strasbourg-Bruxelles c’est « 12 000 vols Londres / New-York par an » pour Ulrike Lunacek.
Autre résultat moins favorable aux commanditaires de l’étude, une majorité de sondés (entre 50 et 58% selon les pays) estiment que c’est aux chefs d’États de décider, comme aujourd’hui, où le Parlement se réunit. Les députés ne communiquent pas sur ce point et Gerald Häffner botte en touche lors d’une question.
L’étude a été menée à travers cinq pays membres, Allemagne, France, Italie, Suède et Pologne, qui regroupent 50% de la population européenne, avec plus de 1000 personnes sondées par pays. Les Français sont d’ailleurs les plus mobilisés sur la question (83% pour et seulement 6% NSP, contre 34% en Pologne).
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