La nouvelle est tombée le 2 avril 2014 dans le petit monde de l’illustration à Strasbourg. Tous les membres exécutifs du bureau du Grill sont démissionnaires. La raison ? Ils ne peuvent plus remplir leurs missions de conseil et formation des illustrateurs à l’environnement administratif de leur profession, par manque de subventions. Pour Violaine Leroy, vice-présidente du Grill, la situation est grave :
« Les bénévoles se sentent démunis, dépassés. Nos subventions ne couvrent plus nos frais de fonctionnement, le paiement des locaux ou celui d’un salarié. A la fin de cette AG, il est possible que le Grill ne se relève pas. »
Fini le Fonds de soutien à la Filière Livre
On le leur avait pourtant promis, l’association pourrait postuler au Fonds de soutien de la Filière Livre. Mais, quelques mois plus tard et suite à l’écriture du texte définissant les conditions d’obtention d’un financement finalisé, le coup de massue tombe. Il est impossible pour le Grill d’obtenir une quelconque somme d’argent. La vice-présidente continue :
« Nous avons essayé de les relancer. Une évaluation sera réalisée à la fin de la première année d’existence du Fond pour savoir si nous pouvons y accéder. Mais, l’association est dans une situation dure, sans employé, alors que nous avons besoin d’un vrai administrateur. »
Pour les aider à poursuivre leurs missions, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) a cependant débloqué des fonds propres (hors fonds de soutien). Un geste que l’association juge « très appréciable, mais qui ne suffira malheureusement pas ».
Peu d’implication de la ville de Strasbourg
Six mille euros en 8 ans, c’est le soutien financier apporté par la ville de Strasbourg au Grill. Une somme qui a permis l’emménagement du groupement dans ses locaux l’année dernière à la Rotonde et l’achat d’une imprimante A3. Mais cette année, pas un sou. Une déception importante : « Strasbourg n’a pas été d’une grande aide ».
Côté Ville, le nouvel adjoint au maire en charge de la culture, Alain Fontanel, découvre le dossier. Il assure néanmoins que la collectivité est « ouverte au dialogue » et que « la demande de soutien complémentaire » sera examinée « dans le cadre d’une définition des objectifs précis et d’une mise en cohérence des financements publics Ville-Drac-Région ». Il ajoute, rassurant : « Nous prendrons nos responsabilités, l’illustration est un élément important du rayonnement de Strasbourg et de la région ».
Il n’empêche, en attendant, les consultations juridiques ne pourront plus être prises en charge ainsi que l’accompagnement des auteurs. Une décision que déplore l’association alors que les demandes se font de plus en plus nombreuses depuis que l’agence de conseils aux entreprises culturelles, l’OGACA, a disparu. Violaine Leroy ajoute :
« C’est un vrai problème, car nous pensions prendre en charge certaines de leurs activités, comme l’aide administrative aux auteurs. »
Le départ de la chargée de mission
Avec ces 759€ nets par mois, la chargée de mission du Grill n’a pas souhaité reconduire son contrat aidé. « C’est ce qui a déstabilisé le dispositif », juge Alain Fontanel, adjoint à la culture. L’association bataille depuis sa création pour obtenir suffisamment d’argent pour payer un salarié correctement. Pour le moment, les membres du bureau ont décidé de manière unanime de ne pas réembaucher sous cette forme.
L’assemblée générale de ce jeudi 17 avril pourrait ainsi être la dernière du Grill – une perspective que n’envisage pas l’élu en charge. Pourtant, l’espoir est encore là pour Violaine Leroy :
« Nous avons eu des réactions mais je ne peux pas en dire plus avant d’en avoir informé nos adhérents. C’est à eux aussi de déterminer l’avenir du Grill. »
La présidente Amandine Laprun n’a pas souhaité répondre à nos questions en amont de l’assemblée générale.
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