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Municipales : la voiture en ville, stop ou encore ?

Depuis 20 ans, l’espace accessible à la voiture individuelle a diminué à Strasbourg, avec notamment la progression des espaces piétonisés. Réaménagement des places, politique tarifaire de stationnement, transports en commun… Les leviers sont nombreux pour agir sur la « pénétration automobile » dans la ville, que la plupart souhaite réduire. Revue de détail des programmes pour 2014-2020.

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Municipales : la voiture en ville, stop ou encore ?

Place du Marché à Neudorf, avant la rénovation - Aujourd'hui, le parking a disparu, les voitures ont été chassées dans les rues adjacentes (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Place du Marché à Neudorf, avant la rénovation – Aujourd’hui, le parking a disparu, les voitures ont été chassées vers les rues adjacentes (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Rares sont ceux qui, après le succès, notamment commercial, de la piétonisation du centre-ville de Strasbourg dans les années 1990, osent encore le slogan « no parking, no business ». Mais la phrase a quand même été lâchée lors de la restitution des travaux de l’Atelier, préalables à l’élaboration du projet de Fabienne Keller, candidate UMP aux élections municipales. Dans son programme, la sénatrice du Bas-Rhin prévoit notamment la création de 3 000 nouvelles places de stationnement, 1 000 « de proximité » [dans les quartiers] et 2 000 à la gare basse.

Revenir à une place de parking pour un logement neuf

L’actuelle élue d’opposition compte également « revenir sur le principe restrictif d’affectation réglementaire des places de parking pour les logements neufs en l’augmentant pour ne pas pénaliser les nouveaux habitants ». Pour mémoire, dans le nouveau quartier Brasserie à Cronenbourg, sera créée une place de stationnement par logement. A l’écoquartier Danube, 0,5 place, soit une pour deux appartements. Alors que l’objectif de la municipalité PS-EELV sortante est d’inciter les urbains à abandonner la voiture individuelle au profit du vélo, des transports en commun et de l’autopartage, Élisabeth del Grande, tête de liste du Parti ouvrier indépendant (POI), en fait une autre lecture :

« Il devrait aller de soi qu’à chaque logement construit devrait correspondre au minimum la mise à disposition d’un stationnement accessible. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Sous prétexte de ne pas décourager l’investissement privé, le règlement du Plan d’occupation des sols (POS) de la CUS prévoit un coefficient pondérateur de 0,5 applicable au nombre de logements construits à moins de 500 m d’une station de tramway ou de bus, ce qui ne peut qu’aggraver la pénurie. Situation problématique délibérément voulue qui sera « résolue » par la mise en place d’horodateurs permettant de prélever une taxe frappant les salariés ne pouvant se déplacer qu’en voiture. »

« Ne pas punir ceux qui ont besoin de leur voiture »

Ceux qui ne peuvent « se déplacer qu’en voiture » ? Une obligation bien floue, dont conviennent pourtant bien d’autres candidats. Exemple avec Jean-Luc Schaffhauser (RBM, soutenu par le FN), pour qui « la mère de famille avec ses enfants (sic), les courses en centre-ville, les personnes âgées, malades, handicapées et autres » peuvent difficilement se passer d’automobile. « Nier cette réalité conduit à plus de pollution », juge la tête de liste Front National.

Trop de pollution, un argument qu’a fait sien depuis longtemps Fabienne Keller (UMP), pour justifier notamment la réalisation du Grand contournement ouest (GCO). En matière de transports, cette dernière se veut « pragmatique » :

« Nous nous engageons à développer les modes de transports doux [ndlr, marche, vélo, transports en commun] sans chercher à punir ceux qui ont besoin de leur voiture. Chaque Strasbourgeois doit pouvoir trouver sa place en ville, selon ses contraintes et selon sa vie. »

Même « pragmatisme » à large spectre pour François Loos, candidat UDI, qui veut « faire face au besoin de souplesse » des Strasbourgeois, même si « à moyen terme », il faudra sortir un peu plus encore la voiture de la ville, grâce aux « modes de déplacement doux » (un « élément de langage » à la mode…) et à l’autopartage.

Transformation de l’A35 en lien avec le GCO

Dans le 3ème volet de son programme dévoilé vendredi 28 février, celui dans le lequel sont aussi développées les propositions en matière d’écologie, la tête de liste socialiste Roland Ries veut quant à lui « encourager un usage responsable de la voiture individuelle (…) outil de liberté parfois irremplaçable, notamment pour les familles [ndlr, encore elles, à croire qu’enfant = automobile. Et le vélo cargo, alors ?] ou pour certains professionnels ». « Pour ces trajets indispensables, peut-on encore lire dans le fascicule, les voies de circulation doivent être fluidifiées et les possibilités de stationnement facilitées ».

Comment ? « Nous transformerons l’A35 en boulevard urbain (…) [en veillant] à ce que cette transformation soit menée en lien avec la réalisation du contournement routier à l’ouest de Strasbourg [ndlr, le GCO, également inscrit dans les programmes de l’UMP, de l’UDI et du FN]. » Une promesse qui dépend si peu de la Ville de Strasbourg qu’elle sera extrêmement difficile à tenir, glissent plusieurs sources proches du dossier. Autre solution pour fluidifier le trafic en ville : travailler sur le dernier kilomètre propre en sortant les camions de livraison du centre.

Stationnement : priorité aux voitures « propres »

Le candidat à sa réélection veut également donner « une impulsion supplémentaire à la voiture électrique » en mettant en place un disque vert sur le modèle des disques bleus, avec 1 heure de gratuité dans les zones payantes pour les véhicules « propres » (électriques ou roulant au GNV, gaz naturel véhicule), précise Olivier Bitz, adjoint au maire PS et président du réseau Gaz de Strasbourg. En matière de stationnement, l’équipe sortante veut encore étendre le dispositif Résidéo « qui donne droit à un tarif préférentiel dans les parkings en ouvrage ». François Loos (UDI) veut faire de même avec une « carte silo ».

Ces nouveaux parkings sont envisagés dans le secteur de la Maison du bâtiment place de Haguenau, la porte des Romains à l’entrée de Kœnigshoffen (où passera le tram) et à proximité de la porte de Cronenbourg d’ores et déjà desservie par le BHNS.

Parkings en périphérie gratuits

Oui aussi à de nouveaux parkings et à plus de places de stationnement pour le candidat du Front de gauche, Jean-Claude Val, mais en « deux cercles ». Le premier, proche du centre, reste payant, tandis que le second, en périphérie, serait à un tarif très faible, voire gratuit. L’idée : « C’est don contre don. On vous donne accès à la ville en transports en commun gratuits, proposition phare de la liste FG, et vous nous donnez votre accord pour laisser votre voiture plus loin ».

Oui aussi à plus de parkings pour Jean-Luc Schaffhauser, pour qui les fermetures de ceux du Printemps et de la place du Château étaient des erreurs. Le candidat soutenu par le FN ajoute : « Le parking sur voie publique doit être gratuit. Nous remplacerons le paiement sur voie par des disques limitant le temps selon les zones rouges, bleues, vertes ».

Le retour de Strasbourg à 30 km/h

Pour les écologistes autour d’Alain Jund d’Europe écologie – les Verts (EELV) ou le Mouvement citoyen de Tuncer Saglamer, la position est beaucoup plus tranchée : il faut sortir la voiture de la ville pour améliorer la qualité de vie des Strasbourgeois, reconquérir des espaces aujourd’hui dévolus à l’automobile et réduire les nuisances (sonore et de pollution de l’air).

Pour ce faire, la liste EELV propose plusieurs mesures, parmi lesquelles le passage de la ville en zone 30. Si « cette proposition est partagée par de nombreuses associations nationales, parents d’élèves (FCPE et PEEP), Union Nationale des Associations Familiales, FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) ou Club des Villes et Territoires Cyclables », comme on l’apprend dans le dossier de presse EELV, elle a été en revanche retoquée par les Strasbourgeois lors du référendum de 2011. Oups.

Fermeture des quais aux voitures : « Schnaps idée » ?

Autres propositions des écolos : créer de nouvelles « zones de rencontres » (après la rue des Charpentiers ou la rue des Frères au centre-ville) à la demande des riverains, au moins à titre expérimental – un échec récent en la matière est à rappeler, rue du Zurich. Réaménager des places dans les quartiers en en ôtant les places de parkings (comme places d’Austerlitz ou place du Marché à Neudorf pendant le mandat 2008-2014).

Ou encore, expérimenter un dimanche par mois la fermeture des quais des Bateliers et des Pêcheurs aux voitures et développer « des activités de type « quai aux livres », installation de bancs et autres mobiliers urbains pour permettre à chacun de déambuler, voir le paysage (avec des surfaces importantes réservées à la nature au pied des immeubles), redécouvrir la proximité de l’eau, etc. ».

A propos de la fermeture des quais à la circulation, « attention aux « schnaps idées », glisse, un brin perfide, Olivier Bitz (PS). C’est aussi ce que pensait Jean-Emmanuel Robert (UMP) du référendum de 2011 organisé par la municipalité PS et auquel était largement associé le même Olivier Bitz, adjoint en charge de la circulation…


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