Défendre Strasbourg l’européenne, « faire rayonner la ville », stimuler l’emploi et attirer des touristes, aligner les kilomètres de pistes cyclables, rénover des écoles et soutenir la culture ou le sport, faciliter la rénovation thermique des bâtiments publics et privés… Les principaux candidats, PS, UMP, UDI, voire EELV, sont à peu près d’accord sur bon nombre de dossiers. Ils sont aussi d’accord pour étendre le tram, sur fer ou par des BHNS (bus à haut niveau de service), équiper Strasbourg d’un nouveau Parc des expositions à 180 millions d’euros ou financer la requalification de l’A35 en permettant la construction d’une nouvelle autoroute dans le Kochersberg, le fameux GCO.
Pas sûr qu’un déménagement du PEX soit possible
Les équipes de Roland Ries, François Loos et Fabienne Keller, à tout le moins, partagent pleinement ces orientations. Et même sur les modalités, sur lesquelles majorité municipale PS-EELV et opposition UMP-UDI se sont écharpées durant tout le mandat, pas grand-chose ne devrait bouger après le 30 mars. François Loos annonçait vendredi lors de la présentation de son programme (à lire en PDF) qu’il était favorable à un déplacement du projet de Parc expo du Wacken sur le terrain Starlette :
« Dès le mois d’avril, il faudra remettre à plat le projet de ZAC des Deux-Rives, revoir la place du PEX qui trouverait sa place dans cette nouvelle Neustadt, en entrée de ville [côté Allemagne]. Il faudra s’occuper de ça très rapidement… »
Est-ce encore possible de faire à ce point évoluer le projet ? Cela ne coûterai-il pas très cher à la collectivité ? « Il faudra voir l’état d’avancement des engagements, nous n’avons pas encore accès à tous les dossiers. » Fabienne Keller, elle aussi, pourra difficilement s’opposer au projet, qu’elle juge positif pour l’attractivité et l’activité économique de Strasbourg. Un coin enfoncé par l’équipe Ries.
La « smart city », ils en veulent tous
La gare basse ou gare à 360°, seul grand projet d’urbanisme annoncé par Fabienne Keller sur le prochain mandat, a été présenté dès la semaine dernière par l’UMP comme réalisable très rapidement. « Oui à la gare basse, mais d’ici 2025-2030 », juge quant à lui François Loos, qui assure avoir rencontré la SNCF, pas favorable au déménagement de ses activités logistiques dans l’immédiat. Une bonne idée donc pour lui aussi, mais pas pour tout de suite. Dans la même ligne que Roland Ries.
Les autres gros dossiers ? Le tram vers Kehl ? L’UDI ou l’UMP le feront, avec peut-être un tracé différent (le long de la route du Rhin, plutôt que par Starlette et la Coop), puisque la déclaration d’utilité publique n’est pas encore signée par le préfet. La ZAC de Fegersheim ? François Loos, favorable à la création de zones d’activités, aurait préféré utiliser en priorité des friches industrielles à dépolluer plutôt que des terres agricoles, mais sur ce dossier encore, il n’est pas catégorique. La « smart city » (ville intelligente), accélération de la dématérialisation des services et valorisation des entreprises du numérique ? Ils en veulent tous.
Tout sera dans « le soft »
Alors, qu’est-ce qui distinguera les programmes les uns des autres ? « Le soft », glissent certains responsables politiques. Car, « il n’y a plus d’argent et les dotations de l’Etat aux collectivités vont encore baisser ». Le soft, c’est l’inverse des grandes infrastructures, c’est le « vivre ensemble » (soutien à tel ou tel secteur associatif, focus sur tel ou tel aspect de la vie quotidienne des habitants…) et les modalités de l’exercice du pouvoir.
Dans cette optique, les ateliers des volontaires autour de Fabienne Keller proposent pléthore de petits projets et notamment pas moins de 3 « maisons », sorte de guichets uniques « des générations » (pour les séniors, les aidants familiaux, la petite enfance), « de l’orientation professionnelle des jeunes » et « de la rénovation thermique des bâtiments ». Mais encore – en vrac – l’interdiction des perturbateurs endocriniens ou du wifi dans les crèches et les écoles maternelles, la création d’un outil financier pour aider les propriétaires à rénover leurs logements, un arrêté anti-mendicité agressive, plus de vidéosurveillance, plus de places de stationnement avec la création de parkings en ouvrage – comme le souhaitent également François Loos (UDI) ou Robert Herrmann (PS).
Nature (domestiquée) et culture, un « oui » collectif
On ignore par ailleurs si François Loos et Fabienne Keller, qui s’en prennent tout deux à la densification de Strasbourg, stopperont les projets immobiliers dans la CUS. Néanmoins, pour limiter les effets de la minéralisation supposée de la ville, le premier veut « végétaliser les rues et créer des ilots de fraîcheur », tout en taclant l’aménagement de la place d’Austerlitz où « il faudrait des fleurs, pas des mauvaises herbes ». Exit la démarche « herbes folles » et Zéro pesti ? Pas sûr pour autant. Fabienne Keller elle veut créer de nouveaux « espaces de respiration », et notamment à l’emplacement de la future tour Elithis à énergie positive. Une première mondiale qui ferait pourtant beaucoup pour l’exemplarité de la ville en matière de construction. A voir.
Au rayon culturel, François Loos veut un « office de la culture », une mise en valeur du passé humaniste et de l’esprit rhénan de Strasbourg, tout en accompagnant aussi les « cultures urbaines ». Coup de chance, Roland Ries promeut quant à lui la reconversion de la Coop en y incluant cette thématique (s’y déroule l’Ososphère depuis 2 ans). Le maire sortant ne manquera pas par ailleurs de valoriser son projet de nouveau Maillon et de rénovation du Théâtre municipal (Opéra). Fabienne Keller reste pour le moment muette sur ces questions.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur les élections municipales
Chargement des commentaires…