Guy-Dominique Kennel est un peu abattu. Lors d’une rencontre avec des journalistes mardi, le président du conseil général du Bas-Rhin a montré qu’il ne s’était toujours pas remis de l’échec du référendum sur le conseil unique d’Alsace : « J’ai mis 15 jours à me remettre au travail, j’avais déjà engagé le conseil général dans l’après… Pas facile de changer de direction. Mais la grande Histoire se rappellera de ce rendez-vous manqué, parce que la fusion des collectivités se fera, un jour ou l’autre ». Selon lui, trop peu de moyens ont été investis dans la campagne, et les Alsaciens n’ont pas compris de quoi il s’agissait : « Des gens m’ont encore confié il y a quelque jours qu’ils pensaient qu’il s’agissait d’un référendum sur le mariage pour tous… » Quand même.
Depuis début avril, Guy-Dominique Kennel et Charles Buttner, le président du conseil général du Haut-Rhin, ne se sont pas parlés. Le landgraben, frontière invisible entre le Bas et le Haut-Rhin n’a jamais été aussi difficile à franchir… Guy-Dominique Kennel avoue d’ailleurs avoir été étonné par l’animosité exprimée parfois par les Bas-Rhinois pour les Haut-Rhinois (et vice-versa)… Après coup, il pense qu’il aurait fallu envoyer à tous les Alsaciens un document explicatif, avec des « réponses simples à des questions simples » (comme par exemple, à quoi sert le conseil général ?) : « Ça nous aurait coûté 400 000€ de plus mais les gens auraient pu se mobiliser… Au lieu de ça, on se retrouve à subir la même réforme que tout le monde. »
L’Acte III, une « comédie en trois actes » selon Kennel
Car la fusion ayant été retoquée, le conseil général va devoir appliquer la réforme du scrutin départemental, avec les fameux binômes homme-femme élus sur des cantons élargis (on passe de 44 à 23 cantons). Guy-Dominique Kennel n’y trouve aucun motif de réconfort : « On va se retrouver avec des cantons immenses. Résultat : même s’il y aura plus d’élus, ils seront plus éloignés des électeurs, exactement l’inverse de ce que les citoyens nous demandent ! »
Puis viendront les trois étapes de l’acte III de la décentralisation, une série de réformes des collectivités locales et territoriales menées par le gouvernement. Et là, Guy-Dominique Kennel s’inquiète carrément de la priorité donnée au « fait métropolitain » par le gouvernement, au dépens selon lui du monde rural. Il voit d’un très mauvais œil l’évolution du statut de Strasbourg vers une « eurométropole ».
De nombreuses compétences, jusqu’ici confiées au conseil général par l’Etat, vont être transférées à la CUS (voir le tableau ci-dessous). Or la CUS, c’est 450 000 habitants, soit près de la moitié du Bas-Rhin, et sur certains budgets, comme l’aide sociale par exemple, la CUS concentre 80% des dépenses confiées au conseil général ! Autrement dit, le département Bas-Rhin amputé de Strasbourg sera une collectivité territoriale fantomatique.
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