Trois mois se sont écoulés depuis votre dernière orgie de sucreries et de bonnes intentions. Vous pensiez attendre l’an prochain avant d’en remettre une couche ? C’était sans compter Pâques. Oui, Pâques et son week-end férié. Un indice vous a été soufflé lorsqu’ont débarqué des lapins enroulés d’aluminium dans les supermarchés. Ils n’étaient que quelques-uns il y a deux semaines. Aujourd’hui, ils sont cent, mille, des millions ! Ils sont partout avec leur regard machiavélique (voir ci-dessous), épient nos faits et gestes, et provoquent la frénésie chez les moins de 8 ans.
Fin du Carême = indigestions
Mais au juste, c’est quoi Pâques ? Non, ce n’est pas la fête des chocolatiers, ni la célébration du lapin. Pâques, bande d’incultes, commémore la résurrection du Christ et marque la fin du Carême (d’où les indigestions). Alors comment est-on passé d’une célébration religieuse à une orgie de chocolat et de lapins ? Différentes explications sont avancées. L’œuf, par exemple, faisait partie des aliments interdits durant le Carême. Et pourtant durant cette période, les poules ne s’arrêtaient pas de pondre. Les œufs non consommés étaient alors décorés et offerts. Ceux qui les ont mangés ne sont plus là pour en parler.
Un lapin qui pond des œufs ? Mais bien sûr…
L’origine du lapin de Pâques, elle, est incertaine. Une légende germanique explique qu’une femme qui n’avait pas les moyens d’offrir des œufs en chocolat à ses enfants, en décora et les cacha dans son jardin. Quand les enfants partirent à la chasse, ils aperçurent un lapin et pensèrent que c’était lui qui avait pondu les œufs (faut dire qu’à l’époque, l’école n’était pas obligatoire…). Ainsi, serait né le lapin de Pâques. Dans un registre moins enfantin, certains assurent que cette tradition proviendrait de la déesse Eastre, honorée au printemps, dont l’emblème était le lièvre. La religion catholique ayant montré une certaine capacité à s’emparer des rites païens.
Au XVIIIe siècle, les chocolatiers ont détourné ces symboles pour en faire une fête commerciale, Pâques étant la période la plus faste de l’année après Noël non seulement pour les chocolatiers mais pour les magasins destinés aux enfants. Ainsi, histoire de limiter les indigestions, certains reçoivent aussi… des livres.
Animaux ambassadeurs de la conso pascale
Folklore aidant, les animations pour Pâques se multiplient. Ainsi, une mini-ferme s’est installée au cœur du centre commercial Rivetoile. Les enfants s’amassent devant les porcelets, poussins, lapins, chèvres et agneaux. Face à ces petits animaux tout mignons, les enfants deviennent hystériques et les parents régressent. A croire que cette animation transforme l’adulte en un Casimir prêt à dispenser joie et amour autour de lui. Les plus cyniques d’entre nous y verront une habile manœuvre pour pousser à la consommation, histoire d’acheter des œufs en chocolat industriel, des paniers en osier « made in China » et quelques fleurs en plastique au bisphénol A.
Morose Village de Pâques
Autre animation, le Village de Pâques organisé par l’association Acoarus place Saint-Thomas. Pour la deuxième année consécutive, ce regroupement de commerçants propose à l’occasion des fêtes pascales des ateliers pour les enfants (chasse aux œufs, promenade à dos d’âne…). Les grands peuvent, eux, flâner entre les quelques stands de produits régionaux et d’artisanat. Mardi après-midi, le village était désert. Ni l’arbre aux œufs, ni les animaux dépressifs dans leurs mini-enclos et encore moins l’étrange jardin d’enfants ne sont parvenus à sortir le Village de Pâques de sa morosité.
Bon, Pâques, c’est la joie et le retour du printemps. Alors, on est peut-être cynique, mais… il est où le printemps ?
Déborah Zitt
Julie Ranslant
Juliette Surcouf
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