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Après 11 journées, un Racing dans la tenaille

Dans la grisaille du Championnat de France Amateur, rares sont les moments exaltants pour les supporters du Racing. Pourtant, samedi dernier, avait lieu le derby Mulhouse/Strasbourg, l’occasion d’une petite virée en masse dans le deep south alsacien. Au final, un match nul 1-1 assez terne mais représentatif du début de saison souffreteux des Racingmen. Retour sur le déplacement de l’année et bilan sportif après 11 journées.

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Après 11 journées, un Racing dans la tenaille

Le kop strasbourgeois à Mulhouse (photo : Racingstub)

BlogEn ce samedi 10 novembre 2012, je me réveille presque normalement, presque car pour la première fois depuis un bail je ressens l’excitation du rendez-vous qui s’annonce. La météo est dégueulasse, il pleut à torrents mais c’est jour de derby. Moi supporter du Racing, je n’avais encore jamais été au stade de l’Ill à Mulhouse. J’avais bien-sûr déjà entendu parler des confrontations venimeuses entre RC Strasbourg et FC Mulhouse de la (déjà) peu glorieuse époque où le Racing squattait l’antichambre de l’élite footballistique, grosso modo entre 1986 et 1992. Pour la première fois depuis vingt ans avait lieu une rencontre officielle entre RCS et FCM et pour la première fois dans ma carrière de supporter j’allais en être.

Déplacement ferroviaire

La perspective du « train bleu », affrété tout spécialement, boostait d’autant plus mon enthousiasme. Au cours de mes pérégrinations outre-Rhin, j’avais déjà eu la chance de goûter l’ambiance de ces déplacements ferroviaires, de ces wagons remplis de fans d’où transpirent la passion et un peu la bière quand même. Le charme d’un dep’ en train, c’est incomparable. Un seul regret en l’occurrence : le trajet vers Mulhouse n’allait durer qu’une petite heure. A peine le temps d’entamer une discussion avec mon voisin, Matthias, fan du Borussia Dortmund, venu amicalement soutenir le Racing.

On arrive sur place dans l’après-midi, bien avant le coup d’envoi de la rencontre, fixé à 18h. Le cortège strasbourgeois, composé de plusieurs centaines de fans, est en ébullition. Histoire de faire monter gentiment la sauce, chants et pétards retentissent et rythment le parcours entre Mulhouse-Dornach et stade de l’Ill. Il règne comme un parfum de rivalité et c’est bien normal. C’est en tous cas plus stimulant que l’indifférence enveloppant habituellement les matches de quatrième division française.

Banderoles, houblon et lacrymo

Au stade, le kop mulhousien est mobilisé pour l’occasion et se fend de quelques banderoles vengeresses à l’endroit de leurs homologues d’un soir. « RCSA : pas d’histoire, pas de palmarès, tu es né en 2012 » : la formule est pour le coup très bien trouvée, mais quand on soutient le RCS tout court on ne se sent pas le moins du monde offensé (voir mon précédent billet). Le kop strasbourgeois n’est évidemment pas en reste et rétorquera que si une région unit effectivement Strossburi et Mìlhüsa c’est bel et bien un monde qui les sépare. Au total, plus de 6 000 spectateurs sont présents. Pour une rencontre de CFA, c’est évidemment pas mal. Comme toujours, les UB90 mettent l’ambiance, avec brio.

Côté buvette, on déplorera le prix et la qualité des « sandwichs » mais on apprécie le houblon qui coule à flots. On apprécie un peu moins en revanche l’attitude des nombreux CRS mobilisés qui, en plein match, se mettent à balancer de la lacrymo à tire-larigot. Pour repousser une poignée d’excités paraît-il. L’opération est une réussite et indistinctement tout le monde en prend pour son grade, femmes et enfants compris. Même les joueurs sont atteints et les débats sont momentanément suspendus par l’arbitre. Pour certains, les yeux continueront de picoter jusqu’à tard dans la nuit.

Le compte n’y est pas

Sur la pelouse, la prestation du Racing est représentative de son début de saison : insuffisante. Après un tiers de championnat, le compte n’y est pas car : primo le bilan mathématique est moyen, secundo la qualité de jeu est médiocre, et tertio l’état d’esprit est discutable. Je rappelle quelques éléments de contexte : le RCS possède le plus gros budget de son groupe de CFA et dispose du meilleur effectif de la division. Il est donc problématique qu’une équipe composée de nombreux joueurs niveau « National + » (au hasard : Sikimic, Noro, Ledy, Golliard, Donzelot, Pinaud et j’en passe) affiche un visage aussi laborieux. Et ce d’autant plus que, pour la première fois depuis longtemps, la préparation d’avant-saison ne fut pas tronquée. A présent, détaillons un peu.

Dans sa poule de CFA, le Racing se confronte à 19 autres adversaires pour une seule équipe autorisée à rejoindre le National en fin de saison. Un seul billet pour la troisième division, c’est peu mais compte-tenu de son pédigrée le RCS ne peut qu’ambitionner la première place. Après onze journées, il n’a gagné que quatre fois et semble se spécialiser dans le résultat nul (six déjà). Pas exactement un parcours de champion donc. La situation pourrait même être alarmante si la concurrence n’était pas aussi moribonde en tête. Actuellement, le RCS est quatrième avec 29 points, devancé par Mulhouse et Villefranche (30 points) et surtout Lyon-Duchère qui comptabilise 35 points. Tout reste ouvert en somme, à condition de rapidement changer de braquet.

Supporters préoccupés

Venons-en au niveau de jeu de l’équipe. Sur les forums du célèbre Racingstub.com, de plus en plus de supporters font part de leur préoccupation à ce sujet. Depuis août, le Racing n’est convainquant que sporadiquement, mais surtout régulièrement inquiétant. Comme la saison passée, l’assise défensive s’avère plus rassurante que l’animation offensive, résolument en berne. Le jeu d’attaque, à base de longs ballons vers l’avant façon « kick sans rush », est stéréotypé. Le positionnement trop bas de Stéphane Noro fait immanquablement débat, tandis que David Ledy est empêtré dans le marasme (seulement trois buts inscrits en CFA). Les milieux offensifs se retrouvent souvent isolés dans leurs initiatives, faiblement soutenus par un bloc équipe peu compact, qui se cantonne à jouer excessivement en retrait. Les lignes se distendent trop facilement au cours du match, ce qui représente une aubaine pour l’adversaire dès lors maître de l’entrejeu.

Sans doute faut-il changer de module tactique. Je suis de l’avis d’Arbo sur Racingstub : pourquoi ne pas tenter un système en 3-5-2 qui aurait l’avantage de booster l’animation du jeu en exploitant mieux le potentiel offensif des ailiers ? En outre, je suis très gêné de voir le valeureux Billy Modeste à nouveau cloué au banc de touche, lui qui avait pourtant brillamment gagné sa place en deuxième partie de saison dernière. Un système à trois défenseurs lui permettrait ainsi de retrouver le terrain aux côtés de Golliard et Sikimic. On ne renforce jamais assez une défense.

Ne plus jouer petits bras

Enfin, il y a la question de l’état d’esprit. C’est un refrain qui commence à devenir agaçant : l’impression régulière que l’adversaire en veut plus que nous. A l’instar de Moulins ou Jura-Sud par exemple, le FC Mulhouse a su administrer au RCS une véritable leçon de grinta. Comme le souligne Athor sur Racingstub, il est par ailleurs étonnant d’observer des Racingmen aussi rayonnants à l’issue du match de samedi, « comme s’ils venaient de remporter une victoire convaincante ou même simplement mérité leur match nul ».

Peut-être est-il enfin temps d’arrêter de jouer petits bras et faire preuve d’un peu plus d’agressivité. A défaut de proposer un foot éblouissant (on est en CFA, je sais), le supporter que je suis attend désormais de voir un Racing passer rapidement en mode « rouleau compresseur », assumant sans complexe son statut de favori.

Y aller

Ce week-end, c’est Coupe de France à la Meinau contre Wittenheim (samedi à 16h). Prochain match de championnat : le 24 novembre contre Yzeure, toujours à la Meinau (18h).


Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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