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Comment s’habiller pas (trop) cher et écolo à Strasbourg

Vous n’avez plus rien à vous mettre et vous en avez marre de faire venir les pantalons de Chine ? Rue89 Strasbourg est parti en chasse de solutions pour des vêtements moins nocifs pour la planète et meilleurs pour le porte-monnaie. Pas de miracle, il faut faire quelques concessions pour s’habiller à rebours du commerce mondial. 

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Comment s’habiller pas (trop) cher et écolo à Strasbourg

Les baskets Ethletic ressemblent comme deux gouttes d’eau à des Converse mais sont en coton bio et deux fois moins chers (Photos MM)

Les petites boutiques bio et/ou équitable

Il y a encore un an, le local lumineux et idéalement placé était occupé par un salon de coiffure. Depuis le 21 septembre 2011, c’est la marque de chaussures « made in France » Bionat, dont le siège social est à Châtenois en Alsace et l’usine à Cholet dans le Maine-et-Loire, qui a investi l’espace. La responsable du magasin explique :

« Avant, les chaussures Bionat n’étaient vendues que dans les BioCoop. Or, il était impossible de présenter tous les modèles, les boutiques n’avaient jamais les tailles demandées… Donc la marque a ouvert plusieurs boutiques dont une à Strasbourg et une autre à Colmar. Nous avons élargi l’offre aux vêtements notamment, toujours en bio certifié (œko tex, Gots…) et de préférence made in France. »

A ce propos, la responsable remarque :

« C’est une lutte permanente pour trouver des fournisseurs. Ça tourne beaucoup. Par exemple, deux Français ont mis la clé sous la porte récemment, Idéo et Azimuts. En ce moment, nous travaillons avec une marque anglaise, Brentry, de la même gamme que Camaïeu ou Promod, et avec deux créatrices françaises, Céline Faizant et Marie Cabanac. Mais c’est plus cher… »

Bionat, 100 Grand’rue, centre-ville de Strasbourg. 03 88 16 15 95.

On passe devant presque sans la voir. Filétoile, c’est, vue de l’extérieur, une boutique un peu passe-partout dans un secteur où l’on passe plus qu’on ne flâne. Mais ce magasin place du Corbeau possède pourtant un trésor, qui en dit long sur l’identité du lieu… un métier à tisser. Et pas juste pour faire joli. C’est l’un des huit que possède Thierry Ginouvès, tisserand couturier, installé à Reichstett, sur lesquels il tisse le mohair et la laine, le cachemire et l’angora, la soie et le coton bio, le chanvre, le lin, la ramie… Chez Filétoile, on est dans ce qui se fait de plus écolo (du « made in Alsace » avec des matières de qualité, sur-mesure au besoin), mais à des prix élevés. Pour une jupe, il faut compter entre 50 et 250€ selon les matières. Les gilets se vendent de 100 à 500€. Des prix que le tisserand défend :

« Je ne suis pas beaucoup plus cher que les chaînes présentes en ville. Et mes marges n’ont rien à voir avec les culbutes que font les marques de luxe ! Quand les gens commentent les prix, je leur répond : imaginez si vous deviez le faire vous même le temps que cela prendrait… »

Thierry Ginouvès se dit sur le départ. Son emplacement, s’il permet au couturier de bénéficier du passage des touristes et des Strasbourgeois, est « cher ». Les vêtements Filétoile pourraient bientôt être entièrement produits à Reichstett et vendus sur internet. A suivre.
Filétoile, tisserand couturier, 5 place du Corbeau à Strasbourg. 03 88 25 06 86 ou filetoile@gmail.com

Mais aussi…

Ekyog, 2 rue des Juifs, centre-ville de Strasbourg. 03 88 32 61 27.
• Korogo
, 33 Grand’rue. 03 88 32 51 93.
Ligne nature (sur rendez-vous), rue Traversière à Neudorf. 03 88 45 20 07.
• Le corner « textiles » du Serpent vert à Schiltigheim. 03 88 18 55 65.

Sur les vêtements bio H&M, aucune certification n’est indiquée (MM)

Du bio chez les grandes enseignes

De plus en plus, les grandes enseignes telles que H&M, C&A, Gap, Décathlon ou Monoprix, se mettent au coton bio. Selon les collections et les marques, ces vêtements sont plus ou moins repérables dans les rayons. En général, le coton bio est réservé aux basiques, comme chez H&M où seuls les t-shirts et leggings unis ou presque sont étiquetés en « vert ». Mais attention, sur ces étiquettes ne figure aucun label certifiant la qualité du produit et son degré de « bio attitude ».

De plus, la qualité environnementale du vêtement ne dépend pas uniquement de sa matière première, comme le rappelait l’UFC-Que Choisir, association de consommateurs, en avril 2010 :

« Les étapes – et donc les occasion de polluer – sont nombreuses entre le champ et le portant. Filature, puis tissage ou tricotage sont surtout gourmands en énergie. Mais la teinture, les impressions, les apprêts qui rendent le tissu plus doux, irrétrécissable ou infroissable nécessitent des produits chimiques polluants (…). Même chose pour les décolorations, déchirures et autres effets « salissure » sur les jeans à la mode. Et pas question de se fier à des mentions a priori rassurante telles que « teintures végétales »… »

Pour être certain que toutes les étapes de la fabrication de votre t-shirt sont à peu près conformes à vos attentes, mieux vaut se tourner vers des marques qui font certifier leurs textiles par Ecocert, selon le référentiel GOTS. Mais surtout, et c’est la leçon du numéro de Que Choisir, c’est une fois dans notre placard que le vêtement a une vie écolo ou pas. Porté deux ou trois fois, lavé à 60°, séché en machine, repassé et jeté au bout d’un an ou deux, ce vêtement sera infiniment plus polluant qu’un autre porté 3 à 5 fois, lavé à 30°, séché naturellement puis donné après utilisation longue. « Fût-il en 100% polyester, pur produit de la pétrochimie. »

Extrait du FAQ sur le site de H&M France (capture hm.com)

La fripe

Dans cette dernière optique, rien de telle que la fripe. Strasbourg ne manque pas de magasins de seconde main, plus ou moins haut de gamme, pour adultes ou pour enfants. Les lecteurs de Rue89 Strasbourg connaissent déjà la friperie Le Léopard, rue des Veaux au centre-ville de Strasbourg. Là, les modeuses les plus pointues attirées par les pièces « vintage » côtoient les jeunes aux bourses vides et les familles écolos et/ou branchées.

Outre Emmaüs, où l’on peut trouver des vêtements d’occasion pour homme, femme ou enfant, en ville les friperies sont souvent spécialisées. Pour les femmes, citons Popeline, rue Munch à la Krutenau, qui récupère et revend pour les particuliers (fermé le matin). L’enseigne a en revanche fermé sa boutique de la rue Wimpfeling. La boutique Céleste fait également du dépôt-vente. Située pendant 17 ans petite rue de la Course, la boutique a déménagé au printemps 2012 Grand’rue. Sa propriétaire Dominique Bordot remarque :

« Le dépôt-vente, c’est super pour démarrer une affaire avec trois francs-six sous. Mais depuis quelques temps, je ne conserve plus qu’un petit corner d’occasion. Même si j’aime beaucoup le principe de faire profiter à d’autres une erreur d’achat ou un truc que l’on aime plus, au bout d’un moment, il faut se renouveler. Et puis, pas facile aujourd’hui de ne faire que ça, avec Internet où les filles vendent leurs fringues en direct, et le grand nombre de ventes privées, qui permettent aux gens d’acheter du neuf à petit prix. En revanche, c’est un créneau qui reste porteur pour le luxe… Mais ce n’est pas mon truc ! »

Céleste, 30 Grand’rue à Strasbourg. 03 88 36 84 71.
Le Léopard, 8 rue des Veaux à Strasbourg. 03 90 23 98 68.
Popeline, 10 rue Ernest-Munch à Strasbourg. 03 88 36 84 71.
Emmaüs, Montagne Verte ou Mundolsheim
• Les dépôts-vente de vêtements pour enfants : Troc’kid rue du faubourg-de-Pierre (gare), Baby’s troc rue Saint-Aloise (Neudorf), Pitchou&Pitchoune quai du Général-Kœnig, So’Lange rue d’Austerlitz.

La boutique So’Lange propose des vêtements de bébé d’occasion, des couches lavables et des écharpes de portage (Photo MM)

Et le « made in France » alors ?

Les boutiques strasbourgeoises portant l’argument « made in France » en bandoulière, comme Arche (magasin de chaussures, rue Gutenberg) ou… Vuitton (bagagerie, foulards… rue de la Mésange), affichent des prix élevés, voire très élevés. Pour les petites enseignes, comme Baptiste & Garance, rue des Veaux, qui proposaient une petite collection de vêtements pour enfants confectionnée dans le sud de la France, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Philippe Meyer, ancien propriétaire de la boutique, explique :

« Avec ma sœur, on a créé la boutique au début des années 2000 en même temps que la marque de vêtements. Le gros problème, c’est qu’une petite robe nous revenait à 11€ en confection, prix auquel il fallait ajouter notre marge, le tissu, le transports, etc. La robe se retrouvait alors à un prix beaucoup trop élevé. Le coût de confection pour la même robe est de 2,50€ en Indonésie ! Pour nous comme pour les clients, il n’y a pas photo. On a dû arrêter. Si c’était à refaire, et même si ce n’est pas « éthique », je ferais faire ailleurs, en Turquie par exemple. »

S’habiller écolo, le casse-tête chinois ? Pour les puristes qui courent après les matières nobles travaillées en France mais qui n’ont qu’un petit budget, oui sûrement. Alors mieux vaut transiger et accepter de ne pas changer de fringues à chaque saison, de continuer à porter son jeans made in Asia brut (non sablé) acheté d’occasion… il y a 10 ans. Et d’investir dans une machine à coudre (de seconde main et fabriquée en France) pour rapiécer les vêtements de toute la famille !


#vêtements

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