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Les opérateurs de téléphonie heureux de pouvoir accéder aux bâtiments publics

Depuis 2004, les opérateurs de téléphonie mobile ne pouvaient plus installer de nouvelles antennes sur les bâtiments appartenant à la Ville de Strasbourg. Un sacré frein ! Le maire Roland Ries vient de mettre fin à ce moratoire, au grand soulagement des opérateurs. Ils doivent désormais respecter une charte, aux contraintes minimes.

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Les opérateurs de téléphonie heureux de pouvoir accéder aux bâtiments publics

Waves (Photo Jason611 / FlickR / CC)

Pour les opérateurs de téléphonie mobile, Strasbourg ressemblait à un village gaulois, qui résistait encore et toujours à l’invasion d’antennes relais. Car depuis 2004, les toits des bâtiments publics leur étaient interdits, à la suite d’un moratoire pris par Fabienne Keller, alors maire de Strasbourg.

Certes il restait tout le parc privé, mais installer des antennes sur les copropriétés et les entreprises est un processus beaucoup plus fastidieux. Pour les copropriétés par exemple, un accord du syndic est nécessaire, le délai d’installation dépasse donc l’année et encore, s’il y a une majorité lors de l’assemblée générale… Par ailleurs, la collectivité est propriétaire de la majorité des points hauts de l’agglomération, ne serait-ce que grâce aux immeubles de CUS-Habitat et Habitation moderne.

C’est donc peu dire que la fin de ce moratoire était au menu des discussions lorsque des représentants des opérateurs rencontraient des élus sur les questions d’équipements, de déploiement de la fibre optique, etc. Roland Ries a d’abord tenté d’inscrire la Ville dans le cadre national du Grenelle des ondes, puis dans le comité opérationnel (Comop) en 2011, mais cette structure s’est essoufflée sans résultat.

On en était là jusqu’à ce que des mesures soient effectuées dans la ville, révélant des rayonnements plus importants que la moyenne de 5 volts par mètre (V/m), jusqu’à 8 V/m en certains endroits. Pour Robert Herrmann, premier adjoint au maire en charge de ce dossier, les opérateurs compensent le manque d’antennes en augmentant leur portée :

« Les opérateurs ont fait le constat d’une dégradation de leur service, ce qui est normal car le nombre d’utilisateurs croit fortement, ainsi que les usages et les technologies. Donc ils ont augmenté la puissance du rayonnement émis par certaines antennes pour tenter de réduire certaines zones blanches, mais avec des résultats mitigés. Et puis le réseau sature très vite dès qu’il y a le moindre évènement d’importance, par exemple dans le quartier des institutions européennes… Il fallait agir, ne serait-ce que pour éviter de donner des munitions à Bruxelles pour le siège du Parlement européen. »

L’idée de la municipalité a donc été de lever le moratoire et, en échange, de demander quelques efforts aux opérateurs, résumés dans une charte d’installation. En résumé, les opérateurs doivent s’astreindre à communiquer sur leurs nouvelles antennes et sur leurs émissions, leurs demandes de permis de construire devront être plus étayées.

La charte de déploiement des antennes relais à Strasbourg


Ou cliquez ici pour voir le document dans une nouvelle fenêtre

Peu de contraintes pour les opérateurs

Les élus écologistes ont tenté de retarder l’adoption de cette charte au sein de la majorité municipale. Devant le refus du maire, rappelé lundi, ils ont finalement voté contre. Pour eux, les opérateurs réalisent là une bonne opération, car ils peuvent déployer rapidement leur réseau, sans prendre d’engagement sur les ondes émises. Eric Schultz, président du groupe des élus écologistes de Strasbourg, précise :

« Cette charte concrétise un déséquilibre entre les attentes de la population, en termes de transparence, de santé publique et de précautions et les volontés des opérateurs. Il n’y a pas eu de concertation préalable à la rédaction de cette charte. Ce document au final vise plus à réguler un problème technique de réseau qu’à garantir des niveaux faibles d’exposition aux rayonnements à la population. »

Autre point de friction : qui mesurera les ondes émises ? La charte mentionne l’Agence nationale des fréquences (ANFR), qui édite le site Cartoradio sur lequel on peut retrouver la localisation des antennes et voir quelques (rares) mesures. Mais les écologistes doutent de l’indépendance de l’ANFR, l’organisme d’Etat étant financé par les redevances des opérateurs. Robert Herrmann a précisé en conseil municipal que la Ville s’était dotée d’outils de mesure des rayonnements, et d’un logiciel de cartographie (Mithra Rem), et que les résultats de la surveillance seront publiés sur le site web de la ville.

Les opérateurs ont signé des deux mains cette charte, qui aura quand même nécessité une année de négociations et d’allers-retours, comme l’explique Jean-Claude Brier, directeur régional des relations de SFR :

« Ce qui est gênant dans ce type de charte, ce sont les communications préalables qui peuvent servir à la concurrence. Mais on a pu trouver un terrain d’entente avec la municipalité. Ce type de charte existe dans toutes les grandes villes et nous y sommes attachés car elles mettent fin à une espèce de « suspicion perpétuelle » en nous donnant un cadre clair pour nos investissements, du moment qu’elles respectent la réglementation en vigueur. »

Là dessus pas de risque, le seuil de rayonnement autorisé  par la loi est de 41V/m ! Pour les écologistes, la charte aurait dû fixer un objectif de 1V/m, au lieu de ne s’intéresser qu’aux « points atypiques », pics où les mesures avoisinent les 10V/m.


#antennes relais

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