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Concerts : Chaudes nuits électro de l’Oso et sphère de bouillonnement permanent

Comme tous les ans, le festival de l’Ososphère vient (r)allumer Strasbourg en ce début d’automne. A grand renfort de son brut, fort et puissant pour faire vibrer un quartier et une ville. Mais au-delà des scènes et d’une affiche exigeante mais non mois fédératrice, l’Oso est aussi un objet vivant protéiforme, facteur de réflexion, qui refuse l’immobilisme pour toujours se mouvoir et tenter de surprendre.

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Concerts : Chaudes nuits électro de l’Oso et sphère de bouillonnement permanent

First Serve, du rap, du funk, de la soul ? Un peu tout ça… (Doc remis)

Ne cherchez plus, sauf à croire en votre bonne étoile ou en un sympathique coup du destin, la première soirée de la cuvée 2012 de l’Ososphère vendredi affiche déjà complet. Pour ce plateau grand public intitulé « Electro all over » se produiront, entre autres, SebastiAn et ses remixes incendiaires qui participent de la renommée du label Ed Banger Records, les Parisiens très efficaces des Naïve New Beaters ou encore Fritz Kalkbrenner, auteur avec son frère Paul de la bande-originale de Berlin Calling (en atteste le très identifiable Sky and Sand).

Pour les détenteurs du précieux sésame de vendredi, le gros morceau s’appelle Bromance, collectif et label du Rémois Brodinski et de Manu Barron. Aux machines, Brodinski évidemment, Club Cheval mais surtout un DJ déjà culte, nouveau prince de la nouvelle French Touch 2.0 au nom germanisant fleurant l’acier polaire, la violence brute et la noirceur jouissive d’un nid d’aigle reconstitué : Gesaffelstein.

Opérap le samedi

La soirée du samedi se déroulera en deux temps. Uniquement dans la grande salle tout d’abord avec un volet hip hop marqué par le projet de deux des lascars new-yorkais de De La Soul, Plug 1 & Plug 2 qui présentent First Serve en compagnie de deux producteurs français fondateurs d’un très improbable et délirant « French Coast Sound ». C’est conceptuel et on assiste à un « opérap » inédit. (Mise à jour, cette soirée a été annulée)

Le second volet se décline bien plus drum’n’bass et dubstep avec les Néerlandais de Noisia et Dope DOD, ces derniers misant tout sur un nom très révélateur, Duo Of Darkness (DOD), et une renommée ultra-méritée et nullement galvaudée.

Le Britannique Gemini revient aux affaires samedi, fort de remixes pour les plus grands noms du moment, avec ses sets tirés au cordeau (Blue reste toujours aussi efficace dans une configuration très dancefloor), Rockwell prouvera qu’il fait bien partie des plus excitants et talentueux représentants actuels de la scène drum’n’bass. Mais si l’on entend vraiment en prendre plein les tympans jusqu’à ne plus entendre, jusqu’à ployer sous le coup de watts énergisants et énergiques, c’est avec The Unik qu’il faut choisir de rester. Le Français, issu de la scène métal avant de conquérir les terres électroniques, est un fauteur de troubles des plus terrifiants.

Sur le plan musical, Ososphère se déclinera encore le 6 octobre à la Laiterie avec une soirée du label Kompakt qui fera à coup sûr date avec quelques signatures telles Michael Mayer, Saschienne, Terranova, Coma et Denis Stockhausen. La soirée est présentée en partenariat avec l’université de Strasbourg dans le cadre des 20 ans de la Carte Culture.

L’Ososphère, « bien plus que de la musique »

Mais l’Ososphère, depuis sa naissance à la fin des années 90, c’est bien plus que de la musique, selon Thierry Danet, le patron de la salle de la Laiterie et grand maître des Nuits électronique de l’Ososphère.

« Evidemment, la musique, c’est la partie la plus visible de l’événement. A l’époque, le mouvement électronique était pur et radical avec la techno, et on a voulu faire une proposition par rapport à ces musiques-là. Avec trois points d’entrée : réfléchir de manière générale aux mouvements populaires qui se créent, attirent et fédèrent le public. Voir ensuite comment il était possible de favoriser la rencontre autour de ce mouvement musical électronique car monter des rave, ce n’était pas notre truc, il fallait donc agir différemment. Et enfin, l’Ososphère, c’est et c’était une occasion de parler de la ville, de créer d’un bout à l’autre de la cité afin de poser la question de ce que pourrait être l’espace urbain, de la manière dont il peut évoluer. »

Résultat : l’approche n’a jamais cessé d’être ouverte, les passerelles entre les différentes formes d’expression ont toujours été privilégiées et dès le départ, l’art contemporain s’est donc mêlé à un festival musical. Une folie pour les puristes, mais au final, le mariage est accepté, plébiscité, et surtout il dure. Pari gagné.

Aujourd’hui, Ososphère propose un nouveau format : les nuits électroniques de septembre perdurent, une autre vient compléter l’affiche le 6 octobre mais l’Ososphère reviendra désormais au début de l’hiver, du 7 au 16 décembre dans le quartier du Port du Rhin, sur le site de la Coop, au coeur du port autonome de Strasbourg dans un improbable manoir industriel. Une démarche importante pour Thierry Danet.

« On veut accompagner la trajectoire naturelle de la ville vers ce quartier du Port du Rhin, accompagner également les mutations d’un territoire et en faire profiter avec Ososphère. C’est aussi l’occasion de se connecter avec un autre public et de permettre de porter un regard différent sur une zone en évolution et en construction. Ososphère, c’est un propos choral qui se déploie avec les artistes et les acteurs d’un quartier et d’une ville. C’est un objet global et complexe qui demande de la souplesse dans un double cadre mouvant, celui de l’époque et celui de la cité. »

L’édition 2012 de l’Ososphère se nourrit donc de ses propres expériences, de cet étonnant et très remarqué dispositif de conteneurs installés durant dix jours dans la ville en 2009, de cette exposition au Môle Seegmuller en février 2011 avec un travail in situ en lien direct avec un bâtiment du patrimoine historique, culturel et industriel de Strasbourg.

Ososphère se meut aujourd’hui vers la Coop, conserve son dispositif de croisières sonores, organise pour un temps l’espace de l’Aubette, propose à nouveau des ateliers et met en avant les arts numériques et graphiques. La nouveauté réside, entre autres, dans ces « cafés conversatoires » plus étendus et ouverts à la ville et ses habitants avec des DJ’s qui se relaieront pour accompagner en sons les conversations. Par ailleurs, Ososphère 2012 participe au forum mondial de la démocratie organisé du 5 au 11 octobre à Strasbourg à l’initiative du Conseil de l’Europe et s’associe aussi à l’école d’automne en management de la créativité de l’université de Strasbourg du 5 au 10 novembre. Preuve, s’il en est encore besoin, que ce festival est en état de bouillonnement permanent.

Y aller

Les Nuits électroniques de l’Ososphère le vendredi 28 septembre (complet), le samedi 29 septembre et le vendredi 6 octobre, à la Laiterie, 13 rue du Hohwald à Strasbourg. L’Ososphère s’installe à la Coop, au Port du Rhin, du 7 au 16 décembre. Site web de L’Ososphère.


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