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Incident à Fessenheim : deux blessés et les mêmes questions

Alors qu’une délégation d’associations demandant la fermeture de la centrale de Fessenheim était à Paris, une fuite de vapeur a blessé mercredi après-midi au moins deux employés au cours d’une opération de maintenance. Un nouvel incident à ajouter sur la liste, déjà longue, des dysfonctionnements de cette centrale nucléaire, la plus vieille de France.

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Incident à Fessenheim : deux blessés et les mêmes questions

La centrale nucléaire de Fessenheim (Photo Wikimedia Commons / CC)

Jean-Marie Brom, physicien, Jean-Jacques Rettig de l’association pour la sauvegarde de la plaine du Rhin et André Hatz du collectif Stop Fessenheim étaient reçus ce mercredi à 15h par un conseiller technique de la ministre de l’écologie, Delphine Batho. Ils avaient été invités à la suite d’une lettre dans laquelle ils listaient les problèmes de sécurité qui pèsent selon eux sur la centrale nucléaire de Fessenheim.

Au même moment, les faits ont décidé de s’inviter dans la réunion. Lors d’une opération de maintenance sur le réacteur n°1 de la centrale, une fuite de vapeur d’eau oxygénée s’est produite, blessant aux mains deux employés d’EDF et plus légèrement six autres. Les pompiers ont dans un premier temps fait état de plusieurs blessés et d’un départ de feu mais EDF, dans un communiqué, assure qu’il n’y a pas eu d’incendie et qu’aucune des neuf personnes présentes n’est blessée. Pour l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), « cet incident est sans enjeu de sûreté ».

La centrale de Fessenheim a été inaugurée en 1977, elle est la plus ancienne de France. Elle doit être fermée d’ici 2017 selon un engagement de François Hollande lors de la campagne de l’élection présidentielle. Mais pour les écologistes et les militants locaux, pas question d’attendre cette date, comme l’explique André Hatz :

« Nous avons listé tous les risques qui pèsent sur cette centrale et ils sont trop nombreux ! Il y a les risques due à la production d’électricité nucléaire et les risques liées à sa situation, sur une faille sismique, en contrebas d’un canal, et ceux liés à sa vétusté. Ainsi l’acier de ses réacteurs s’est durci avec le temps, il est devenu beaucoup plus cassant qu’avant. Lors de notre réunion au ministère de l’écologie, nous avons précisé que nous avons fait le constat que cette centrale est hyper dangereuse, c’est elle qui a eu à déplorer le plus d’incidents jusqu’à encore aujourd’hui ! Il est impensable d’avoir à investir des millions dans cette centrale pour continuer jusqu’en 2017. »

20 millions d’euros, pour cinq ans

Installée au bord du Rhin, la centrale de Fessenheim comprend deux réacteurs de 900 mégawatts. EDF a confirmé vouloir investir 20 millions d’euros pour se conformer aux obligations de sécurité de l’ASN.

Pour Jean-Marie Brom, physicien et membre du réseau Halte au nucléaire, le problème est plus profond :

« Je suppose que les choses se sont passées ainsi : au moment du nettoyage d’un réservoir, avec du péroxyde d’hydrogène, il y a eu une réaction à l’eau. Cela semble malheureusement trop normal. Depuis le redémarrage du réacteur numéro le 8 mars, après l’arrêt de tranche décennal, il y a eu 23 incidents, ce qui traduit un défaut de culture de sûreté. Ce n’est pas seulement le matériel qui a vieilli mais les gens. »

Thierry Charles, directeur général adjoint de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), interrogé par Le Monde, a une explication :

« Au cours de l’opération de préparation des produits, une réaction chimique s’est produite dans le bidon, qui a entraîné de la vapeur et une projection de liquide. Il faut bien sûr comprendre pourquoi l’eau oxygénée, produit corrosif et oxydant puissant, a réagi comme cela dans le bidon de préparation. Mais il suffit d’une impureté, qu’un produit gras traîne dans le bidon pour que l’eau oxygénée se décompose et produise du gaz et de la chaleur. D’un point de vue nucléaire, c’est un non-événement ».

Alain Jund et Jacques Fernique, élus d’Europe-Ecologie Les Verts en Alsace, demandent qu’un « calendrier de fermeture rapide » soit établi :

« Nous attendons un programme ambitieux pour une politique nationale et régionale de transition énergétique qui nous permettent notamment de tenir nos engagements internationaux. »

De son côté, le député François de Rugy, co-président du groupe Europe Ecologie-Les Verts, a demandé qu’une « commission d’enquête parlementaire » soit établie car « c’est la garantie que tous les points de vue seront représentés ».

Avec Sophie Verney-Caillat (Rue89)


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