Ce mardi matin devant le tribunal, les associations de défense des Roms vont tenter de retarder les processus de démantèlement visant quatre sites d’implantation de populations roms à Strasbourg : près du cimetière Saint-Gall, rue Wodli, rue Clause, près des jardins familiaux à la Robertsau et rue de Koenigshoffen. A la Ville, on assure que cette soudaine accélération des procédures d’expulsion n’a rien à voir avec le contexte national. Nouveau ministre de l’Intérieur, Manuel Valls a donné instruction début août aux préfets de mettre à exécution les démantèlements de campements roms, « quand il y a eu une décision de justice. »
Conséquence : à Lille, et à Lyon, des campements ont été rasés après l’intervention des forces de l’ordre ces deux dernières semaines. Et à Strasbourg, les contrôles d’identité dans les campements se sont multipliés depuis le début du mois, selon l’Arpomt (Association pour la recherche pédagogique ouverte en milieu tzigane).
Le maire de Strasbourg a demandé que soit pris un ordre d’évacuation des personnes installées sur quatre terrains qui appartiennent à la Ville. Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire (EELV) déléguée aux solidarité, précise qu’il n’y aura pas d’expulsion sans solution :
« Il s’agit de procédures engagées il y a plusieurs mois. Près de la rue Hochfelden, la progression de l’urbanisation a conduit la municipalité à demander le démantèlement du campement, ainsi que pour celui à proximité du cimetière Saint-Gall. Quant aux caravanes installées près de la rue Wodli, il s’agit de protéger ces populations car l’endroit est dangereux. Comme lors des précédentes opérations, nous veillerons à ce que les personnes concernées aient des solutions de repli, soit à l’aire d’accueil installée rue des Remparts, soit en Roumanie, soit autre part. »
Mardi matin, les associations de défense des Roms et l’avocat de la Ville se sont retrouvés devant le juge des référés pour évoquer cette affaire. Un renvoi de quinze jours a été accordé, à la demande de Me Hervé Begeot pour les associations :
« Environ 110 personnes sont concernées. Elles ont été notifiées il y a quatre jour seulement. Nous avons besoin d’un peu de temps pour préparer notre défense, d’autant que nous avons quelques arguments juridiques à faire valoir. »
L’audience a été reportée au 28 août. En attendant, les associations Arpomt et Latcho Roms vont tenter de se rapprocher de la Ville pour savoir pourquoi il est soudainement urgent d’expulser ces populations. Dominique Steinberger, de l’Arpomt, ne voit pas de solution immédiates pour les Roms installés sur ces terrains :
« On nous parle de relogement sur le terrain situé rue des Remparts. Mais il est complet déjà, avec 26 familles présentes. Pour ces 110 personnes, il n’y a pas de solution. On peut certes en trouver, en discuter avec la Ville notamment, mais à l’heure actuelle, c’est une expulsion sans solution. »
Médecins du Monde, dont la mission mobile travaille depuis des années auprès des populations roms, estiment à 400 personnes le nombre de Roms installés à Strasbourg, un chiffre stable depuis 10 ans selon l’association caritative.
(Article modifié lundi 20 août à 15h, précision des propos de Mme Dreyssé)
Retrouvez ci-dessous le compte rendu en direct de l’audience
« Il n’y a pas de solution actuellement. Elles sont à construire. Le terrain rue des Remparts est complet déjà, avec 26 familles présentes. »
« Ces populations avaient une convention, au moins verbale, d’occupation des lieux. Ils ne se sont pas installés comme ça… Et un dialogue existait avec la Ville, donc on aimerait savoir pourquoi on est passés tout d’un coup dans une phase contentieuse. »
« Ils ont été notifiés il y a quatre jours, il y a 140 dossiers de défense à préparer… Je vais quand même avoir besoin d’un peu de temps. »
Pour aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Voyage au pays des Roms de Strasbourg
Sur Rue89 Lyon : une semaine de chasse aux Roms
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