« C’est une très belle idée », de l’aveu même de Robert Grossmann, ex-président de la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) et membre éminent de l’opposition strasbourgeoise. Dans deux ans, 30 petits Français et 30 petits allemands, âgés de 10 semaines à trois ans, seront accueillis dans une « maison transfrontalière de la petite enfance ». Cette nouvelle crèche s’intègre dans une politique municipale de création de 350 nouveaux « berceaux » à Strasbourg (qui en compte déjà 2200) d’ici la fin du mandat, soit en… 2014, date d’ouverture prévue de cet équipement ô combien symbolique.
Son coût : 3 360 000€, répartis de la façon suivante : 350 000€ pour la ville de Strasbourg, 800 000€ pour la ville de Kehl, 265 000€ pour le conseil général du Bas-Rhin, 265 000€ pour la caisse d’allocations familiales du Bas-Rhin et 1,68 million d’euros de l’Union européenne. A noter que c’est la ville de Strasbourg qui met à disposition le terrain et qui prendra à sa charge les coûts d’entretien des bâtiments.
Cinq nouvelles crèches construites d’ici 2014
Les travaux devraient démarrer à la fin de l’été à proximité du Pont de l’Europe et de l’école du Port-du-Rhin. Cinq autres chantiers de crèches sont également programmés à Cronenbourg, au Neuhof, à la Montagne Verte, à la Robertsau et à Kœnigshoffen, « où il y avait de gros manques en matière d’accueil pour la petite enfance », note Nicole Dreyer, adjointe au maire chargée de ce secteur.
La crèche transfrontalière, qui sera bilingue franco-allemand, fera comme les autres l’objet d’une délégation de service public de cinq ans et neuf mois. Des associations, comme l’AASBR, l’AGES ou la fondation Stenger-Bachmann qui gèrent déjà plusieurs multi-accueil (le nouveau nom des crèches…) à Strasbourg, mais aussi des entreprises privées peuvent postuler pour devenir gestionnaire de la structure. La délibération, qui doit être votée ce lundi en conseil municipal, précise en revanche que la définition des tarifs comme le recrutement des familles sont de la responsabilité des villes de Kehl et de Strasbourg :
« Trente places sont réservées aux familles résidant à Kehl et trente places aux familles résidant à Strasbourg. Chacune des villes sera décideur de l’attribution de ces places et de la tarification applicables aux familles. L’accueil des enfants sera assuré par une équipe de professionnels qualifiés dans le domaine de la petite enfance comprenant et parlant l’allemand et le français. »
A relever d’abord : les familles françaises et allemandes ne paieront pas la même chose, à situation financière des ménages égale. L’attribution des places françaises ensuite se fera selon le mode inscrit dans la nouvelle « charte qualité » mise en place à Strasbourg, fruit d’une discussion avec la CAF du Bas-Rhin, financeur principal, les professionnels, les associations de parents, etc. Alors, que dit la charte ? « Pour garantir équité et transparence », les demandes de place en crèche se feront désormais à « un point central pour les demandes contractualisées de plus de 20 hebdomadaires ». Les demandes de mi-temps restant à déposer auprès des directions des crèches. C’est une commission qui tranche ensuite, dossier par dossier (anonymes !), sachant que 1000 demandes restent sans suite chaque année faute de places suffisantes.
Une crèche pour bébés-bobos ?
Les critères sont simples, d’après Nicole Dreyer : 70% des places disponibles sont attribués en fonction de l’ordre d’arrivée des dossiers (les parents peuvent faire deux demandes, la première étant traitée en priorité), sans prise en compte du lieu d’habitation ou de travail des parents. Les places en crèche n’étant pas sectoriées. Les 30% restant sont réservés aux familles défavorisées, à celles avec des jumeaux ou à des enfants handicapés. Et à la crèche transfrontalière ? « Le recrutement ne sera pas spécifique », assure Nicole Dreyer. Pourtant, l’on peut craindre que ces places ne profitent pas aux bébés du quartier. Anne Schumann, élue d’opposition remarque:
« Si l’initiative est excellente, le risque existe que ce soit une crèche de bobos et pas un service de proximité pour les habitants du Port-du-Rhin. D’ailleurs, les mères de ce quartier souvent ne travaillent pas. Ce ne sont pas elles qui font des demandes de places en crèche. Pour moi, la ville anticipe la création des nouvelles « bulles » urbaines du quartier Deux-Rives… Malgré cela, le projet fait consensus, il n’y aura selon moi pas de débat en conseil sur ce point ! »
Fermer le ban.
Les autres points saillants de ce conseil municipal seront la création d’une nouvelle ligne de tramway entre Vendenheim, Strasbourg et Wolfisheim. Au cœur du débat : faut-il un tram sur pneus ou un tram « fer » sur ce tracé qui passe par le quartier très densément peuplé de Kœnigshoffen ? Le soutien de la Ville et de la communauté urbaine au Racing club de Strasbourg sera également au menu, avec le vote d’une subvention et de contrats de prestations à hauteur de 850 000€. Objectif pour les élus : participer financièrement à la saison 2012-2014 du club fétiche des Alsaciens, qui viseront cette fois le niveau National (3ème division). Enfin, la collectivité souhaite mettre en avant sa politique jeunesse, qui évoluera à la rentrée prochaine.
Pour aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : suivre le conseil municipal en direct.
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