Un grand festival qui évite la facilité de la juxtaposition de têtes d’affiche fédératrices et juteuses, cela mérite forcément que l’on s’y attarde. Car les Eurockéennes, en plus d’un menu mitonné aux petits oignons par des programmateurs fouineurs et défricheurs, c’est aussi un esprit particulier qui souffle sur les rives du Malsaucy. C’est une passion vive et incendiaire qui se renforce année après année, une histoire d’amour qui se refuse à la platitude d’une routine annuelle. Pour entretenir la flamme, voilà donc de quoi alimenter le foyer.
Les immanquables mainstream
The Cure (samedi 30 juin). Le groupe de Bob Smith et Simon Gallup justifie à lui tout seul une journée aux Eurocks. On ne présente plus ces Britanniques déclencheurs de vagues d’hystérie collective avec leur new wave crépusculaire et leur post-punk mélancolique. Bien plus que des hits, The Cure a façonné des hymnes générationnels.
Jack White (dimanche 1er juillet). Il fait partie de ces quelques spécimens de génies contemporains du rock. Esprit libre et assurément dérangé, suffisamment fou et passionné pour s’inscrire – et c’est assez rare pour être souligné – dans une démarche jamais galvaudée de création musicale. En prenant des risques. En osant. En misant sur des projets qu’il mène à fond : White Stripes, Raconteurs, Dead Weather, la route en solo et, désormais, deux groupes parallèles – l’un masculin, l’autre féminin.
Cypress Hill (dimanche 1er juillet). Du bon hip hop de L.A., avec quatre cadors du gangsta rap orienté west coast, B-Real, Sen Dog, DJ Muggs et Bobo. Leur son cogne dur, ils mettent l’ambiance, bref, leurs 24 années de carrière ne sortent pas de nulle part.
Pour le pogo, les crampes et les bonnes sensations
Shaka Ponk (vendredi 29 juin). Ces Français happés par Berlin l’audacieuse (qui leur donna leur chance avant que la France ne les adopte) donnent dans l’électro-rock nerveux et frénétique. Avec, en prime, Goz, le petit singe virtuel devenu mascotte, et l’ultra-sexy Samaha, parfaite dans ce Sex Ball vendeur.
Dropkick Murphys (samedi 30 juin). Punk rock celtique et oï. L’étiquette suggère tout un régime à base de Guinness et de réminiscences « poguesiennes » du Shane MacGowan de la grande époque. Avec les Dropkick, même état d’esprit : ça saute, ça cogne, ça boit et ça crie, surtout dans les premiers rangs. Et si la bière imprègne votre t-shirt, pas d’inquiétude, la sueur viendra s’y mêler !
Django Django (samedi 30 juin). Nous vous avions déjà présenté les quatre acteurs de cette nouvelle garde écossaise sans kilt ni whisky. Juste avec d’excellents rythmes accrocheurs et dansants et des morceaux qui sont autant de bombes soniques susceptibles de rameuter sur la plage du Malsaucy tous les spectres, ectoplasmes et fantômes qui hantent les vieux châteaux des Highlands. Et en plus, vous avez l’assurance de passer une excellente soirée !
Pour la jouissance des décibels et la souffrance des tympans
Refused (dimanche 1er juillet). Ces porte-étendards du punk hardcore scandinave se sont reformés début 2012. Et heureusement car voici une occasion de se faire une idée précise de la furie que ces quatre Suédois anarchistes et révolutionnaires génèrent autour de leur chanteur Dennis Lyxzen et du batteur David Sandström. Refused, c’est l’expérience du chaos.
Mastodon (samedi 30 juin). Amateurs de rock poilu, de riffs stoner et de cris gutturaux, Mastodon est fait pour vous. On trempe même ici dans bain de métal brutal bien mastoc. Et avec des albums baptisés Remission, Leviathan et The Hunter, qu’attendre d’autre ?
Cerebral Ballzy (samedi 30 juin). Ils sont cinq, ils sont jeunes, New-Yorkais, aiment la bière, le skateboard et ont une gueule et un look de mauvais garçons. Cerebral Ballzy balance les watts comme on brise parterre tout un service d’assiettes en porcelaine et de verres en cristal. Avec rage et fureur, sans scrupule ni remords, sans réfléchir. Juste pour se défouler. Voilà comment joue Cerebral Ballzy.
Murkage (samedi 30 juin). Manchester mérite bien son surnom de Madchester. Et Murkage en est une preuve supplémentaire. Un gang de quatre DJ’s qui mixent rap et électro et s’aventurent vers les frontières dubstep et jungle pour vous transporter dans une autre dimension où l’unique priorité sera la survie.
Un soupçon de soul
Michael Kiwanuka (vendredi 29 juin). Il inspire paix et confiance. Et avec ses airs de gendre parfait, Michael Kiwanuka semble promis à un beau parcours. Sa voix doucement éraillée et sa musique sans artifice ont convaincu la BBC d’en faire l’artiste à découvrir en 2012, The sound of 2012. Le jeune homme de 24 ans, déjà salué par la critique et le public et comparé notamment à Marvin Gaye, a également assuré plusieurs premières parties d’Adèle. Michael Kiwanuka se produira sur la scène de la plage. A découvrir et écouter dans la torpeur d’une belle fin d’après-midi, juste avant l’apéro.
Reggie Watts (dimanche 1er juillet). Cet Américain branché de Brooklyn est une star de la toile, véritable couteau suisse tendance folk, soul et human beatbox à la voix haut perchée. Beaucoup moins connu sous nos latitudes qu’outre-Atlantique, Reggie Watts a collaboré avec Regina Spektor, LCD Soundsystem ou encore Camille. Et sur scène, il sait allumer le feu et faire le show.
Envie de planer… ?
Avec ou sans quatre feuilles, avec ou sans binouze, avec ou sans lunettes de soleil, c’est à la plage qu’il faudra se rendre le samedi 30 juin. Deux suggestions (parmi tant d’autres) :
Kavinsky. DJ français, artiste de scène surtout, il apparaît sur la bande originale de l’excellent film Drive présenté au festival de Cannes en 2011. La consécration.
Kindness. Des sons rétrofuturistes qui sortent de l’esprit torturé d’un type à la crinière de jais qui a grandi à quelques encablures de Londres. Ces sons, c’est de la house éthérée et vaporeuse agrémentée de légères nappes de claviers. Idéal pour un clair de lune au bord d’un lac.
Mention spéciale pour apparition exceptionnelle
Amadou & Mariam et Bertrand Cantat (vendredi 29 juin). Dans son dernier disque Folila (Because Music), le couple malien multiplie les collaborations (Santigold, TV on the Radio, Ebony Bones, Scissor Sisters, etc). Voilà qui justifie ce titre en bambara, signifiant « Venez jouer ». Amadou nous présente ce disque comme « le disque de trois continents : l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Mais la collaboration la plus marquante, dit-il, c’est avec Bertrand Cantat. Il est venu au Mali avec nous, il y a passé du temps, on a joué et écrit ensemble ». Et justement, l’ancienne voix de Noir Désir apparaît à quatre reprises sur cet album également guidé par un fil conducteur, la guitare. Bertrand Cantat refoulera donc une scène des Eurockéennes – la dernière fois remonte à 2002 avec Noir Désir – et c’est même la seule et unique occasion estivale d’assister à cette collaboration scénique entre Amadou & Mariam et Cantat (qui ira peut-être aussi rejoindre sur scène Shaka Ponk le même jour puisqu’il avait participé à un titre du groupe français).
Signalons enfin la présence sur le site du Malsaucy de deux formations alsaciennes le vendredi 29 juin : Los Disidentes Del Sucio Motel sur la scène de la plage et Art District au club Loggia.
Y aller
Les Eurockéennes, vendredi 29 juin, samedi 30 juin et dimanche 1er juillet, île du Malsaucy à Belfort. Programme complet ici.
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