Il y a un an donc, j’essayais d’appréhender ce qu’était cette partie (quelque peu mystérieuse il faut bien l’admettre) de la création contemporaine : de la poésie si différente de celle de ma tendre jeunesse. Ainsi, en ce 17 juin 2011, ce sont Paul Anders et Jörg Piringer qui m’avaient le plus interpellée.
Paul Anders est une jolie poétesse “hoquetteuse” marseillaise, qui déclame des textes. Elle lit soit ses mots soit ceux d’autres auteurs. Elle travaille sa respiration, manque de s’étouffer, hoquette et, par tous ces petits sauts entre les mots, rythme ses histoires et nous les donne à entendre et vivre différemment, étrangement surprenant, drôle et émouvant en même temps ! Cela aussi quand elle parle de son travail : « Je ne suis pas une femme fontaine de l’écriture. J’écris par hoquet. Et encore j’ai le hoquet rare et isolé. »
Pour ce qui est de Jörg Piringer, je me suis en quelque sorte laissée happer par son œuvre. Lors de cette soirée, il a « joué » la « performance abcdefghijklmnopqrstuvwxyz » dont j’avais vu un extrait sur youtube. On était installés par terre sur des coussins, il nous faisait face, sur une table devant lui il y avait un micro, un ordinateur, etc. Derrière lui, il y avait un écran sur lequel des lettres de l’alphabet étaient projetées.
Je ne suis pas certaine de pouvoir vous décrire correctement ce que j’ai vu ce soir-là. Des lettres arrivaient sur l’écran, le rythme de leur apparition variait, à d’autres moments il y en avait peu tandis que l’instant d’après, il y avait une accumulation d’une même lettre ou de plusieurs, comme si le vide de l’écran devait, à tout prix, être rempli. Le son se modifiait aussi en fonction des lettres projetées sur l’écran, saturant ou non l’espace. Jörg Piringer est un artiste viennois créateur de ses propres logiciels qui lui permettent, par une interaction constante, de concevoir ses poèmes visuels et sonores en temps réel. À voir, c’est impressionnant et l’on peut se rendre compte de la technique utilisée pour la réalisation de sa performance sur son site.
Finalement, je crois que le plus important ce n’est pas d’essayer de comprendre comment c’est fait même si c’est intéressant, mais, à un moment donné, j’ai arrêté de m’interroger sur le comment et j’ai commencé à vivre cette expérience et à me laisser entraîner par ces lettres qui, dans mon esprit, ont commencé à composer des mots, des idées et des histoires.
Je vous souhaite de pouvoir, un jour, faire de même et de vous laisser surprendre par des formes poétiques si différentes de ce qu’on nous a appris ! C’est possible dans quelques jours, du 10 au 16 juin le Hall des Chars réitère l’expérience, nouvelles découvertes en perspective… Au programme donc : Anne-James Chaton, Jaap Blonk, Pierre Louis Aouston, Weronika Lewandowska, Julien Ottavi, Joachim Montessuis, Lucie Rivaillé, Christophe Boursault, etc., etc. Je pourrais encore continuer à les lister mais est-ce vraiment utile ? Le programme est par là, ça se passe dimanche après-midi le 10, mercredi 13, jeudi 14, vendredi 15, samedi 16 au soir ainsi qu’une table ronde le 16 à 10h à la galerie Stimultania, au plaisir de vous y croiser et de vous en rendre compte la semaine prochaine !
Y aller
Sans titre mais poétique, du 10 au 16 juin 2012 au Hall des Chars, 10 rue du Hohwald à Strasbourg (Tram B station Laiterie). www.halldeschars.eu
Chargement des commentaires…