Mardi matin à la brasserie « Au Poilu », Pierre Ozenne, le zélé militant du « Collectif pour le tram fer à Koenigshoffen » était flanqué de Gisèle Ranger, membre du Collectif et venue exprimer le point de vue des habitants quant à cette délicate question : quelle technologie, fer ou pneu, pour le tramway devant desservir les quartiers ouest de Strasbourg ? Et pour Gisèle, c’est clair, c’est le tram sur fer car « pourquoi est-ce qu’on n’aurait pas le même tram que les autres ? »
Et voilà bien le cœur du problème : quels que soient les avantages comparés du tram sur pneu par rapport au tram sur fer, les membres du Collectif ont l’impression que la CUS veut leur refiler un tramway au rabais. Pour Pierre Ozenne, c’est très clair, « rien ne justifie un tramway sur pneus à Koenigshoffen » :
« En 1989, alors qu’il fallait choisir comment équiper la ville en tramway, on aurait pu se poser la question. Mais aujourd’hui, aucun argument ne vient en faveur de la solution sur pneus : il serait sous-dimensionné, les coûts d’entretien seraient plus élevés car il faut refaire les chaussées à cause de l’orniérage, l’emprise au sol est compatible avec une solution sur rails, et ce n’est même pas plus long à mettre en œuvre ! »
Afin de démontrer qu’un tramway sur fer peut passer par des rues exiguës, le Collectif est même allé réaliser une petite vidéo à Angers, où circule un tramway passant en centre-ville, par des rues dont la largeur fait moins de 10 mètres, en alternance sur une voie :
Autre argument avancé par le Collectif : une étude commandée par la CUS en 2011 sur la faisabilité d’un tramway sur fer à Koenigshoffen propose trois itinéraires possibles. Mais cette étude avait été ordonnée pour faire des hypothèses dans le cadre de la réalisation d’un tram-train vers la vallée de la Bruche, projet aujourd’hui au placard. Pour la Ville, cette étude est « obsolète » et ne saurait être utilisée dans le cadre d’un prolongement des rails vers les quartiers ouest aujourd’hui.
Un confort « à peine amélioré » par rapport à la desserte actuelle en bus
Pour Pierre Ozenne, l’ouest de l’agglomération fait les frais d’une extension vers le nord de la CUS peu rentable :
« On nous a expliqué que la ligne de tramway vers Schiltigheim ne serait pas assez rentable si elle n’était pas couplée avec une extension. Donc on a profité des besoins réels de transports à Koenighsoffen pour étoffer une ligne bancale vers le nord. Quand on étudie de près ce dossier, on arrive à ce genre d’arguments, des choix qui répondent à des critères qui n’ont rien d’objectifs. »
Le résultat de la concertation préalable fera l’objet d’une délibération lors du Conseil de communauté du 29 juin (ou du 12 juillet, suivant l’arrêt final de l’ordre du jour). Les élus décideront ensuite ce qu’il convient de faire, comme le détaille Jacques Bigot, président de la CUS :
« Rien n’est arrêté. La concertation se poursuit d’ailleurs avec des réunions publiques prévues à Eckbolsheim et à Wolfisheim fin juin. Et ensuite, nous pouvons décider d’arrêter là, de demander d’autres études, de modifier le projet initial ou de tout reprendre… Il ne faut pas opposer les technologies. Même si à travers l’histoire, le tramway s’est construit en France sur des rails de fer, il faut garder l’esprit ouvert. »
Reste que le Collectif goûte assez peu la programmation de la délibération sur la concertation préalable quelques jours avant l’été. Pour Pierre Ozenne, il s’agit d’une volonté de la CUS de « passer en force ». Il prévient :
« Si la CUS ne nous entend pas, si Jacques Bigot et Roland Ries continuent sans prendre en compte nos arguments, nous sommes prêts à prendre la voie contentieuse. Il y a trop d’argent public en jeu pour un confort des habitants de l’ouest à peine amélioré. »
Le Collectif donne rendez-vous le 31 mai pour un « débat public » à Koenigshoffen.
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Débat public « Quel tram à Koenigshoffen », le 31 mai à 19h30 au Foyer Saint-Joseph, 4 rue Saint-Joseph à Strasbourg-Koenigshoffen.
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