A 22 ans, Florian Brunner a plusieurs casquettes. Avec des visières qui ont toutes quelque chose à voir avec l’engagement, qu’il soit représentatif, associatif ou politique. En classe de première scientifique, il suit les élections présidentielles de 2007. Il n’adhère pas au projet économique de Nicolas Sarkozy, reproche à Ségolène Royal son côté gaffeur et ses propositions sur l’éducation et sur l’armée. S’il avait eu le droit de vote, il l’aurait exercé en faveur du PS au second tour. C’est à ce moment-là que le discours du MoDem sur la dette et la démocratie séduit Florian Brunner. A cette époque, il représente son lycée Blaise Pascal de Colmar auprès du maire. Son étiquette de délégué lui permet aussi d’expérimenter la médiation et la gestion des tensions entre élèves. Des tensions qu’il va vite retrouver à l’échelle politique cette-fois ci. Alors qu’il est en terminale, il s’engage aux côtés du MoDem lors de la campagne pour les élections municipales de Colmar en 2008.
Une plongé dans le bain politique, dans les eaux froides des municipales colmariennes
Et c’est bien là qu’il apprend le fonctionnement politique de la vie locale, dans un feuilleton à épisodes et à rebondissements. Alliances, mésalliances, constitutions de listes, annulation des votes et nouvelles élections quelques mois plus tard. Florian Brunner aura tout vécu. Les représentants des jeunes des groupes politiques majoritaires finissent même par établir leur propre liste sans étiquette. C’est la liste « Bougeons les lignes ». Cette formation indépendante récolte 5,39% des voix et obtient un siège au conseil municipal. Quand Florian y repense, « cela a été épique, il a fallu constituer une liste très rapidement et lever des fonds dont le remboursement n’était pas certain ».
Septième sur cette liste, le jeune colmarien reste enlisté au MoDem, mais très vite, voilà que c’est le MoDem qui ne veut plus de lui. Les représentants des partis dont les jeunes étaient issus n’ont pas apprécié cette initiative de liste indépendante. Cela remonte jusqu’au niveau national et Florian est suspendu du parti pendant deux ans. Mais Florian ne se décourage pas. Il continue avec « Bougeons les lignes », qui devient une association. Il en prend même la présidence fin 2011. Son credo : « dépasser les clivages et apporter un regard frais sur la vie politique locale ».
Le pessimisme relégué au placard
Les casquettes ne s’arrêtent pas là. Florian entre au conseil de l’IUT de Colmar lorsqu’il devient étudiant en DUT carrière juridique, il sera ensuite élu au conseil d’administration de l’Université de Haute Alsace à Mulhouse où il étudie en licence de droit. S’il ne s’agit pas de politique (quoique), Florian est confronté au tensions et petites luttes internes qui rythment la vie de toute organisation.
Avec la démultiplication des engagements, comment assurer sur tous les tableaux ? « Ca se complète, j’apprends de chaque côté » explique Florian qui ne se démonte pas. Face à l’éparpillement des troupes parmi les rangs des Jeunes Démocrates d’Alsace, il pousse un petit coup de gueule à la rentrée. Et ça marche : quelques amis le voient bien se porter candidat pour prendre la tête du mouvement. En octobre 2011, il se fait élire et devient président pour deux ans des Jeunes Démocrates d’Alsace.
Assez étonnamment, il dit ne pas se projeter et n’envisage pas forcément une carrière politique. « Il faut tenir son engagement avec honnêteté mais savoir ne pas faire que de la politique ». A l’observer, il en maîtrise pourtant déjà certains rouages: une touche de rhétorique, le choix pesé et la pause de chaque mot, un soupçon de langue de bois… Preuve en est sa réponse à son état d’esprit pour cette présidentielle: « Je ne suis pas pessimiste ». Bon.
Ce qui semble compter, Florian le répète, c’est « le collectif ». Lui, le grand sportif, adepte pourtant de sports individuels (natation, jogging, escrime, kayak)… Et puisque l’Europe tient une place importante dans le programme du MoDem, et que l’Alsace se pose là comme terreau à ce discours, que penser de l’élection au suffrage universel direct du Président du Parlement européen, une proposition phare de son candidat ? « Ce n’est pas une mauvaise chose ». Ok.
D’un François à l’autre
Un candidat sur lequel Florian porte même un regard mitigé. « Son problème de bégaiement et d’élocution a pu lui jouer des tours, mais aujourd’hui, je ne vois pas qui d’autre pourrait représenter le centre » estime l’étudiant en droit. Lorsque François Bayrou a tenu son meeting à Strasbourg en mars, Florian, alors fraîchement président des Jeunes Démocrates d’Alsace n’a pas particulièrement cherché à le rencontrer : « J’avais déjà eu l’occasion de lui serrer la main quand j’étais plus jeune, en 2007, et si j’ai des suggestions à faire remonter, je sais par qui passer (ndlr, Yann Wehrling, porte-parole de François Bayrou est alsacien). ».
Après les 4,2 % récoltés par le MoDem aux régionales en 2010, les quelques 12% d’intentions de vote pour les présidentielles le placent encore loin des 18% des suffrages de 2007. Pour Florian, « l’indécision des électeurs relève d’une lassitude du clivage droite-gauche établi par les grands partis ». Et Florian a fait ses choix : ses bulletins de vote s’appelleront François au premier comme au second tour.
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