Le genre théâtre de l’opprimé, né dans les années 1970 en Amérique latine, vise à mettre en scène une situation de conflit ou d’oppression, au cours de laquelle le public entre lui-même en jeu, pour apporter des solutions participatives au dénouement du problème. « Groupes minoritaires, luttes, combat »… Ces mots ponctuent régulièrement le discours de Sophie, aussi bien quand la jeune femme parle de son militantisme politique, que lorsqu’elle dit avoir choisi d’étudier le théâtre comme fenêtre d’observation du monde. Observation qu’elle souhaite approfondir en se lançant dans une thèse après son master.
Le lycée, son terreau de la résistance
A 16 ans, Sophie Coudray soutient le mouvement contre le CPE. Elle est en seconde dans un lycée orléanais et estime à ce moment-là défendre une revendication pour l’avenir. Son père est très sensible à l’écologie, sa mère proche des syndicats, sans s’engager pour autant. Ils ont accompagné le choix de Sophie. « J’aurais pu perdre mon année scolaire dans cette lutte, mais qu’est-ce qu’un an quand on défend son futur ? » ironise la jeune femme.
Elle reconnaît que sa famille a respecté ce choix qui a pu effrayer d’autres parents. Galvanisée par ce soulèvement de jeunesse, Sophie cherche à donner corps à « son envie de révolution » et intègre la LCR, Ligue Communiste Révolutionnaire avec un ami de son lycée. Son année de terminale littéraire est ponctuée par des actions de mobilisation avec la LCR et le Réseau Education Sans Frontière pour la défense d’une élève sans papier, menacée d’expulsion. Arrivée à Strasbourg pour ses études en arts du spectacle, Sophie Coudray se rapproche de la section locale de la LCR. C’était au moment de sa dissolution et de la fondation du NPA en février 2009.
Féminisme et renversement du système
Qu’il s’agisse de la LCR ou du NPA, ce qui préoccupe Sophie, c’est avant tout « l’urgence de la lutte ». Quelle lutte ? LA lutte ! Une lutte qu’elle estime nécessaire contre « le rythme effréné que prennent le néolibéralisme et la société patriarcale ».
Même si la jeune femme veut « rester fidèle à ses idéaux », elle reconnaît qu’il est parfois « décourageant de soutenir des luttes qui durent de plus en plus longtemps sans rien obtenir ». Elle s’entend souvent dire que son engagement anticapitaliste serait « une revendication étudiante qu’elle abandonnera progressivement quand elle devra entrer dans le monde du travail ».
Mais pour Sophie, il serait « triste de devoir se ranger du combat ». Un combat qu’elle mène avec aisance au sein de sa faculté. « Je suis dans un microcosme relativement favorable et ouvert aux questions posées, car le monde de l’art et du spectacle tend à être un milieu marginalisé. Les étudiants ont même pris l’habitude de me voir distribuer des tracts » souligne Sophie. Anticapitalisme, anticolonialisme, laïcité, féminisme, ce que Sophie apprécie au sein du NPA, « c’est de recevoir une formation théorique, faire un travail informatif pour comprendre, transmettre à son tour et pouvoir organiser la résistance ».
La résistance ! La jeune femme l’a également menée au sein d’un mouvement étudiant féministe.
« Le cadre associatif des Poupées en pantalon a représenté le lieu d’une expression, parfois plus radicale qu’un parti (ndlr, notamment à travers les quatre revues réalisées et éditées par l’association), car il semble plus facile de solliciter une association. Par exemple, les Poupées ont été invitées par la Commission des femmes à la Mairie, un parti ne l’aurait peut-être pas été » précise Sophie.
Lutter sur le terrain, plus que dans les institutions
Militantisme et associatif, Sophie en connaît un rayon. « Même si c’est prenant et fatiguant de courir sur tous les fronts à la fois, ce qui compte, c’est l’envie » sourit Sophie. Cette envie pourrait-elle se concrétiser par une carrière politique ? Sophie continuera à militer mais pas n’a pas l’intention d’entrer dans une institution qu’elle combat. « Je ne suis pas dans le compromis et je suis même fière de ma radicalité » se justifie-t-elle.
Cette radicalité, elle la définit comme « la nécessité d’un renversement total, d’un déracinement de la société en renversant le capitalisme et le patriarcat ». Quand la question des moyens concrets pour y arriver vient sur la table, la jeune femme avoue avoir « de belles idées utopiques » et souhaiterait « d’autres formes d’instances de décision, à inventer ensemble une fois le système renversé ».
Mais avant la révolution, Sophie se dit aussi angoissée par cette présidentielle, « nous sommes abreuvés de sondages, il est difficile de percevoir la réalité ». La réalité, pour son parti, est qu’il a été difficile également de recueillir les 500 signatures. Sophie a confiance en son candidat, Philippe Poutou, la jeune femme le répète pourtant, « l’urgence n’est pas de placer un nom, mais d’être présents dans toutes les luttes ». Une présence que la militante estimerait d’autant plus nécessaire que son parti a davantage l’expérience du terrain que des organes représentatifs.
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