Ce savoir-faire, Meliké le peaufine au sein des Jeunes Populaires de Schiltigheim. Elle est encartée à l’UMP depuis juillet 2011. S’il s’agit de son premier engagement dans une campagne présidentielle, l’étudiante en première année de droit à l’Université de Strasbourg n’est pas novice en matière d’élections. Aussi bien du côté des urnes que de la tribune. Au printemps dernier, elle a vécu ses premières cantonales en tant qu’électrice et militante. Elle soutenait le candidat de la Gauche Moderne dans sa circonscription. « Jean-Marie Kutner m’accordait toujours un temps de parole avant ses meetings, j’y présentais mon parcours et expliquais pourquoi j’étais impliquée, un très bon exercice qui m’a aidé à vaincre ma timidité », explique Meliké. Son investissement « politique » personnel remonte pourtant à son enfance, en tant qu’élue dans sa ville au conseil des enfants, puis des jeunes.
A 5 ans, elle suit les séances publiques de l’Assemblée à la télé
« C’est vrai qu’à 4 ou 5 ans, j’ai pu trouver ça ennuyant, puis vers 10 ans, j’ai eu un déclic. Je me suis dit qu’un jour, moi aussi j’aimerais être à leur place ». A l’heure où les enfants de son âge passent le mercredi après-midi à frapper dans un ballon ou à faire des tours de vélo dans le quartier, Meliké suit les retransmissions des séances de l’Assemblée nationale avec sa mère. Des échanges et commentaires de séances avec sa famille de droite, qui ont nourri les valeurs politiques de Meliké.
Elle a peu après l’occasion d’expérimenter elle-même les rouages de l’engagement politique local en se faisant élire au conseil des enfants, puis au conseil des jeunes schilikois pendant ses années collège. De cette période, elle retient surtout « des échanges d’idées plus que de réelles oppositions droite-gauche entre les jeunes du conseil ». A cette époque-là, les actions des conseillers juniors tournent autour de discussions préparées en commissions. Meliké se souvient avoir travaillé sur des thématiques liées à l’environnement et reste touchée par une rencontre entre générations dans une maison de retraite.
D’abord à la Gauche Moderne, un petit parti plus facile pour se faire un nom
Ses idées politiques, Meliké les exprime un peu plus tard, lorsqu’elle décide de s’engager. Au lycée, elle rejoint la Gauche Moderne, elle y est alors la plus jeune militante. « Je voulais passer un cap et m’engager dans un parti, je me sentais proche des valeurs de l’UMP, mais j’avais peur de ne pas trouver ma place dans un grand parti. Même si, dans La Gauche Moderne [fondée par Jean-Marie Bockel fin 2008], le mot « gauche » ne m’a, au début, pas rassurée, j’ai choisi ce parti car il s’est tout de même rallié à la majorité présidentielle. Dans une structure de plus petite taille, je me sentais aussi plus à l’aise pour me faire un nom », se justifie Meliké.
Et pour cause, la jeune femme envisage de faire de la politique une carrière, tout d’abord au niveau local, « car pour réussir au plus haut, il faut commencer au plus bas », croit savoir Meliké. Ses études sont alors pensées en conséquence : une licence de droit pour débuter, puis un master à Sciences Po.
S’encarter : une histoire de famille… vécue à l’envers
Lorsqu’elle prend sa carte à la Gauche Moderne, ses parents suivent le même chemin. Puis ils réitèrent lorsque leur fille aînée choisit finalement d’intégrer l’UMP cet été. A l’âge où l’on cherche son autonomie, comment est vécu l’engagement parental à ses côtés ? « Cela m’a aidé que mes parents me soutiennent, même s’ils sont derrière moi, je ne me sens pas étouffée par leur présence » sourit Meliké. Sa cadette attend ses 16 ans avec impatience pour suivre les pas de la grande sœur. Et cela pourrait bien continuer, chez les Sahin, la fratrie comptant cinq frères et sœurs.
« On nous demande d’être très présents sur les réseaux sociaux »
« J’étais de moins en moins motivée pour poursuivre avec la Gauche Moderne car je me sentais mieux avec l’UMP. J’y avais déjà des amis », précise Meliké. Depuis, la jeune femme s’est bien intégrée. Elle n’oublie pourtant pas qu’au début, ce n’est pas évident, « c’est pour cela que je n’hésite pas à approcher les jeunes pendant les meetings, car je sais ce que c’est d’être nouvelle », confie la jeune militante. Elle semble aujourd’hui se sentir comme un poisson dans l’eau, entourée de ses « camarades », comme elle les appelle.
« Ce sont devenus des amis, et pour certains, nous nous retrouvons à la fac ». Que nous nous voyions en cours ou chez les Jeunes Pop, il n’y a pas de différence. De même quand il faut coller des affiches, de préférence pendant les heures creuses pour que ce soit plus sûr et plus calme, seulement par précaution, sans qu’il y ait déjà eu de problème », indique Meliké. Au programme des Jeunes de l’UMP également, des séances de formation où l’on apprend à bien se tenir pour un discours, à savoir parler en public. La posture de la jeune fille, calme et sérieuse, témoigne que la leçon a été bien retenue. « On nous demande également d’être très présent sur les réseaux sociaux ». Facile, puisque Meliké est une enfant de cette génération Y, qui twitte comme elle respire.
Optimiste quant à la réélection de Sarkozy
Mais ce que la « Jeune Pop » retient le plus dans son engagement, c’est ce contact direct pendant le tractage. Selon Meliké, « les jeunes sont perdus et de moins en moins politisés. Nous sommes là pour expliquer, pour les inciter à aller voter ». Alors, être militante, est-ce aussi une mission civique ? « Bien sûr, s’ils votent pour notre candidat, ce serait mieux, mais ce qu’on espère déjà, c’est qu’ils aillent au moins faire le déplacement dans un bureau de vote ». Leur candidat, Meliké le soutient depuis 2007 et « ne regrette pas son choix ». Même si elle dit avoir pris du recul depuis cette période, la personnalité de Nicolas Sarkozy la séduit encore aujourd’hui et elle « ne voit toujours pas qui pourrait mieux incarner la fonction présidentielle que lui ; il a une manière de parler et une carrure de président ». Comme un discours appris par cœur, Meliké ajoute « qu’il ne faut pas oublier qu’il y a eu la crise entre temps » et qu’elle « ne voit pas qui peut faire mieux ». Faire mieux, est-ce que cela passe par une réélection ? L’étudiante en droit se dit optimiste :« Il faut y croire, mais il va avoir besoin de ses militants, il ne peut pas y arriver seul ! »
La semaine prochaine : la première campagne de Maïeul Rouquette, du mouvement des Jeunes écologistes Alsace. Vous pouvez déjà lire le portrait de Clémentine, militante socialiste.
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