Sur l’un des diapos de présentation de l’extension de la ligne D, dont on vote aujourd’hui (lundi) l’avant-projet en conseil municipal, un fin trait vert relie la place d’Islande, terminus de la ligne F côté Esplanade, à l’emplacement de la future station « Starcoop », située à mi-chemin des terrains de la Coopérative et de celui du quai Starlette.
Ce trait symbolise-t-il une liaison tram entre la F et la D à l’horizon 2014-2015 ? « Non, non, non, c’est une ligne de bus », s’empresse de répondre Gilles Brochard, chef de projet tram à la ville de Strasbourg. « C’est une préfiguration de ce que sera la future ligne de tram-train dans le secteur », ajoute le maire de Strasbourg Roland Ries et vice-président de la CUS chargé des transports. Alors, à quand ce tronçon version tram-train ? « Il n’a encore jamais été ni discuté ni programmé », assure Alain Fontanel, adjoint au maire et vice-président de la CUS en charge des finances. Voilà, voilà…
Adieu RER transfrontalier
Et pour cause, ce projet de ligne de tram-train Bruche-Piémont-Strasbourg*, qui aurait dû être livrée en 2014, achoppe depuis des années sur un écueil, celui du percement d’un nouveau tunnel sous la gare, indispensable pour connecter réseau ferroviaire au réseau de tram urbain. Trop cher, trop lourd… Adieu donc le « RER transfrontalier du Piémont des Vosges au Piémont de la Forêt Noire », dont rêvait Roland Ries jusqu’en 2009 ! Et bonjour, le cul de sac du tram place d’Islande – du provisoire promis à un bel avenir puisqu’on parle de 2018 pour la mise en service de cet hypothétique tram-train. Qui lâchera donc ses passagers au bout du bout de l’Esplanade, juste avant le pont d’Anvers.
Parole de riverains
Et les riverains, eux, qu’en disent-ils ? Certains s’en contrefiche, telle la boulangère, dont les clients « sont du quartier ou s’arrêtent en voiture ». Le tram ? « Il n’a rien changé pour nous. » Intercepté sur son Vélhop, Marc, 40 ans, vit quant à lui en périphérie de Colmar (!) et travaille à la Chambre régionale d’économie sociale (CRES Alsace), installée dans des bureaux sur les terrains de la Coop, « là-derrière ». S’il apprécie ces 40 minutes de vélo quotidien entre la gare et le port du Rhin, il serait preneur d’un tram qui passerait le pont d’Anvers, « pour quand il fait vraiment trop moche ».
Co-gérant d’Esprit Cycles (réparateur de vélos), Tom, 34 ans, a un intérêt évident à voir le tram rallier Kehl : installé depuis juillet 2011 en face des locaux provisoires du tribunal, il voit arriver de nombreux clients d’Allemagne, « qui seraient bien plus nombreux si le tram venait jusqu’ici ». Jeune avocate de 29 ans, enfin, Audrey est persuadée que « compléter cette ligne n’est pas une priorité, puisque le tribunal n’a pas vocation a rester ici… » Si Strasbourg souhaite, avec le tram D un peu plus au sud, regarder résolument vers le Rhin et effacer la frontière, le quartier de l’Esplanade, lui, restera à l’écart du circuit. Et un cul-de-sac pour longtemps.
* Un morceau de cette ligne F, capable de supporter le passage d’un matériel roulant adapté aussi bien au réseau ferroviaire qu’au réseau urbain, est opérationnel depuis 2010 entre la gare et le centre-ville, via la rue du Faubourg-de-Saverne. Mais n’y circulent aujourd’hui que des trams urbains.
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