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Des identitaires du « bastion social » ouvrent un bar associatif à Strasbourg

À la manière des néofascistes italiens de Casapound, des militants identitaires ont annoncé l’ouverture d’un « bastion social » à Strasbourg dont l’objectif est de s’occuper « des nôtres avant les autres. » La localisation exacte de ce bar associatif, baptisé L’Arcadia, est encore tenue secrète. L’annonce a surpris les réseaux antifascistes strasbourgeois.

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L’annonce est d’abord apparue sur Facebook et les réseaux sociaux : le samedi 9 décembre à 15h, inauguration du « bastion social » de Strasbourg, L’Arcadia, en présence de Steven Bissuel, le président de « bastion social. »

Ce mouvement lié à l’extrême-droite radicale et identitaire, ainsi qu’au GUD (groupe union défense), s’est fait connaître en occupant des locaux vides dans le centre de Lyon fin mai, avec l’ambition d’y héberger des personnes sans domicile (lire l’article de Rue89 Lyon), triées en fonction de leur origine ethnique ou leur nationalité.

L’éphémère « bastion social » de Lyon (capture d’écran)

Le squat avait finalement été expulsé mi-juin, soit deux semaines après son ouverture. Les militants identitaires lyonnais se sont inspirés des méthodes du mouvement Casapound. Les membres de ce groupe néofasciste italien « réquisitionnent » aussi des immeubles vides de Rome pour y loger des sans-abris depuis 2003. Des liens très serrés existent entre les néofascistes italiens et les identitaires lyonnais.

Affiche annonçant l’ouverture du bastion social de Strasbourg

À Strasbourg, la stratégie est légèrement différente puisque les nationalistes affirment disposer d’un bail de location en bonne et due forme. Dans le même temps, la section locale du GUD annonce sa dissolution dans le « bastion social. » Contactés par l’intermédiaire de leur page Facebook, un « porte-parole » de L’Arcadia précise :

« Nous disposons d’un local en centre-ville de plusieurs pièces et nous allons y installer une salle de projection et un bar associatif. Pour l’instant, nous ne prévoyons pas d’héberger des sans-abris bien que nous aurions la place pour le faire. On a réalisé les travaux et il ne nous reste qu’un peu de mobilier à installer. Le loyer est payé par notre association, dont les recettes sont composées des cotisations d’une vingtaine de membres et tout est en règle. »

Localisation gardée secrète

Les identitaires strasbourgeois refusent pour l’instant de dévoiler d’autres détails sur leur local, y compris sa localisation exacte ou l’identité des membres du bureau de leur association. Ils affirment ne pas être reliés au GUD mais revendiquent en revanche leur affiliation au « bastion social » :

« Le « bastion social » est un mouvement métapolitique, identitaire, social et fraternel de cohésion nationale. Nous encourageons l’autonomie, la simplicité volontaire, la formation, l’apprentissage, l’artisanat et tous les modes de vie qui permettent à l’homme de reconquérir sa dignité face à la macro-machine de la mondialisation. »

Du côté de la gauche strasbourgeoise, c’est la consternation. Les identitaires font peu parler d’eux à Strasbourg, la dernière fois c’était en mai à l’occasion d’une rixe contre des militants antifascistes dans le centre de Strasbourg. Conseiller municipal « La Coopérative », Éric Schultz a vivement réagi à l’annonce de l’ouverture de L’Arcadia :

« À Lyon, ces personnes ont organisé des soupes identitaires, avec du porc donc pour en exclure les Musulmans, ils s’en sont pris à des chantiers de construction de mosquées… Il y a une stratégie d’implantation de cette idéologie à Strasbourg et il ne faut pas laisser passer ça, ne pas faire comme si cette installation était normale. Ils indiquent vouloir créer un lieu recevant du public, qu’ils sachent qu’à partir de 20 personnes, ça demande des autorisations spéciales. On ne les laissera pas faire n’importe quoi. »

« La métapolitique, le social, c’est leur nouveau grand truc »

De son côté, un militant antifasciste historique tempère :

« Cette irruption d’un local de fafs a surpris tout le monde. C’est mauvais signe car jusqu’à présent, les fafs n’ont jamais réussi à s’implanter durablement à Strasbourg. Mais c’est aussi à mettre sur le compte de leurs nombreuses divisions. La métapolitique, le social, c’est leur nouveau grand truc mais ça demande des efforts et une certaine constance. Toutes leurs précédentes tentatives ont échoué en quelques semaines. »

Reste un autre sujet : l’inauguration de L’Arcadia est prévue en plein Marché de Noël ultra-sécurisé, avec des forces de sécurité déjà sollicitées. Pas sûr que les autorités soient d’humeur à tolérer un face à face musclé en tendu entre néofascistes et antifascistes pendant cette période…


#Bastion Social

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