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Gardons « En Marche » démocratique et décentralisé !

Les adhérents de « En Marche » ont jusqu’au dimanche 30 juillet pour voter les statuts constitutifs du mouvement fondé par Emmanuel Macron. Mais certains membres fondateurs dénoncent une dérive autocratique et centralisatrice du parti, rebaptisé « La République En Marche » (LREM). Ils appellent à voter « non », comme Gérard Bouquet, conseiller municipal et communautaire de Schiltigheim.

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Au commencement, « En Marche » était une promesse de renouveau.

Organisé comme un mouvement citoyen, libérant la parole dans des réunions de campagne très suivies pendant la campagne présidentielle, il a incontestablement soulevé l’enthousiasme. Beaucoup y voyaient un changement de méthode par rapport à de vieux partis politiques épuisés par leur pratique du pouvoir et ce qui apparaissait comme une sclérose de leurs structures. Et de fait, les réunions par comité local ou comité thématique, ont été de grands moments de partage démocratique entre des participants issus de familles politiques et de milieux très diverses, avec beaucoup de personnes non-encartées.

Le principe d’une adhésion gratuite au mouvement avait sans doute favorisé l’afflux d’inscription, jusqu’au chiffre revendiqué actuellement de 370 000 adhérents. Quelques doutes sur la gouvernance avaient commencé à apparaître sur la procédure jugée opaque de sélection des candidats aux législatives. De fait, il n’a jamais été possible de connaître clairement les critères de choix de la commission Delevoye.

Une fois passée l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et d’une majorité absolue de députés EM à l’Assemblée Nationale, le temps est venu de structurer le mouvement.

Les adhérents, membres depuis plus de trois mois, sont donc appelés à donner leur avis, entre le 23 et le 30 juillet, sur des statuts de ce nouveau mouvement rebaptisé LREM (La République en Marche).

Emmanuel Macron alors qu’il était « En Marche » à Nevers en janvier (Photo Ville de Nevers / FlickR / cc)

Une structure non-démocratique, centralisée avec des référents « préfets »

Sans entrer dans le détail de cette proposition de statuts, elle appelle une critique ferme, tant le mode de fonctionnement proposé est centralisateur et non-démocratique. Par principe, pour qu’un mouvement soit démocratique, ses représentants doivent en être élus. Or ce n’est pas ce qui ressort de ce projet.

En effet, sous le prétexte de ne pas reproduire les errements des anciens partis politiques, la direction de LREM et sans doute l’Élysée, proposent une centralisation et une confiscation totale du pouvoir au détriment des adhérents. Deux points appellent notamment la critique.

D’abord celui de la nomination des référents territoriaux, qui, au lieu d’être élus par les adhérents, sont nommés par la direction du parti, sans que le mode de désignation apparaisse dans les statuts. Censés assurer l’ancrage territorial du mouvement, ils assureront en fait l’ancrage parisien du mouvement au niveau local.

Une Chambre des Lords, plutôt qu’un parlement

Deuxième sujet de contestation : le mode de désignation des instances nationales ; conseil et bureau exécutif. Le conseil, « parlement de La République En Marche », n’est pas élu par la Convention, instance qui réunit l’ensemble des adhérents. Il regroupe l’ensemble des parlementaires, des représentants des territoires (élus et référents territoriaux) ainsi que, pour 20% de ses membres des adhérents tirés au sort. Donc pas d’élection pour ce qui est censé être un « parlement » !

Au niveau supérieur, le bureau exécutif, qui constitue l’organe exécutif du mouvement est bien désigné par le Conseil, mais seulement à hauteur de vingt membres sur trente, les dix autres issus de la « société civile » (?) étant désignés par les vingt membres élus. Un mode de cooptation qui représente un risque fort de « copinage » et de pression du gouvernement.

Comme le dit très bien dans son communiqué du 24 juillet le collectif appelé « La démocratie en marche », qui a introduit un recours pour vice de forme devant le tribunal de Créteil : « les statuts proposés cantonnent (…) les adhérents à un rôle de supporteur et les excluent de la gouvernance, aussi bien locale que nationale. »

Et de fait avec ces nouveaux statuts, les adhérents n’élisent aucun de leurs représentants, tout est confisqué au niveau national par une nouvelle oligarchie non-élue du mouvement.

Pas d’argent pour les acteurs de la victoire

Enfin, dernier sujet de contestation et non des moindres, le financement du parti. LREM a décidé que ses 3 200 comités locaux, répartis dans toute la France, devront subvenir eux-mêmes à leurs besoins, alors que le parti touchera 20,5 millions d’euros de subventions publiques chaque année !

L’autonomie des comités locaux consacrés par les statuts va donc jusqu’à une autonomie financière incompréhensible, quand on considère la part fondamentale qu’ils ont pris dans la victoire électorale et la nouvelle fortune du mouvement !

L’ex-ministre Corinne Lepage, qui a rallié le futur chef de l’Etat dès janvier 2017, l’exprime très bien lorsqu’elle écrit : « une des grandes novations d’Emmanuel Macron, c’est d’avoir suscité le renouvellement de la base militante. Leur dire aujourd’hui qu’ils auront zéro pouvoir et zéro argent, ce n’est pas démocratique et cela ne correspond pas à l’élan suscité. »

Un aveuglement de débutants face à un nouveau « centralisme démocratique » ?

Peut-être que dans leur enthousiasme encore vivace, la majorité des adhérents approuvera les nouveaux statuts, parfois sans doute sans les avoirs lus, mais une structure aussi jacobine et non-démocratique ne pourra que causer très vite des difficultés de fonctionnement et surtout décourager l’action des militants les plus actifs.

Reproduire un « centralisme démocratique » qu’on croyait révolu est une erreur. Pour garder son dynamisme, LREM doit rester un mouvement démocratique et décentralisé.

Voilà pourquoi, malgré les aspects positifs de la proposition de statuts, comme son ambition européenne, la possibilité de rester membre d’un autre parti ou l’autonomie des comités locaux, j’ai voté contre et appelle les adhérents à les refuser.

Plus que les « baronnies », c’est le centralisme qui est à craindre.


#En Marche !

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