Quelle est la bonne taille pour le Festival européen du film fantastique de Strasbourg (FEFFS) ? Avec cette 9e édition qui débute vendredi, le petit festival des films étranges des débuts a réussi à faire venir à Strasbourg Dario Argento (c’est lui, le type flippant sur la photo), un maître absolu du film noir. Les séances de master-class ainsi que les rétrospectives qui lui sont consacrées promettent de faire le plein, des passionnés du genre vont faire le déplacement de toute l’Europe pour le voir.
Bien qu’ayant pris la décision de renoncer à sa traditionnelle Zombie Walk, qui alignait chaque année 3 000 morts-vivants dans les rues de Strasbourg, le FEFFS continue de progresser en taille et en notoriété, pour s’inscrire comme un rendez-vous incontournable du film fantastique en Europe. Mais ce n’est pas gagné. Certes, le FEFFS est l’étape française de la compétition internationale des films de genre mais d’autres festivals, plus récents mais mieux financés, tentent de s’intercaler.
Le directeur du FEFFS, Daniel Cohen, le sait bien. Pour rester premier, il doit sans cesse progresser, en nombre de spectateurs, en nombre de films, en nombre d’invités, etc. Une course complexe à maintenir dans un budget contraint, fortement dépendant des subventions publiques (la Ville de Strasbourg verse 180 000€, la Région 17 000€ et le ministère de la Culture 8 000€) puisque l’équipe veut rester en priorité dans les cinémas du centre-ville, où les jauges sont faibles, et proposer des événements gratuits.
Cette année, le FEFFS va proposer 12 films en compétition officielle, 7 films dans la compétition crossovers, 7 « midnight movies », vraiment flippants, 6 séances spéciales, 3 films pendant la Nuit excentrique samedi 24 septembre, 9 films dans la rétrospective « M for murder », 7 films en noir et blanc de la collection « Universal monsters » et 6 films dans la rétrospective Dario Argento. Pfou.
Un numéro d’équilibriste annuel
Daniel Cohen détaille son numéro d’équilibriste annuel :
« Ça fait quelques années déjà qu’on sent un gros besoin de professionnalisation, on nous envoie parfois des contrats de cinq pages en anglais avec des centaines de clauses pour diffuser une oeuvre. Et cette année, on a 34 avant-premières ! Fort heureusement, nous pouvons nous appuyer sur une équipe de bénévoles sérieux et qui se renouvelle. Chaque année on essaie de grossir, mais on veut garder les aspects intimistes qui vont de pair avec le genre de films qu’on défend. Donc on progresse par étapes, par petites étapes… »
Outre les invités d’honneur prestigieux, cette stratégie s’accompagne de « coups » comme la diffusion des Dents de la mer dans une piscine. Les quelques chanceux qui se sont rués sur les places dès qu’elles étaient disponibles seront installés dans de grands fauteuils gonflables, poussés en plein milieu du grand bassin des Bains municipaux, tandis que sur un écran installé pour l’occasion, des pauvres types en mer se feront dévorer les uns après les autres… Génie.
« J’avais envie de faire quelque chose pour la Neustadt, confie Daniel Cohen. Ça me trottait dans la tête depuis un moment. Quand j’ai commencé à évoquer cette idée, tout le monde m’a regardé avec des gros yeux. Mais l’idée a fait son chemin… et on est arrivés à surmonter les défis techniques. Ce sera une super soirée. »
Aussi au musée alsacien, place Saint-Thomas et au Shadok…
Le FEFFS s’exportera aussi au Musée alsacien samedi. Lors de cette « Grüselnacht », le personnel va proposer un spectacle vivant et frissonnant, avec Coco Das Vegas en vamp intrigante, autour des premiers contes et légendes d’horreur alsaciens… Tout un programme.
Mais cette année, l’évolution la plus visible concernera le « village fantastique ». Déjà déménagé l’an dernier place Saint-Thomas, il bénéficiera d’une programmation étoffée à lui tout seul : dédicaces, rencontres, jeux… Le Festival s’est adjoint les compétences de la boutique Philibert et des membres de l’association ludique La Sauce Aux Jeux pour assurer une animation continue du village.
Le volet jeux vidéo continue de progresser également, avec une compétition qui amènera la chanteuse Juliette comme membre du jury et des démonstrations de jeux en réalité-virtuelle, qui oscillent bien souvent entre une production vidéo-ludique et une création cinématographique. L’ensemble de ces événements doivent se dérouler au Shadok, sur la presqu’île Malraux, en face de l’UGC.
Le film d’ouverture, Swiss Army Man
L’acteur qui a incarné Harry Potter, Daniel Radcliffe, en cadavre pétomane ? C’est bien le pitch de ce film qui, assure le FEFFS, a « le potentiel d’un film culte. »
Le film de clôture, The Mermaid
Dans cette histoire, le réalisateur de Shaolin Soccer revient avec une fable écologique déjantée, faisant intervenir des sirènes, des tritons et un millionnaire.
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