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Djihad en Syrie : le procès de la « filière de Strasbourg » démarre lundi

En décembre 2013, quinze Alsaciens prenaient la route vers la Syrie. Sept d’entre eux sont rentrés en France quelques mois plus tard avant d’être arrêtés. Partis en Syrie dans un « but humanitaire » selon eux, leur procès s’ouvre lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Sept jours d’audience au cours desquels la justice va tenter de retracer le parcours de la « filière de Strasbourg ».

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Ça devait être des vacances à Dubaï, un simple voyage entre potes. C’est du moins de cette manière qu’en décembre 2013, quinze Alsaciens âgés de 23 à 26 ans, embarqués sur la route vers la Syrie, l’avaient annoncé à leurs proches. À l’aéroport de Francfort, seul Mustafa, l’unique mineur du groupe, ne prendra pas l’avion pour la Turquie. Les autres continuent leur route pour rejoindre l’État islamique en Syrie, dans la région d’Alep.

Mais dès les premiers jour du mois de janvier 2014, deux frères du groupe, Yassine et Mourad Boudjellal, originaires du quartier de la Meinau à Strasbourg, trouvent la mort à un checkpoint lors d’un règlement de compte entre deux factions islamistes ennemies. Dans les semaines qui suivent, sept Alsaciens du groupe décident de rentrer en France. Chacun reprend sa vie, l’un d’entre eux allant même être serveur dans un bar à chichas strasbourgeois.

L’un des Alsaciens restés dans les rangs de l’État islamique, Foued Mohamed­ Aggad, originaire de Wissembourg, se fera exploser avec deux autres terroristes au Bataclan le 13 novembre 2015, faisant près de 90 morts.

Classés comme « combattants » dans des documents de Daesh

Lundi matin, le procès de ceux rentrés en France et interpellés par le Raid en mai 2014 s’ouvre devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Poursuivis pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, ils encourent dix ans de prison.

La version des prévenus, Miloud Maalri, Mokhlès Dahbi, les frères Ali et Mohamed H., Banoumou Kadiakhé, Rédouane Taher et Karim Mohamed­ Aggad, avançant être partis « dans un but humanitaire » en Syrie, risque d’être mise à mal.

Car au cours de l’enquête, des images et des textes menaçants (« Nous arrivons, prépare ­toi aux explosions et aux assassinats sur tes territoires », « Aux braves musulmans de France, retracez le chemin de Mohamed Merah », entre autres) ont été retrouvés dans les téléphones portables et ordinateurs de certains d’entre eux.

D’après leur récit, les Alsaciens auraient été forcés d’intégrer Daesh, dans les rangs duquel ils auraient participé à des entraînement militaires. Sauf que leurs noms apparaissent dans des fichiers attribués au groupe État islamique où l’on apprend que les Bas-­Rhinois sont classés comme « combattants ». Le Parquet antiterroriste de Paris a d’ailleurs l’intention de verser ces documents au procès.

Dans un procès verbal que s’est procuré Le Monde, l’un d’eux explique :

« On ne faisait pas grand-chose. C’est pour cela que ça nous a rendus fous. On était partis pour aider les habitants et on s’est retrouvé enfermés H24. »

Foued Mohamed-Aggad, 3è kamikaze du Bataclan, était parti de Wissembourg avec son frère Karim, actuellement incarcéré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. (montage / captures d’écran)

15 Alsaciens partis en décembre 2013

L’implication de Foued Mohamed-Aggad dans les attentats de Paris va également accentuer l’attention sur son frère Karim, actuellement détenu à la maison d’arrêt de Fleury-­Mérogis.

Le procès sera également l’occasion de comprendre leur processus d’endoctrinement par Mourad Farès, l’un des principaux recruteurs de djihadistes français. Le même Mourad Farès qui au moment de l’arrestation des sept Alsaciens avait posté ce message laconique sur sa page Facebook : « il fallait bien que ça arrive… » Aujourd’hui mis en examen et incarcéré, il est dans l’attente de son procès.

Du groupe des quinze Alsaciens partis en décembre 2013, quatre membres se trouvent toujours en Syrie ou en Irak.


#Justice

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