Il y a moins d’un an, la coalition droite-gauche à l’Eurométropole était reconduite à la suite d’une élection interne périlleuse, conséquence de l’arrivée de cinq nouvelles communes. Depuis, plusieurs élections sont passées par là et l’alliance locale continue de travailler.
Quelques bonnes nouvelles
Le débat d’orientation budgétaire (DOB), et le budget le mois suivant sont toujours des moments solennels pour faire le point sur la politique générale. Cette année, le DOB arrive dans une ambiance relativement zen qui dénote. Et pour cause, plusieurs nouvelles desserrent un peu la pression sur les finances.
Au niveau de la gestion locale, les taux d’emprunts sont toujours un peu plus bas (1,1 millions d’intérêts économisés) et les des détournements de déchets pendant la fermeture de l’usine d’incinération coûteraient un peu moins cher qu’estimé. Enfin, le nouveau gouvernement n’a pas amputé les dotations de l’État de 6 millions d’euros comme initialement prévu. Tout ceci fait bien plus qu’une hausse de 1% des impôts locaux, qui augmenterait les recettes de 1,5 millions d’euros autrement.
Pas d’augmentation, si…
Si bien que pour la première fois en 4 ans, la coalition planche sur une non-augmentation des taxes locales. Pour cela, elle espère que le Parlement vote fin décembre une revalorisation des bases locatives de 1%, qui correspond à l’inflation (à ne pas confondre avec les taux, fixés localement). Sinon, elle augmentera les taux de manière à compenser cette somme, soit environ 1% également. Pour le savoir, il faudra attendre le vote du Parlement le 14 décembre.
Qu’en sera-t-il des bases ?
Notons que par le passé le Parlement a souvent voté des revalorisations supérieures à l’inflation. Mais ce n’était pas à lui de payer ces hausses de la fiscalité, ce qui va changer à partir de l’année prochaine ! En trois ans, la taxe d’habitation doit être supprimée pour les 80% de ménages les plus modestes (78,16% à Strasbourg, selon un simulateur du Parisien). C’était une promesse du candidat Macron.
Ce manque à gagner est bien compensé par l’État, si les taux locaux n’augmentent pas. Mais le président de l’Eurométropole, Robert Herrmann, et sa vice-présidente aux Finances, Caroline Barrière (PS), sont un peu moins enjoués à l’heure de présenter les premières mesures du gouvernement qu’Olivier Bitz, adjoint aux Finances macroniste qui s’est plié au même exercice à la Ville en début de semaine.
Ils sont aussi méfiants vis-à-vis des économies futures demandées aux pouvoirs locaux (13 milliards sur cinq ans, un peu plus qu’en 3 ans lors du quinquennat précédent). Caroline Barrière aimerait que les futures règles, le fameux Pacte avec les collectivités, « récompense ceux qui ont déjà fait des efforts », sous-entendu Strasbourg plus que d’autres.
Cela tombe bien l’un des rédacteurs du rapport Richard-Bur est l’ancien patron de la direction régionale des collectivités locales Dominique Bur, cousin d’Yves Bur, maire de Lingolsheim passé de Les Républicains à « En Marche » et numéro 2 de la coalition. Ce dernier est prié de glisser l’un ou l’autre message.
Les nouveaux groupes à l’épreuve d’un budget
Robert Herrmann regrette de son côté « un coup de frein à la décentralisation », en notant les baisses des aides à la politique de la Ville et celles au logement. « On pourra parler de pertes d’autonomie s’il n’y a pas de compensation à l’euro près », ajoute-t-il. Les élus macronistes, même s’ils n’ont toujours pas de groupe, prendront-ils la parole pour défendre la politique nationale, comme au conseil municipal ?
Dans ce contexte budgétaire, il sera intéressant de voir les premières prises de parole du groupe de six élus strasbourgeois « La Coopérative » et de celui fondé par sept maires des communes de la deuxième couronne. Ces derniers demandent un rééquilibrage des politiques de transports et d’habitat. Ces deux groupes n’ont pas de représentant parmi les 20 vice-présidents.
Des investissements un peu moins intenses
Malgré une modération de la fiscalité en vue, plusieurs indicateurs de la gestion pourraient être soulevés par les différents groupe de la majorité et surtout de l’opposition.
Les investissements prévus pour les années 2018 à 220 seraient au total de 580 millions (soit 199 millions en 2018, puis 190 millions en 2019 et 2020), contre 600 budgétés de 2015 à 2017 (520 millions réalisés, soit un taux de réalisation d’environ 86%). Traditionnellement, ils augmentent en fin de mandat pour boucler des projets. Ici, c’est l’inverse.
Une dette qui ralentit
La dette augmente moins vite que par le passé, mais augmente toujours de 578,2 à 591 millions. L’objectif est désormais de la stabiliser autour de 600 millions d’euros pour les trois dernières années. Début 2017, la coalition tablait encore sur une augmentation à 614 millions en fin d’année et 650 en 2018. Un coup de frein notable.
L’argent du stationnement remplace celui versé à la CTS
Autre choix qui peut être interrogé, la nouvelle recette liée aux amendes de stationnement transférée par les communes servira non pas à financer de nouveaux projets, mais à… verser moins d’argent du budget général à la Compagnie des Transports strasbourgeois (CTS), de 21,4 à 13,5 millions d’euros entre 2018 et 2019, où les hausses de tarifs s’enchaînent.
Le vote sur le budget final de l’Eurométropole aura lieu le vendredi 22 décembre. En attendant, le débat d’orientation est à suivre à partir de 9h, dans la vidéo en tête de cet article.
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