« Notre unique solution de repli, c’est le MacCarthy. » Nicolas Clausmann est avocat. Il organise avec son confrère Christophe Leguevaques, une conférence intitulée : « La crise du Levothryox, où en est-on de la procédure collective en cours ? » Mais lundi 15 janvier vers midi, il reçoit un e-mail lui signifiant que l’événement prévu pour le lendemain à 20 heures ne pourra se faire dans l’enceinte de l’université de Strasbourg.
« Nous avons été pris au dépourvu par la faculté de médecine de Strasbourg », lâche l’organisateur de cette soirée d’information. Elle se tiendra finalement dans le restaurant Au Bercail, situé au 43 rue Finkwiller, à Strasbourg. Mardi 16 janvier, le pub MacCarthy a été contraint d’annuler l’accueil de la conférence sur le Levothyrox, pour des raisons indépendantes de sa volonté.
Nouvelle formule et effets indésirables
Le Levothyrox est un médicament au coeur d’une polémique depuis plusieurs mois. Il permet de lutter contre une trop faible production d’hormones par la glande thyroïde. Au printemps 2017, une nouvelle formule du comprimé a été mise en place par le laboratoire Merck.
Les malades, souvent des femmes âgées de plus de 50 ans, se sont plaints d’effets indésirables comme une fatigue importante, des ballonnements, des crampes, voire des vertiges. En France, trois millions de personnes prennent régulièrement ce médicament. Le directeur de Merck, Thierry Hulot, accuse les associations de patients de vouloir faire le « buzz médiatique ».
Me Christophe Leguevaques, soutenu en Alsace par Nicolas Clausman, est l’avocat qui défend plusieurs centaines de plaignants contre le laboratoire Merck. La procédure a pour but d’obtenir une indemnisation de 10 000 euros par personne pour préjudice d’angoisse et défaut d’information. La date limite pour rejoindre la procédure collective a été fixée au 15 février 2018. Le procès devrait se tenir devant le tribunal d’instance de Lyon le 1er octobre 2018.
Un problème de forme… et de fond, selon le doyen de la faculté de médecine
Du côté de l’Université de Strasbourg, on se défend de toute censure et on parle d’une « demande de salle trop tardive ». Même son de cloche du côté du Pr Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine :
« La demande de salle des organisateurs de cette conférence n’a jamais abouti à la signature d’un contrat de location. J’ai appris hier qu’un tel événement était annoncé dans notre enceinte. Un débat interne à la faculté de médecine doit avoir lieu sur le contenu de la conférence pour pouvoir accepter de l’accueillir. Nous n’avons pas eu l’occasion d’une telle discussion. »
Pour Jean Sibilia, c’est avant tout un problème de forme qui empêche la conférence de se tenir à la faculté de médecine. Le petit amphithéâtre de l’institution n’est pas utilisé le mardi 16 janvier au soir. Mais l’institution n’a pas eu le temps d’organiser un tel événement : « il faut faire venir des appariteurs, assurer une sécurité renforcée puisque c’est un événement public », explique-t-il.
Le doyen de la faculté s’exprime aussi sur le fond de l’événement :
« Je dois garantir le respect de l’éthique universitaire. J’accepterais une conférence sur le Levothyrox si des endocrinologues, des pharmacologues, des patients et d’autres experts étaient invités. Notre institution doit assurer la représentation d’avis scientifiques, de points de vue contradictoires… Cet événement ne satisfait pas à ces critères : ce sont deux avocats qui incitent à porter plainte contre le laboratoire Merck. »
La prochaine conférence à la faculté de médecine de Nantes
Me Christophe Leguevaques n’a pas tardé à dénoncer une « censure de la fac de médecine » sur la page Facebook « Levothyrox : action collective – au civil ». Il organise des réunions similaires à Toulouse, Rennes ou Bordeaux pour grossir les rangs de l’action collective. À Nantes, une conférence est prévue le 18 janvier. Elle doit se tenir dans les locaux de la faculté de médecine. Sauf si l’université nantaise suit l’exemple de Strasbourg…
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