Il faut à peine quelques secondes pour baigner dans cette ambiance électrique et grisante et s’électrocuter au contact de ces enceintes qui crachent la colère céleste du tonnerre qui claque. Le ciel, déjà bien sombre, s’obscurcit encore plus jusqu’à devenir d’encre et se fendre ensuite d’un éclair terriblement aveuglant. Cette nuit sans lune ouvre en grand la porte de tous les possibles, de tous les extrêmes.
Cela respire la violence instinctive, le meurtre passionnel, les fringues et les boots en vieux cuir, l’arme blanche délicatement aiguisée, le marteau lourd et massif qui viendra défoncer sans vergogne la première boîte crânienne imprudente. Oui, voilà qui peut très vite tourner au gore, dans l’emballement d’une folie dévastatrice et inextinguible. Mise en bouche avec ce tout premier clip de TOAM :
Une seule envie nous titille à l’écoute de The One Armed Man : faire exploser le décibelmètre en mettant les enceintes – et les tympans – à rude épreuve. They Call Me The Ripper est une véritable bombe à fragmentation qui recèle tous les composants indispensables pour créer le blackout sans pour autant envisager une guerre thermo-nucléaire. La malice, en effet, réside dans le procédé employé qui, plutôt que d’user de violence sonique bien frontale, privilégie la montée en puissance pour une meilleure explosivité.
La violence sourde, elle monte, gagne en intensité et, surtout, se manifeste constamment et insidieusement par touches discrètes avant le bouquet final. Le côté noisy rappelle Jesus and Mary Chain époque Psychocandy (sur les titres They Call Me The Ripper et Rise Up) et l’on identifie bien quelques héritiers encore plus rock, à la fois versés dans le style garage ou le blues avec, toujours, cette incontournable appétence pour les guitares lourdes, la basse sismique et la batterie imprévisible hautement inflammable (Always You).
Citons ainsi The Black Keys, The Raconteurs, The White Stripes ou encore Black Rebel Motorcycle Club. TOAM ne s’interdit toutefois pas un peu de douceur, torturée, avec une ballade mélancolique (Let Me Go My Way) et un rock à la tendance pop légèrement acidulée doublé d’une réverb’ aventureuse (Landslide). Pierre Vasseur (chant et guitare) et François-Xavier Laurent (basse et choeurs), également membres d’un autre groupe strasbourgeois, TIS, ainsi que Colin Schaub (batterie et choeurs, et manager du label Flying Cow Prod) et Edouard (guitare) parviennent en 25 minutes et six titres homogènes, cohérents et complémentaires à dévoiler l’étendue de leurs talents de rock heroes durs à cuire mais à la fine écorce, aisément sondable, laissant affleurer une sensibilité bienvenue dans ce tonnerre de riffs.
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