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La réapparition d’archives concernant la cité-jardin Ungemach, au Wacken à Strasbourg a permis au chercheur Paul-André Rosenthal, professeur d’histoire à Sciences po Paris, d’éclaircir les raisons et les buts de sa construction dans les années 1920.
Le Monde publie un article à propos de l’ouvrage de Paul-André Rosenthal, Destins d’eugénisme, paru aux éditions Seuil en 2016. Ses travaux de recherche, sur la cité-jardin du Wacken, voulue et construite par Charles-Léon Ungemach, mettent en avant la « complexité du réel » face aux archives retrouvées et s’interrogent sur le concept même d’eugénisme « à la française ».
Une expérience hygiéniste, sélectionniste ?
Léon Ungemach (1844-1928), industriel strasbourgeois préoccupé de politique social et engagé politiquement dans la vie de la ville de Strasbourg, a fait construire de 1923 à 1928 « cent trente maisons coquettes offrant tout le confort moderne et un agencement astucieux de l’espace ». Cette cité était « destinée à de jeunes ménages en bonne santé, désireux d’avoir des enfants et de les élever dans de bonnes conditions d’hygiène et de moralité » d’après le mots d’Ungemach lui même.
Cette expérience est qualifiée d’eugéniste au sens donné dans les années 1920 en France. Elle relève donc davantage de l’hygiénisme social puisque seuls les éléments en meilleure santé de la société strasbourgeoise d’alors furent sélectionnés pour habiter dans ces constructions. Les couples étaient choisis suite à leurs réponses à un questionnaire de sélection et à leur état de santé physique et mental. D’après l’historien, le système a duré jusque dans les années 1980, ce qui veut dire que des familles qui y habitent encore ont été sélectionnées ainsi.
L’eugénisme est défini lors du Second Congrès International d’Eugénisme de 1921 comme « la direction par les humains de leur évolution ». Mais « sait-on seulement ce que l’on désigne par le terme d’« eugénisme » ? », s’interroge Paul-André Rosenthal avant de rajouter que ce concept fut régulièrement recomposé pendant le XXe siècle, prenant des significations différentes, plus ou moins proches du sélectionnisme, prônant le tri des populations, ou de l’hygiénisme, promouvant l’utilisation la meilleure du capital humain disponible .
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