L’évacuation du campement rue du Rempart derrière la gare de Strasbourg est autorisée à partir du 21 novembre. Depuis le printemps, de nombreux sans-abri, notamment des demandeurs d’asile en provenance des Balkans et en particulier d’Albanie, s’étaient installés sur ce terrain de la Ville, qui a obtenu gain de cause devant les tribunaux.
L’État suit l’initiative
Mais avant d’en arriver à une évacuation par la force, et l’arrivée de nuits froides, la municipalité propose une solution temporaire dans un gymnase mis à disposition. Sur la base du volontariat, elle accueille et oriente les personnes. Elle leur propose d’être hébergées de manière plus appropriée que sous leur tente pendant « un à trois jours », selon le rythme des procédures.
La préfecture, en charge de l’hébergement et de la politique d’immigration, a suivi la démarche. Elle y déploie ses services compétents sur place, notamment des représentants de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). En arrivant au gymnase, les personnes passent d’abord devant des travailleurs sociaux et agents les enregistrent et les orientent.
Plusieurs situations
S’ils sont en attente d’une décision sur leur demande d’asile, leur statut leur donne le droit d’être hébergé pendant l’instruction de leur requête. Une solution temporaire doit être trouvée, « en particulier pour les plus vulnérables comme les familles », a précisé le secrétaire général de la préfecture, Yves Séguy. Dans le Bas-Rhin, l’État compte 3 500 places d’hébergement d’urgence (tous publics confondus), dont 1 800 sont des nuitées d’hôtel.
Si les demandeurs sont entrés dans l’Union européenne par un autre pays, ils doivent en revanche être transférés dans ce dernier pour qu’il instruise sa demande, en vertu du règlement européen dit de Dublin II.
Pour ceux qui auraient changé d’avis depuis leur arrivée, l’État peut les diriger vers les centres d’aides au retour de Bouxwiller et Benfeld. Chaque départ est assorti de la somme de 630 euros par personne. Enfin, les personnes en situation irrégulière sont renvoyées dans leur pays, mais on imagine mal des personnes déboutées se rendre dans cet endroit.
Pour Marie-Dominique Dreyssé (EELV), adjointe au maire en charge des solidarités, il fallait « trouver une réponse », en attendant la date fatidique de l’évacuation du camp près de la gare :
« Le roulement est important. Parmi les 350 personnes passées sur le campement, qui en compte une centaine aujourd’hui, seule une poignée était déjà là en juin. Cette situation reflète une saturation des dispositifs de l’État. »
Selon la municipalité, environ 70% des personnes installées rue du Rempart avaient accepté le transfert en minibus avec leurs affaires vers ce gymnase en fin de matinée ce mardi 3 octobre, premier jour du dispositif qui en durera trois maximum.
Plusieurs espaces de repos aménagés
Sur place, la Croix Rouge organise les lieux. Quatre personnes sont disponibles en permanence et jusqu’à une dizaine en journée. Trois espaces de repos sont aménagés : un pour les femmes seules, un pour les hommes seuls et un pour les familles. Les personnes hébergées peuvent utiliser les douches et les toilettes. Un espace de jeu pour enfants est aussi prévu.
Pendant que les parents s’occupent des aspects administratifs, quelques enfants jouent sur des tapis, ou tentent de marquer l’un ou l’autre panier de basket. Sans savoir de quoi demain sera fait.
« Nous sommes est un peu plus rôdé depuis cet hiver », commente Marie-Dominique Dreyssé en référence à la réquisition d’un gymnase au Tivoli pour proposer des solutions en plus aux sans-abris lors des nuits les plus froides.
Néanmoins, la situation risque de se représenter à l’avenir. Yves Séguy a indiqué que le nombre de demandes d’asile augmente chaque année et qu’entre 3 200 et 3 300 requêtes devraient être acceptées dans le Bas-Rhin en 2017.
Répartition nationale ensuite
À 12h30, une première famille pouvait s’installer sous l’une des petites tentes en tissu blanches. Elle aurait une solution de logement à Rennes. Le Bas-Rhin enregistre les demandes, mais la répartition est ensuite nationale afin de soulager les départements où beaucoup de demandes sont déposées (comme le Bas-Rhin) par des accueils là où c’est plus calme.
Marie-Dominique Dreyssée a salué l’action d’associations comme Médecins du Monde ou Strasbourg Action Solidarité dans la logistique et le suivi du site des remparts. Une visite pour des associations de solidarité était programmée.
Le gymnase choisi est le centre sportif sud, où joue habituellement le club de basket de l’Électricité de Strasbourg, rue des Vanneaux. Le parquet a été protégé par une moquette. Le site est protégé par une société de sécurité pour éviter la curiosité « bienveillante » ou moins bienveillante.
Parallèlement, le camp de la rue du Rempart a été vidé, le terrain sur lesquelles les personnes s’étaient installées a été labouré et les affaires qui restaient ont été emmenées à la déchetterie.
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