La bibliothèque nationale universitaire (BNU), c’est un budget de 10 millions d’euros quasi-entièrement abondés par des crédits du ministère de l’Éducation nationale. Et depuis sa réouverture fin novembre après d’importants travaux, la BNU est même ouverte les dimanches après-midi et ce jusqu’à 22h ! Pour répondre aux besoins générés par l’extension de ces horaires d’accueil, la BNU a reçu l’autorisation d’augmenter le nombre de postes d’agents, qui sont pourtant des fonctionnaires d’État, une « espèce menacée » en ces temps de disette budgétaire.
Comment l’institution est-elle parvenue à réaliser ce tour de force ? Albert Poirot, administrateur (c’est à dire le directeur général) de la BNU, détaille :
« On est passés de 94 à 102 “postes budgétaires”. Au total, l’équipe avec les contractuels atteint 160 personnes, j’ai même encore un peu de marge. Les dépenses de personnel représentent 6,66 millions d’euros par an, dont 5,54 pour les seuls fonctionnaires. Ce renforcement en personnel était nécessaire pour augmenter nos horaires d’ouverture au public. L’accueil le dimanche après-midi représente un effort de 200 000€ par an, dont 45 000€ proviennent des fonds Idex (initiatives d’excellence) obtenus par l’Université de Strasbourg. »
Deuxième bibliothèque nationale après la grande bibliothèque François Mitterand de Paris avec ses 200 000 ouvrages et 880 périodiques en libre accès, la BNU se voit comme un « outil de liaison » entre le monde universitaire, celui de la culture et la société. Albert Poirot déplore que les Strasbourgeois ne sachent pas assez que « la BNU est ouverte à tous et pas seulement aux étudiants et aux chercheurs. »
Du coup, après quatre années de travaux colossaux, tout un étage est désormais accessible sans carte de lecteur, avec une salle d’exposition de 500 m², un auditorium de 140 places et, autre nouveauté, une cafétéria elle aussi ouverte le dimanche après-midi. L’escalier monumental éclairé par la coupole est une véritable réussite architecturale, due à Nicolas Michelin (lire ici son interview en février 2014).
Au troisième niveau, des espaces mettent en valeur les documents les plus précieux sur lesquels veille la BNU. Quant aux magasins, ils ont été sauvegardés pour une partie avec trois générations d’étagères, les Lipman des années 1890-1900, les Strafor des années 1950 et des toutes nouvelles sur rails, permettant d’économiser de la place au dépens de l’accessibilité des documents.
Wifi, tablettes en prêt, la BNU n’a pas lésiné sur les ressources numériques pour rendre accessibles ses trésors, dont Numistral, la bibliothèque numérique de la BNU qui utilise les mêmes technologies que Gallica, développées par la Bibliothèque nationale de France et qui propose déjà plus de 40 000 documents à la consultation par Internet.
Malgré l’extension de ses missions, Albert Poirot tient à garder espère garder la part du budget de fonctionnement sous la barre des 66% du budget total (il est à 62%). La BNU acquiert chaque année 20 à 25 000 monographies et dépense un peu plus d’un million d’euros en acquisitions. Chaque année, le fonds des archives progresse d’1,25 km. La BNU peut compter sur un espace de stockage de 70 km, il reste encore 13 km disponibles…
Mais pour les « acquisitions patrimoniales », c’est à dire les vieux livres, Albert Poirot concède des moyens limités :
« Les bibliothèques publiques ne peuvent pas se lancer sur le marché des enchères. Actuellement, les vieux livres sont utilisés comme valeur refuge, il y a une spéculation à laquelle les institutions publiques ne peuvent participer, ça n’a pas de sens de dépenser des millions d’euros d’argent public pour des documents, même s’ils ont une valeur patrimoniale exceptionnelle. J’ai la réputation d’être un peu pingre dans mes choix, mais j’ai ma doctrine : on ne fait que des bonnes affaires ou alors on n’achète pas. »
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Nicolas Michelin : « Redonner à la BNU la force du plan d’origine »
Sur Rue89 Strasbourg : La rénovation de la BNU plus longue que prévu
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