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Les engagements en demi-teinte contre les barquettes en plastique

Il y aura-t-il toujours des barquettes en plastique dans les cantines à la rentrée 2017 ? Lors d’une réunion de parents, la question semblait évoluer vers des barquettes en matières biodégradables. Lors d’un point presse mardi 15 novembre l’adjointe en charge de l’Éducation est restée prudente. Une délibération de principe est soumise au vote mais tout se jouera lors du cahier des charges en décembre.

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Le conseil municipal de Strasbourg va voter lundi 21 novembre une délibération (point 38) de principes assez généraux sur le renouvellement du marché des cantines scolaires.

Depuis plusieurs mois, des parents d’élèves interpellent la municipalité pour qu’elle saisisse l’occasion pour abandonner les barquettes jetables en plastique en raison des déchets et des risques pour la santé des enfants qu’elles génèrent. Ils ont recueilli environ 500 signatures.

La question sera en fait plus précisément tranchée lors de la publication d’un cahier des charges à la mi-décembre à destination des entreprise. Mais d’ici là, plus de vote, seulement des discussions internes entre élus concernés et l’administration.

De nouveaux enjeux

Pour l’adjointe au maire en charge de l’Éducation Françoise Buffet (divers gauche), « les préoccupations exprimées par les parents ont été une contribution importante à la réflexion » :

« Nous considérons que les objectifs que nous avons initiés en 2009 sont toujours d’actualité, par exemple pour la production locale et bio (20 à 40% selon les établissements dont 60% viennent de producteurs locaux). On aimerait arriver à 100%, mais la conversion d’une culture prend quatre ans. Mais nous intégrons aussi de nouveaux enjeux comme la santé publique, même si on reste dans le principe de précaution car toutes les barquettes sont au normes françaises et européennes, une dimension éducative et de développement durable avec la réduction des déchets. »

La question des barquettes avait été brièvement évoquée lors d’une réunion avec les parents d’élèves la semaine précédente, mais il n’y a pas eu de relance lorsque le projet de les remplacer par des matières biodégradables avait été avancé, ce qui semblait rassurer une partie de l’assemblée.

Pas d’engagement écrits à ce stade

Comment la Ville va donc influencer les candidats ? Par une clause spécifique ? Par des barèmes de notation important sur les critères environnementaux ? « On ne peut pas le dire maintenant, les marchés publics sont très codifiés », répond Françoise Buffet, ce qui laisse planer le doute :

« On ne peut pas prendre le risque d’un marché infructueux. On sera ferme sur le principe mais souple dans l’application. On verra en fonction de ce que les entreprises nous proposent. Si on peut, on souhaiterait passer à autre chose. »

La délibération ne prend pas d’engagements écrits à ce stade. Les élus peuvent donc voter de bonne foi pour la délibération sans garantir l’abandon du plastique.

Six millions d’euros à la clé

Les prestataires seront néanmoins tenus de formuler plusieurs propositions de contenant. Dans les selfs, les barquettes en plastique vont en effet bien disparaître. Mais cela ne concerne que 17 écoles sur 44 à Strasbourg et pas de maternelle, soit l’âge où l’enfant est le plus vulnérable aux perturbateurs endocriniens, ces molécules qui peuvent provoquer des cancers ou la stérilité à l’âge adulte.

Le marché est « sans montant minimum ou maximum ». Ces dernières années, il était de 6 millions d’euros par an à destination de l’Alsacienne de Restauration, qui assurait seule les 11 000 repas quotidiens, soit 41% des enfants scolarisés. Les repas sont facturés aux familles entre 1,30€ et 6,70€ selon leur quotient familial. Le coût réel pour la Ville est de 9,20€, qui prend en charge la différence.

Au total, la pause de midi dans les écoles représente 14 millions d’euros de dépenses si l’on y ajoute le personnel de la Ville.

Le plastique, pas certain de disparaître des cantines. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Délai serré

Les sociétés de restauration collective ont ensuite deux mois pour candidater et la municipalité deux mois pour décider de l’offre qu’elle retient. Tout ceci amène à avril et donc il serait trop tard pour relancer une procédure si personne ne formule d’offre. Vus les sommes, difficile d’imaginer que personne ne se manifeste.

La collectivité vote néanmoins, en plus, le lancement d’un autre marché de collecte de biodéchets des cantines en parallèle, signe qu’elle anticipe que des barquettes biodégradables soient proposées. À moins que cela ne concerne que la nourriture qui n’est pas mangée par les enfants, ce qui serait une autre nouveauté.

Le collectif de parents pas convaincu

Depuis le début de leur mobilisation, les parents ont découvert que plusieurs initiatives isolées contre les barquettes avaient été initiées ces dernières années mais n’avaient pas eu d’écho médiatique. Ils ont été reçus par plusieurs adjoints mais en présence de… l’Alsacienne de restauration, prestataire actuel et futur candidat, ce qui a limité les échanges.

Si elle salue la volonté de dialogue, Ludivine Quintallet, initiatrice du collectif « projet cantines Strasbourg » reste vigilante sur la suite :

« Le discours a évolué. Le principe de précaution est intégré, ce qui est positif, mais il n’y a pas d’engagement ferme à ce stade. On ne demande rien d’innovant, juste un retour aux méthodes traditionnelles. Les barquettes ont été introduites dans les cantines il y a quelques années seulement. »

Dans leur lettre ouverte en octobre les parents d’élèves demandaient d’être associés à la rédaction du cahier des charges. Parmi leurs craintes actuelles, celle que les barquettes biodégradable soient recouvertes d’un film plastique, ce qui maintient le risque et migration des molécules dans les aliments.

De plus, selon la matière choisie, encore inconnue à ce stade, « les barquettes biodégradables peuvent se révéler, comme tout emballage, dangereuses pour la santé des enfants », poursuit le collectif qui note qu’un déchet biodégradable reste un déchet à collecter, au contraire de bacs inox à nettoyer.

Désaccord sur les Sables-d’Olonne

Le collectif et la municipalité sont en désaccord sur la situation des Sables d’Olonne (100 000 repas par an, soit l’équivalent de deux semaines à Strasbourg), citée en exemple pour son abandon du plastique en 2015. Selon Françoise Buffet ce changement « a entraîné des surcoûts », là où un mail d’un responsable de l’administration de la commune vendéenne au collectif, que Rue89 Strasbourg a pu consulter, indique l’inverse.

« Les plats inox sont fournis par le prestataires il n’y a pas eu de surcoût en investissement. En revanche, nous avons constaté que le temps passé à la plonge avait légèrement augmenté. Cependant nous avons réussit à conserver les mêmes plannings pour les agents. »

Seule modification, quelques aménagements des fours avec le prestataire électroménager. Ces informations confirment les propos de l’adjointe en charge du dossier tenus en septembre dans nos colonnes. Autre ville, de taille davantage comparable, désormais citée en exemple, celle de Lyon dont le site annonce : « des bacs en inox seront utilisés pour le froid et pour le chaud, l’emballage dans des barquettes biodégradables sera testé sur 10 écoles par an, avec collecte et compostage de ces contenants. » Le prestataire est Elior, le groupe qui possède l’Alsacienne de restauration.

Un allotissement et un marché plus court

En revanche, deux informations ont bien été confirmées : le marché sera plus court et il sera vraisemblablement divisé en lots, afin qu’il soit partagé selon Françoise Buffet :

« Nous voulons vraiment faire jouer la concurrence en séparant en plusieurs lots géographiques, ce qui permettra à plusieurs entreprises de candidater. »

Le marché serait raccourci à deux ans, contre quatre auparavant, reconductible une fois, ce qui permet une « réorientation » si les objectifs ne sont pas remplis ou au contraire pour faire preuve de davantage d’ambition.


#barquettes

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