Depuis novembre 2012, Strasbourg expérimentait les amendes minorées pour les cyclistes. Concrètement, plutôt que de payer une amende à 90€, les cyclistes strasbourgeois bénéficiaient d’un tarif de 45,60€, une minoration valable pour une dizaine d’infractions au Code de la route. L’objectif était alors de rendre les contraventions contre les cyclistes plus acceptables mais aussi plus systématiques.
Lors d’une conférence de presse vendredi, le maire de Strasbourg Roland Ries (PS) et le procureur de la République, Michel Senthille, ont annoncé que cette spécialité alsacienne prendrait fin dès le 1er mai 2017.
« Les résultats n’ayant pas été à la hauteur, on revient au droit commun »
Après un peu plus de 4 ans, l’expérimentation des amendes minorées pour les cyclistes n’a pas porté ses fruits, selon l’analyse de Roland Ries :
« Les résultats n’ayant pas été à la hauteur, on revient au droit commun. (…) Cependant ce n’est pas parce que ça n’a pas fonctionné sous cette forme là que nous ne devons pas essayer autrement ».
Michel Senthille présente cette décision non pas comme une pénalisation mais comme une protection supplémentaire pour des cyclistes qui tendent à oublier qu’ils doivent, eux aussi, respecter le Code de la route. Selon le Parquet, les chiffres d’infractions constatés et le nombre d’accidents impliquant des cyclistes aurait explosé. Cette décision s’accompagnera d’ailleurs d’un renforcement de la verbalisation assurée par les forces de police. Le nombre d’amendes infligées aux cyclistes à Strasbourg est déjà passé de 741 en 2013 à 1 002 en 2016.
Les deux responsables ont présenté les cyclistes comme des truands de la route, ne respectant que très peu les règles, les feux et les piétons et n’étant que très peu verbalisés. Cette forme d’impunité nourrirait une réelle psychose de la part des piétons, une colère et beaucoup de tensions sur les routes selon le maire qui dit recevoir de nombreuses plaintes de la part des strasbourgeois.
Jean-Baptiste Gernet regrette le choix du procureur
Son adjoint aux mobilités alternatives, Jean Baptiste Gernet (PS), regrette le choix du procureur de la République :
« C’est une décision du procureur de la République. On est dans un Etat de droit, donc je ne peux pas la remettre en cause mais je la regrette à titre personnel. Cette minoration des amendes était un bon signal pour tous, ça aurait pu être généralisé… Au sein du club des villes et territoires cyclables, nous avons d’ailleurs demandé aux candidats à l’élection présidentielle de s’engager sur une généralisation au niveau national de cette minoration qui fait consensus chez tous les acteurs dans la sécurité routière. »
Pour le jeune élu, cela n’empêchera pas Strasbourg de continuer à faire vivre une forte culture cycliste. La mairie affirme d’ailleurs ne pas abandonner le travail engagé avec les associations de cyclistes et planche déjà sur une autre expérience, pour tenter de pacifier un peu l’usage de la chaussée, décidément conflictuel à Strasbourg. Mais après la tarification des parkings pour les vélos, cette annonce semble marquer un recul de la politique volontariste de Strasbourg quant au vélo.
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