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Au conseil municipal de Strasbourg, discordes sur les chiffres

A l’issue de vives discussions entre majorité et opposition, le compte administratif de l’année 2011 d’une part et le budget supplémentaire de 3,8 millions d’euros pour 2012 d’autre part ont été votés par le Conseil municipal de Strasbourg lundi. Les échanges ont également portés sur un quartier diplomatique à la Robertsau, l’aménagement de l’Ancienne Douane et sur le GCO.

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Le conseil municipal du 8 décembre 2011. (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

La majorité PS s’est gargarisée, lors du conseil municipal de lundi 18 juin, de la « prouesse d’avoir réussi à réduire l’endettement » durant l’année 2011, passant de 151 millions en 2010 à 136 millions en 2011. Elle rappelle que pour la première fois depuis 2008, les dépenses de fonctionnement ont baissé de 0,7%. Cela représente 2,5 millions d’euros épargnés grâce à des efforts de gestion, comme la très mise en avant diminution de 11% des dépenses de réception. Ils ont été redistribués dans la section des investissements. Mais pour le conseiller municipal du groupe « UMP, Gauche moderne et indépendants » Marc Merger, « cette baisse n’aura été que symbolique et insuffisante ».

Autre sujet de discorde : le devenir d’une recette exceptionnelle perçue en 2011 par la municipalité. D’un montant de 61,5 millions d’euros, elle est due à la privatisation de la filiale de distribution de gaz de la ville, Enerest. Elle a été vendue l’année dernière à Électricité de Strasbourg, ES énergies, tandis que la ville conservait la filiale d’approvisionnement en gaz. Selon Alain Fontanel, adjoint au maire en charge des finances, ces 61,5 millions d’euros ont été attribués à la réduction de la dette du budget d’investissement 2012.

Eric Schultz, président du groupe des élus écologistes. (Photo PF)

La droite veut plus de dépenses d’investissements

En réponse à ces dispositions que Roland Ries et Alain Fontanel justifient par la volonté de réduire la dette de la Ville, l’opposition municipale s’est livrée à une petite leçon d’économie sur les bien-fondés de l’investissement. « Cette cagnotte aurait pu servir de levier » pour des projets d’investissements et créer « un véritable relais de croissance » a plaidé Marc Merger. Fabienne Keller, conseillère municipale du même groupe, a, quant à elle, rappelé que les efforts d’investissement doivent être utiles au tissu des petites et moyennes entreprises strasbourgeoises et les emplois qu’elles créent, eux-mêmes bénéfiques à l’économie de la ville. Alain Fontanel s’est dit surpris de voir que Fabienne Keller s’était nouvellement « convertie au keynésianisme » et a ajouté :

« Que n’aurait-on pas entendu de la part de l’opposition si nous avions utilisé cet argent pour financer un nouveau projet ? On nous aurait traités de dépensiers. »

Là semble être toute la difficulté de la majorité municipale, qui a dû également justifier les 3,8 millions du budget supplémentaire voté lundi. Parmi les postes nécessitant des crédits supplémentaires, le budget du Marché de Noël (+ 200 000 euros… en juin) a étonné la conseillère socialiste Chantal Augé qui a demandé des compléments d’information à Alain Fontanel. Celui-ci a précisé :

« Les dépenses concernant le marché de Noël sont chaque année réparties entre budget primaire et le budget supplémentaire. […] Je vous invite à vérifier, le budget du marché de Noël est particulièrement transparent. »

Particulièrement transparent ? L’ambiguïté de l’expression a fait illico le bonheur des conseillers UMP qui ont sauté sur l’occasion pour rire franchement. Le très en forme Pascal Mangin, du groupe UMP, Gauche moderne et indépendants, a demandé :

« Si le budget du marché de Noël est particulièrement transparent, faut-il comprendre que les autres le sont moins ? »

Un quartier diplomatique à la Robertsau

Le terrain où pourrait être construit un consulat de la République populaire de Chine (doc Google)

A l’occasion d’une vente d’un terrain de la Ville à la République populaire de Chine, Roland Ries a confirmé qu’il verrait bien se constituer un quartier diplomatique, composé de consulats et d’ambassades à la Robertsau, dans le secteur de la rue de la Carpe Haute. Pour l’opposition, qui était représentée cette fois par Robert Grossmann, ancien maire délégué de Strasbourg, l’intention est louable mais :

« Des problèmes de circulation très importants vont se poser, car la rue de la Carpe Haute est étroite et que le secteur est très mal desservi. On peut s’attendre à voir se créer des bouchons à la Robertsau car les Consulats sont des lieux très fréquentés par les nationaux des pays représentés. »

Autre combat de l’ancien maire-délégué : l’Ancienne Douane, Robert Grossmann aurait préféré qu’un lieu de culture et d’exposition soit créé là où la municipalité envisage d’installer un marché aux produits frais locaux (voir notre article de lundi). Il a bien tenté d’appeler les « cultureux de gauche » à « voter en faveur de la culture », son envolée lyrique n’a pas ému le coeur des socialistes du conseil et le projet de la municipalité a été adopté.

Chantal Augé trouve l’opération Seegmuller risquée

L’ancienne adjointe aux marchés publics Chantal Augé a demandé au maire des précisions quant au projet de réaménagement du Môle Seegmuller, dans le quartier Malraux. Il est question de rénover cet ancien bâtiment, pour y installer notamment des bureaux dédiés à l’économie numérique et créative. Mais pour Chantal Augé, ce projet expose trop les finances publiques :

« Pour la CUS, on parle d’une mise de fonds de 5,7M€ pour 2000 m² de surfaces assimilables à des bureaux, soit 2900€ par m². Certes on est là sur un lieu emblématique mais c’est onéreux. Pour la Ville, un investissement de 545k€ dans des aménagements intérieurs complémentaires. Le promoteur de l’opération Seegmuller, où les collectivités investissent, et alors qu’il bénéficie d’un emplacement exceptionnel, a lui, un risque commercial atténué sur presque 20% des surfaces grâce à la vente à la CUS de ces 2000 m². La délibération ne mentionne pas les coûts de fonctionnement à la charge de la Ville : loyers, charges de copropriété, nettoyage, gardiennage, personnel de la collectivité dédié… Nous en avons besoin pour décider des dépenses d’investissement. »

Après avoir sollicité les services de la CUS, Roland Ries a répondu que le coût de fonctionnement « probable » pourrait se situer autour de 350k€ par an, dont 250k€ seront payés par les entreprises elles-mêmes.

Le Grand contournement ouest incontournable

Fabienne Keller avait déposé une interpellation sur le Grand contournement ouest (GCO), cette autoroute à péage qui était censée délester l’A35 et dont le projet de construction a été brutalement stoppé. Pour l’ancienne maire de Strasbourg, les socialistes et les écologistes sont coupables de cet avortement:

« L’une des premières décisions du nouveau gouvernement a été de proclamer la fin du GCO. L’imbroglio avec Vinci depuis deux semaines permet de former de sérieux doutes sur les réelles motivations de cette décision : les accords partisans semblent avoir davantage pesé que l’appréhension globale de l’engorgement et des besoins sociaux, économiques et environnementaux de l’agglomération strasbourgeoise. S’opposer est une chose. Formuler des alternatives crédibles au service de nos concitoyens en est une autre. C’est pourquoi notre interrogation est simple : quelle est aujourd’hui la stratégie concrète et crédible du Maire pour la respiration de notre agglomération ? »

Roland Ries a répondu lui-même à Fabienne Keller. Les transports, c’est son truc :

« C’est simple, il n’y a qu’une seule solution : c’est l’intermodalité des transports pour la pénétration dans la ville. Le GCO est une architecture routière conçue dans les années 70 que vingt années d’études diverses n’ont pas pu rendre convainquant. Ce projet n’a pas été concrétisé parce que les investisseurs n’ont jamais pu prouver sa viabilité économique. La stratégie de la CUS est détaillée dans le Plan de déplacement urbain. Ce plan vise notamment à proposer des moyens alternatifs à la voiture individuelle. Qu’il s’agisse des projets de transport urbain et plus particulièrement du tramway entre Vendenheim et Wolfisheim, de mesures d’encouragement au co-voiturage ou du travail en cours sur les flux de marchandises en ville, nous disposons de moyens diversifiés pour améliorer les transports dans l’agglomération. »

Serpent de mer de la région, le GCO devenu fantôme viendra sûrement hanter à nouveau le conseil municipal. Un projet de BTP de 756 millions d’euros ne disparaît pas comme ça…

Anna Cuxac
Pierre France 


#Conseil municipal

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